Politique
Covid-19 : Face au feu de la critique, Philippe ajuste le tir, Macron ne change rien
Les annonces d'Édouard Philippe, samedi, semblent avoir rassuré une partie de l'opinion qui réclamait ce type de mesure depuis des semaines. De son côté Emmanuel Macron continue d'endosser le rôle de chef suprême de la Nation.
Edouard Husson
Universitaire, Edouard Husson a dirigé ESCP Europe Business School de 2012 à 2014 puis a été vice-président de l’Université Paris Sciences & Lettres (PSL). Il est actuellement professeur à l’Institut Franco-Allemand d’Etudes Européennes (à l’Université de Cergy-Pontoise). Spécialiste de l’histoire de l’Allemagne et de l’Europe, il travaille en particulier sur la modernisation politique des sociétés depuis la Révolution française. Il est l’auteur d’ouvrages et de nombreux articles sur l’histoire de l’Allemagne depuis la Révolution française, l’histoire des mondialisations, l’histoire de la monnaie, l’histoire du nazisme et des autres violences de masse au XXème siècle ou l’histoire des relations internationales et des conflits contemporains. Il écrit en ce moment une biographie de Benjamin Disraëli.
Atlantico : Si l'heure n'est pas à la critique des actions du gouvernement, mais à l'union nationale, faire taire tous les avis contraires à ceux de la majorité, paraît risquer. Comment trouver le juste milieu ?
Edouard Husson : En fait, je ne suis pas d’accord avec cette idée d’union nationale comme elle nous est assenée par LREM. Si vraiment Emmanuel Macron voulait l’union sacrée, par analogie avec un temps de guerre, il fallait alors qu’Emmanuel Macron demande à Edouard Philippe de lui présenter la démission de son gouvernement et de reformer un gouvernement incluant le plus large rassemblement possible des forces politiques. Tant qu’Emmanuel Macron ne propose pas un gouvernement de rassemblement de la majorité et de l’opposition, il est compliqué pour lui de reprocher à l’opposition de faire un travail d’opposition. Je trouve d’ailleurs que l’opposition n’est pas très virulente et ne brille pas par sa clairvoyance. L’opposition s’est discréditée en refusant la bonne idée du Président, suspendre les élections municipales. Nous sommes donc dans une impasse, mauvaise pour la cohésion nationale. D’un côté un président qui joue au chef de guerre mais sans gouvernement d’union nationale. De l’autre une opposition qui n’en est pas une. Il est normal à ce moment là que le débat échappe aux politique et se judiciarise. Edouard Philippe et Olivier Véran ont tâché, dans leur conférence de presse, de rectifier le tir et de commencer à tenir compte des critiques. Mais ce n’est qu’un début. Il faudra d’ailleurs qu’on nous dise, quelle parole l’emporte, de celle du Premier ministre, qui concède que tout n’a pas été optimal. Ou du Président, droit dans ses bottes quand il s’adresse à la presse italienne.
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