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Un soldat russe devant le site de la centrale de Zaporijjia.
Un soldat russe devant le site de la centrale de Zaporijjia.
©Andrey BORODULIN / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

Face à la crise énergétique et aux conséquences de la guerre en Ukraine, il est urgent d'éviter la récession, de limiter l’inflation et de détendre le climat politique.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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J’ai commencé à lire et écouter les mesures dont la France, et l’Europe, vont faire l’objet cet hiver. On frôle à nouveau ces magnifiques mesures technocratiques, qui ont émaillé la crise du Covid. Cette année, il y aura des stations de ski, avec des remontées mécaniques, c’est déjà une grande victoire, mais il y aura quand même une nuance, il n’y aura pas de chauffage, ce qui l’hiver, à 2400m d’altitude, constitue une forme de challenge. Sportif me direz-vous ! Les pulls à col roulé vont redevenir tendance, les grand-mères vont reprendre du service et le tricot fera l’objet des vidéos les plus vues sur Tik-Tok. Vu d’ici on pourrait en rire, mais étant Français d’origine et ayant une partie de ma famille en France, tout cela me révolte un peu plus chaque jour, mais à distance.

Par ailleurs, le FMI considère que l’Europe entre en récession, avec une croissance qui s’écrase au sol. Pendant ce temps, nombre de lanceurs d’alerte crient à la FED aux USA de stopper cette montée brutale des taux, qui pour le moment ne change rien ni à l’inflation, ni à la tension sur l’emploi, qui reste au sommet (plein emploi) tout en précipitant le pays vers la récession également. Les entreprises sont freinées par le manque net de main d’œuvre, quand la France, elle, ne trouve personne pour travailler malgré un taux de chômage parmi les plus hauts d’Europe. Aux USA tout le monde travaille et personne n’est disponible, sauf violente augmentation de salaire (même si au centre des USA c’est un peu faux), mais en France les gens disponibles ne veulent pas travailler.

Au cœur du problème, la gestion du Covid, qui a brisé la supply-chain mondiale, renchérit les coûts, produit des pénuries, doublée depuis par une crise Russie-Ukraine, que personne ne souhaite traiter comme elle devrait l’être. Depuis, 80% de ceux qui augmentent leurs prix en Europe, le mettent sur le dos de l’Ukraine dont on est surpris de découvrir le nombre de produits qu’elle fabriquait pour nous. Et les mêmes, qui augmentent les prix, n’augmentent pas les salaires, ce qui leur permet de faire des marges folles. Nombre d’acteurs économiques, à commencer par les pétroliers, se « gavent » pendant que les Européens s’enlisent, mais également l’État, qui touche des taxes de plus en plus fortes, sur un prix qui reste très haut malgré un prix du pétrole que l’on a connu bien plus haut dans les 3 dernières années. On va taxer les superprofits des entreprises, mais pas la démagogie Étatique, ce qui est dommage, car cela rapporterait bien plus ! 

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On pourrait donc penser que tout le monde n’aurait qu’une obsession, à savoir mettre fin au conflit. Et bien non, chacun n’a qu’une obsession, gagner la guerre à tous prix, face à la Russie. La vie humaine qui semblait l’alpha et l’oméga de la politique Française et Européenne pendant le Covid, est reléguée au second rang en ce qui concerne l’Ukraine. Les Ukrainiens (et certains Russes) peuvent bien mourir, ce qui est important c’est la victoire. Vérité d’un jour, paradoxe du suivant. L’obsession de la vie humaine, à géométrie variable. Le fait que ce ne soit « que » des Ukrainiens ou de « méchants Russes », explique peut-être cela. Les USA, qui gagnent beaucoup d’argent et en gagneront encore plus demain lors de la reconstruction, tiennent à ce que la guerre dure. L’Europe, qui n’y gagnera rien, a l’énergie des perdants qui cherchent une petite victoire de temps à autre, pour justifier son existence. Et la Président Ukrainiens gère des dons croissants, depuis ses victoires récentes, des dons qui inondent son pays, mais personne ne sait ce qu’ils deviennent. En fait, on le sait tout à fait, mais c’est une autre histoire… 

A mon sens, la seule solution serait de stopper la guerre, laisser à Poutine les territoires annexés et reprendre un cours de la vie normal. Éviter la récession, l’inflation, détendre le climat politique et se concentrer sur les vrais enjeux du monde, afin d’éviter que les populistes de tous poils, emportent toutes les futures élections disponibles. Mais si je dis cela, je contrarie le prêt à penser « main stream » et je passe du statut d’ex-complotiste du Covid au qualificatif de pro-Poutine, alors que je ne suis, ni n’ai jamais été, ni l’un, ni l’autre. 

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Aux USA, le prix à la pompe a encore baissé cette semaine et personne ne parle de restriction cet hiver. L’Ukraine ne passionne pas la presse, à part CNN. Business as usual. En France, on va se servir des compteurs connectés pour dénoncer celui qui voudra se chauffer au-delà de ce que le polit-buro aura considéré comme normal, un peu comme nous le diktat Covid, quand on vous expliquait à quelle heure courir ou à quelle distance on pouvait voyager. On va tenter de sauver les PME en leur évitant de subir un triplement du prix de leur énergie, après avoir pour nombre d’entre elles, mis la clé sous la porte pendant le covid. Mme Hidalgo va certainement imposer les voitures à pédales sur le périph. Bref, un concert de mesures brillantes, au lieu de mettre simplement fin à ce conflit. Parmi les mesures « miracles », le télétravail, qui devient la nouvelle marotte du gouvernement, qui lui trouve tant de vertus, alors qu’il ne fait que déplacer les problèmes et en créer tant d’autres. 

La France est pourtant encore riche. La business class d’Air France, franchit chaque jour des tarifs proche de l’usure, plus de 6000€ certains jours sur les vols transatlantiques. Et il ne reste aucune place. Il semble que chacun soit prêt à payer n’importe quoi pour quitter l’Europe, ne serait-ce que 10 jours. New York est bourré à craquer de touristes et Miami se prépare à une nouvelle déferlante en novembre et décembre. La crise n’est pas pour tout le monde. 

Un vieux proverbe, plein de bon sens, a toujours recommandé de se couper un bras, plutôt que d’y laisser le corps. Il semble que le bon sens ne soit plus de mise quand on parle de crise en Ukraine. C’est bien dommage. Nous allons bientôt voir, à l’heure du développement durable, de quel charbon l’Europe se chauffe. Pathétique.

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