Comment et où DSK pourrait revenir à un poste star<!-- --> | Atlantico.fr
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L'ancien patron du FMI s'est exprimé sur la chaîne américaine CNN.
L'ancien patron du FMI s'est exprimé sur la chaîne américaine CNN.
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Boule de cristal

Depuis plusieurs semaines DSK revient doucement : montée des marches à Cannes, entrevue avec les sénateurs et dernièrement interview à CNN. L'ancien patron du FMI montre des signes de retour aux contours incertains.

Philippe Braud

Philippe Braud

Philippe Braud est un politologue français, spécialiste de sociologie politique. Il est Visiting Professor à l'Université de Princeton et professeur émérite à Sciences-Po Paris.

Il est notamment l'auteur de Petit traité des émotions, sentiments et passions politiques, (Armand Colin, 2007) et du Dictionnaire de de Gaulle (Le grand livre du mois, 2006).

 

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L'ancien patron du FMI s'est exprimé sur la chaîne américaine CNN. Dans cet entretien, il met en avant sa position de victime, il dénonce la mise en scène de son arrestation dans l'affaire du Sofitel de New-York. L'affaire juridique du Sofitel s'est officiellement terminée le 10 décembre 2012 grâce à l'accord financier fixé avec Nafissatou Diallo. L'entretien à CNN est-il une façon pour DSK de clôturer définitivement l'affaire du Sofitel, médiatiquement parlant ?

Cet entretien fait partie d’un plan plus large en vue d’explorer les moyens de revenir dans le jeu politique. Mais il a aussi une dimension très personnelle : laver ce qu’il considère comme un affront, sauver la face. Dans ce type de situation, se présenter comme victime est comme toujours la meilleure stratégie possible. Un non-lieu, fondé non pas sur l’absence de matérialité des faits mais sur la difficulté d’obtenir l’unanimité d’un jury, est évidemment une aubaine pour tout prédateur peu soucieux de la souffrance infligée à autrui, encore moins s’il s’agit d’une "domestique".

Il y a quelques semaines, il était au Sénat pour donner des conseils sur la fiscalité aux sénateurs. DSK est-il en train de mettre en place son retour en politique?

L’ancien directeur du FMI n’a renoncé à rien ; aussi est-il prêt à exploiter toutes les opportunités qui lui sont offertes. Si elles se multiplient, cela se transformera après coup en une véritable stratégie de retour. Mais pour l’instant, sa marge d’initiative demeure encore réduite ; il a besoin d’un réseau d’amis et de relations demeurés ouvertement ou secrètement solidaires.

Peut-il réellement revenir sur le devant de la scène, sachant que l'affaire du Carlton de Lille n'est pas terminée, et au vu de son passif ?

Tout dépend de ce que l’on appelle revenir sur le devant de la scène. Dans un rôle politique majeur, cela me paraît exclu. Une campagne électorale serait ravageuse en raison des "rappels" qui seraient faits de sa conduite. Et dans un poste en vue au sein du gouvernement par exemple, il redeviendrait très vite un partenaire encombrant pour ses amis. Sans parler du fait qu’il a aussi des ennemis au sein de sa famille politique, et que certains de ses ex-lieutenants, devenus des rivaux, n’ont pas nécessairement envie de lui laisser beaucoup de place. En revanche, l’idée naïve selon laquelle on pourrait sortir de la crise grâce au concours d’un expert de qualité exceptionnelle (sous-entendu comme lui) peut l’aider à décrocher une forme de consultance en vue. Mais cette solution ne peut être que sans lendemain car les clés de sortie de crise sont d’une autre nature et ne dépendent pas de l’intelligence d’un magicien de l’économie.  

Quelles sont les étapes à franchir pour qu'il réussisse son retour sur la scène politique ?

Je ne crois pas à la possibilité de ce retour, du moins au niveau auquel il voudra prétendre (au minimum comme membre du gouvernement) même si, pour des raisons psychologiques évidentes, lui-même a besoin de s’accrocher à cette perspective. Certes, les retournements de l’opinion publique peuvent ménager bien des surprises mais il s’agit ici d’une réputation personnelle qui demeure largement ternie et cette tache ne peut que nuire à celle de l’équipe à laquelle il appartiendrait. En revanche, il n’est pas exclu qu’il puisse trouver un jour une circonscription qui l’élise à la députation.

Quelles formes pourraient prendre son retour : nomination à un poste (lesquels), élection, expertises, conférences... ?

Comme conseiller économique itinérant, délivrant les bons et surtout les mauvais points à ceux qui exercent le pouvoir, il dispose d’une réelle capacité de nuisance. Ce qui lui confère déjà, et lui confèrera encore davantage, un poids politique (négatif) non négligeable. Cette influence s’exercera surtout au détriment de son ex-famille politique. Non pas qu’il puisse apporter aux experts économiques qui conseillent les gouvernements européens quelque lumière que ce soit dont ils ignoreraient l’existence, mais aux yeux du public profane, ses capacités pédagogiques et sa liberté de ton due à sa mise à l’écart des responsabilité peuvent impressionner.

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