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Comment le Parti socialiste est devenu une association féministe et antiraciste comme les autres
©Reuters

Adios !

La parti a appelé à manifester contre la loi anti-IVG du gouvernement espagnol. Un bide (sans jeu de mots).

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Cela s’est passé devant l’ambassade d’Espagne à Paris. Une manif pour protester contre les restrictions draconiennes apportées par le gouvernement de ce pays à la possibilité pour les femmes espagnoles de recourir à l’IVG. Six associations féministes avaient appelé à protester contre ce retour en arrière. Cinq d’entre elles sont dûment enregistrées et répertoriées en tant que telles. La sixième, qui compte des centaines milliers d’adhérents, de militants et de sympathisants était plus connue jusqu’à maintenant sous le nom de Parti Socialiste.

A l’arrivée, d’après les témoins, une centaine de personnes ! Vu l’aspect groupusculaire du rassemblement les services de Manuel Valls se sont abstenus de donner un chiffre. Voilà qui en dit long sur les capacités de mobilisation du PS. Et voilà aussi qui en dit long sur le destin de ce parti suicidairement engagé sur une voie de garage associative. Sur sa tombe on mettra sans doute un jour l’épitaphe suivante : "Ci-gît le PS qui fut grand et péri victime d’une IVP (Interruption Volontaire de Projet)".

Certes tout un chacun (et moi le premier) est libre de trouver néfaste le projet de loi espagnol. Mais tout un chacun (et moi le premier) est fondé à penser que le PS à mieux à faire que d’envoyer trois pelés et un tondu devant l’ambassade d’Espagne. Si ce parti cherche des occasions de manifester vraiment pour quelque chose, elles n’ont pas manqué ces derniers temps.

A-t-il envoyé ses troupes boulevard Lannes devant l’ambassade de Russie protester contre les lois réputées homophobes promulguées à Moscou ? Non, car Poutine comparé à Rajoy, le Premier ministre espagnol ce n’est pas de la gnognote… A-t-il mobilisé devant l’ambassade de Syrie pour crier son dégoût de Bachar El Assad, un assassin particulièrement expérimenté ? Non… A-t-il manifesté devant l’ambassade de la République Démocratique du Congo (RDC) où les troupes gouvernementales ont, comme les rebelles, commis des centaines de milliers de viols ? Non… On peut le comprendre. En effet, il ne sait pas si Poutine, Bachar El Assad et le Président de la RDC sont de gauche ou de droite. Mais pour Rajoy il sait.

De façon plus générale le PS, parti de gouvernement quand même, est depuis un certain temps orphelin de toutes idées et projets. Lui connait-on une vision pour la France autre que celle de tenir jusqu’en 2017 ? A-t-il une idée de ce qu’il faut faire pour trouver des solutions à un chômage désespérant plutôt que de compter, résigné, le nombre de chômeurs qui va croissant et de répéter, sans conviction, qu’il y en a moins ? A-t-il un programme pour mettre fin à une insupportable et violente délinquance qui soustrait certains quartiers de nos villes à la loi commune (Manuel Valls en a un mais il paraît qu’il n’est pas socialiste) ? A-t-il encore des convictions fortes qui l’empêcheraient d’aller faire sans cesse la danse du ventre devant un groupuscule nommé EELV ?

Ceux qui trouveraient anecdotique l’appel du PS à manifester devant l’ambassade d’Espagne sont dans l’erreur. Il est le révélateur de quelque chose de plus profond et de plus grave. Une perte d’âme, de courage et de sens politique. Ce parti fut celui de Jaurès, de Léon Blum, de Mitterrand et de Jospin (oui de Jospin !). Aujourd’hui c’est le parti de qui ? De quoi ? Le PS n’est pas encore un groupuscule mais il en a tous les travers étriqués. Le PS n’est pas encore tout à fait une association, féministe ou autre, mais il en a déjà la mentalité. Au train où vont les choses (et la "manif" anti Rajoy en dessine les contours grandioses) le prochain meeting du parti d’Harlem Désir – son nom m’est revenu – se tiendra dans une cabine téléphonique.

A lire du même auteur : Le gauchisme, maladie sénile du communisme, Benoît Rayski, (Atlantico éditions), 2013. Vous pouvez acheter ce livre sur Atlantico Editions.

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