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De retour de son opération séduction dans la Silicon Valley, le président caméléon va-t-il enfin faire ce qu'il dit ?
©Reuters

Editorial

A San Francisco, le président a câliné le chef de file des "Pigeons" et affirmé son soutien aux entreprises innovantes. Le chef de l'Etat a-t-il été touché par la grâce du néo-capitalisme ou bien s'agissait-il d'un simple coup de bluff ?

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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François Hollande vient de connaître son baptême américain comme jadis Mitterrand l’avait éprouvé. Avec une plongée dans le monde de demain, où se trouvent exaltés l’audace, la créativité, l’enthousiasme et l’optimisme. Le président français a même tenu des propos de nouveau converti, exaltant l’entreprise, déclarant sa flamme à la finance (qu’il pourfendait allègrement il y a quelques mois), en voulant ressusciter les stock-options naguère vilipendées en faveur des jeunes pousses, les start-ups, allant jusqu’à donner l’accolade au président des "Pigeons" qui n’avait pas eu de mots trop durs vis-à-vis de la politique menée depuis l’élection présidentielle.

Est-ce à dire que le président de la République a été touché par la grâce du néo-capitalisme de la Silicon Valley ? Des années à la direction du Parti socialiste lui ont appris le louvoiement, les volte-faces, le comportement du vrai caméléon.De retour à Paris, il va retrouver la France avec tous ses travers qui entravent son développement, ses interdits, ses règlements, son Urssaf, ses magistrats dépourvus de culture économique, ses chauffeurs de taxis turbulents. Bref un pays qui fonctionne tous freins serrés, par une crainte irraisonnée de l’avenir et qui ne parvient à s’entendre que pour dire non, clamer son refus.

>>>> Sur le même sujet : Mesures en faveur des entreprises : un bilan de l'efficacité réelle des annonces successives du gouvernement depuis 2012

Un pays dont la construction est en chute libre, où l’investissement recule, où seules les prévisions officielles font preuve d’un optimisme auquel personne n’ajoute de crédit, avec une croissance estimée à 0,3%, alors que pendant ce temps, la Grande-Bretagne et l’Allemagne revoient en hausse leurs perspectives respectivement à 3,4% et 1,8%, grâce au bond des investissements, les détenteurs de capitaux préférant s’orienter vers ces deux capitales, alors qu’ils boudent la France. Et ce ne sont pas les appels lancés outre-Atlantique par François Hollande qui suffiront à modifier le scepticisme et l’incrédulité des milieux d’affaires douchés par tant de mesures défavorables prises depuis dix huit mois à l’encontre du monde des affaires.

Le chef de l’Etat trouve à son retour un climat particulièrement crispé à l’égard de son dernier projet, le pacte de responsabilité. Car tous les lobbies sont à l’œuvre pour refuser les indispensables concessions sur les avantages grignotés au fil des ans et considérés comme négociables chez les autres mais pas pour eux-mêmes.

La Cour des comptes, derrière un tableau sévère des dérives de la situation française, montre néanmoins une fois de plus qu’il existe des gisements d’économies si l’on ose prendre à bras le corps certains dossiers qui sont sur la place publique souvent depuis des décennies. A condition de renoncer à la politique du rabot qui n’a jamais rien résolu et qui reflète seulement l’absence de courage politique.

Il ne sert plus à rien aujourd’hui de rassembler toutes les parties prenantes autour d’une table, car le consensus se fera seulement pour ne toucher à rien et continuer comme avant. C’est au pouvoir d’envoyer des signaux et ne pas se contenter d’incantations sans lendemain, pour indiquer qu’il existe une véritable réflexion sur les priorités et les choix à proposer au pays. Si la conversion de François Hollande n’est que de façade, alors les petits jeux stériles qui ont marqué la première partie du quinquennat reprendront de plus belle et face à l’impuissance des gouvernants à engager les réformes, les Français n’auront d’autre issue que de se défouler dans les urnes.

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