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Coronavirus : est-il vraiment irresponsable de chercher des responsables ?
©ludovic MARIN / POOL / AFP

Justice et lynchage

La chasse à l’homme est une activité très malsaine. Mais tel n’est pas le cas de la recherche sereine des responsabilités de ceux qui nous gouvernent.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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La France vit actuellement une grande peur. Elle donne naissance à des phénomènes erratiques et dangereux. Le lynchage n’est pas la justice. Il convient donc de séparer le bon grain de l’ivraie.

De toute part pleuvent sur les gouvernants des accusations. Impréparation, amateurisme, pénurie de masques, manque de kits de dépistage. Ces reproches prennent parfois un aspect hystérique. Ce qui ne veut pas dire qu’ils ne sont pas fondés.

Macron s’en est inquiété : « faire des procès alors que la guerre n’est pas finie est irresponsable ». Mais comme il est juge et partie on tiendra son avis pour négligeable. En revanche on s’intéressera à celui d’Alain Finkielkraut qu’on ne peut pas accuser de partialité. Le philosophe semble aller dans le sens de Macron.

Il se désole : « pour compliquer la tâche des gouvernants, on fait d’eux des boucs émissaires de nos peurs primaires ». Finkielkraut est sans conteste le plus intelligent de nos penseurs. Presque toujours il voit juste. Il lui arrive quand même de se tromper. A sa décharge on dira qu’il a étudié de près la figure du bouc émissaire. Il sait que ses ancêtres ont été obligés de se munir d’une crécelle car on les voyait comme des porteurs de maladies…

Comme, selon Macron, nous sommes en guerre rappelons au chef de l’Etat le sort des généraux qui essuyaient une défaite. On les limogeait pour les remplacer par d’autres chefs. Ce n’était que justice et ce n’était pas un lynchage.

Si un barrage cède sous l’effet d’une crue brutale et imprévisible une enquête est aussitôt ouverte pour déterminer si oui ou non ses constructeurs ont bien fait leur travail. Quand un immeuble s’écroule ses architectes sont convoqués par des juges soucieux d’examiner s’ils ont, en le construisant, respectés les normes de sécurité.

Dans ces cas, on ne cherche pas des coupables mais des responsables. Les familles de ceux qui sont morts emportés par les eaux ou écrasés par les pierres de l’immeuble effondré veulent savoir. Il est bien naturel qu’il en soit ainsi.

Nous laissons le dernier mot à François Patriat, le patron des sénateurs LREM. Il est, peut-on penser, dévoué à Macron. Mais il reste lucide. « Nous serons jugés sur le corona », a-t-il déclaré. En accord avec lui jugeons alors et ne lynchons pas. 

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