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Débat de dernière minute au Beaujolais & covoiturage : comment le camp juppéiste compte rattraper l'expérience des militants sarkozystes pour déplacer les foules dimanche
©Thomas SAMSON / AFP

Vieilles ficelles

Certains fantasmes ont la peau dure et les concurrents de Nicolas Sarkozy craignent que les équipes de l'ancien Président soient tentées de forcer la main des électeurs. Mais pour l'instant, sur le terrain, l'ambiance reste cordiale. Même en PACA, les militants semblent soucieux de préserver le rassemblement post primaire.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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Avant ça se passait comme ça. Lorsqu'une élection de la plus haute importance approchait, les militants se déployaient dans les maisons de retraite et gentiment, très gentiment, demandaient aux pensionnaires, émus par tant d'égards : "aimeriez vous que nous vous transportions dimanche pour aller voter ?". Et ainsi, pendant des années, grâce à quelques bus affrétés pour l'occasion, certains candidats faisait le plein de voix. Aujourd’hui, les temps ont changé. L'argent ne coule plus à flot. Les caisses des partis politiques comme celles des élus, sont vides. Pourtant les fantasques courent toujours.

Il y a quelques jours, un proche de François Hollande, qui rêve de voir Nicolas Sarkozy vainqueur de la primaire, relayait cette rumeur : "il est sous-estimé dans les sondages car ses soutiens vont mobiliser plus que prévu. Dans le sud, des gars comme Estrosi ou Ciotti savent faire. Ils ont du métier. Les bus vont sillonner la région et ils vont aussi envoyer des gars dans les cages d'escalier pour faire voter pour Sarko". Dans le camp Juppé, jeudi, un cadre parisien se disait, lui aussi, un peu inquiet : "les sarkozystes ont beaucoup d'expérience, nous, nous avons recruté de nombreuses personnes qui n'ont jamais fait de politique, ce sont un peu des enfants de cœur". Entendez, ils ne sont pas rompus aux bonnes vieilles ficelles électorales. Alain Juppé doit-il vraiment craindre l'expérience militante des équipes adverses ? Les sarkozystes risquent-ils, comme le pensent certains, de flirter avec la légalité ?

En région PACA, les soutiens d'Alain Juppé sont sereins. "Ça n'a pas été simple de faire campagne, de tracter ou de faire des réunions publiques en terres sarkozistes. Mais je ne vois pas les soutiens de Nicolas Sarkozy affréter des bus pour amener les personnes âgées dans les bureaux de vote, ils n'iront pas jusque là", affirme Alexandra Borchio, conseillère municipale d'Antibes, soutien d'Alain Juppé et membre du comité local d'organisation de la primaire. Bertrand Louveau, responsable du comité de soutien d'Alain Juppé dans l'Ouest Var, confirme qu'il n'a pas été facile de faire campagne : "Il y a ici une radicalisation de l'électorat, et nous avons eu souvent à affronter une forme d’incompréhension, voire de violence verbale, de la part des électeurs", reconnaît-il tout en affirmant que les choses, dimanche devaient bien se passer.

Au QG d'Alain Juppé, même sérénité teintée de vigilance : "Je tiens quand-même à rappeler que le transport groupé d'électeurs ou le fait d'accompagner les gens dans les isoloirs est interdit. Ce sont des méthodes des années 60 et je ne veux pas croire qu'une équipe se laisse aller à ce genre de chose. Ça fait partie des possibles mais aussi des fantasmes", explique un proche du maire de Bordeaux qui ajoute "les responsables des bureaux de vote devront être extrêmement vigilants et faire immédiatement remonter d'éventuelles dérives à la Haute Autorité". A Bordeaux, l'un de ces responsable se marre : "Ici les sarkozystes semblent être sages... enfin je ne suis pas sûr qu'ils ne nous cachent pas des choses... mais si des bus arrivent dans les bureaux de vote, on les verra je vous le dis". Les militants de terrain veulent, visiblement, prendre du recul et jouer l'apaisement. "L’atmosphère dans les bureaux de vote doit être la plus sereine et la plus amicale possible car après le 27 nous allons tous devoir soutenir le même candidat", souligne Bertrand Louveau.

Mais si les militants juppéistes sont, selon le mot de l'un des conseillers du maire de Bordeaux, "des enfants de cœur", ils n'en ont pas moins organisé minutieusement le vote de dimanche. Toujours convaincus qu'une large mobilisation leur sera favorable, ils ont redoublé d'imagination afin que les électeurs se rendent massivement aux urnes. "Nous avons fait un gros effort d'information de nos responsables et de nos élus", affirme un cadre parisien. Une lettre a été adressée à chaque maire de France. "Dans une période où nos concitoyens se détournent toujours davantage des urnes, nous pouvons trouver (dans cette primaire) l’occasion de les aider à renouer avec ce droit fondamental qu'est l'exercice du droit de vote", peut-on lire. Grâce à un tableau concocté par les équipes d'Alain Juppé, chaque édile peut afficher, sur la porte de sa mairie, le lieu où se trouvera le bureau de vote dans lequel devront se rendre ses administrés.

Une grande opération co-voiturage a aussi été mise en place pour ceux qui n'auraient pas les moyens de se déplacer. Un responsable co-voiturage a été nommé dans chaque département. Mais vendredi, en PACA et en Gironde, aucune demande n'était encore parvenue aux responsables des comités de soutien. Les militants juppéistes sont aussi invités à demander aux commerçants de leur ville d'afficher le jour et le lieu du vote. Il est aussi prévu qu'ils organisent un dernier débat autour... d'un verre de Beaujolais. Enfin, samedi et dimanche matin, les soutiens d'Alain Juppé auront pour mission d'appeler ou d'envoyer un SMS à tout leur carnet d'adresse afin de rappeler à leurs connaissances qu'elles doivent aller voter. "Qu'un candidat fasse appeler 3 millions d’électeurs, c'est interdit, mais ça c'est légal", affirme-t-on boulevard Raspail.

Pas de quoi rivaliser avec les bonnes vieilles méthodes des années 60 qui n'ont plus court mais, les enfants de cœurs ont été bien coachés. Une étape importante quand on sait que, dans le camp d'en face, Nicolas Sarkozy a plutôt intérêt à mobiliser les militants LR. Or, comme ancien président du parti, il dispose des fichiers. Ce qui constitue un net avantage dont ne tiennent pas compte les sondages.

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