Choc de simplification : bonnes intentions, effets réduits<!-- --> | Atlantico.fr
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Le gouvernement a présenté son choc de simplification.
Le gouvernement a présenté son choc de simplification.
©Reuters

A côté des clous

Le gouvernement a présenté son choc de simplification qui prévoit notamment une dématérialisation des tickets restaurants ou encore 1,5 milliard d'euros de suppression d'aides aux entreprises.

Leonidas Kalogeropoulos

Leonidas Kalogeropoulos

 

Léonidas Kalogeropoulos est Président du Cabinet de lobbying Médiation & Arguments qui défend la liberté d’entreprendre, l’innovation, le pluralisme et la concurrence dans les domaines de l’audiovisuel, des télécoms, du sport, d’Internet, de l’énergie, de la presse…
 
Il est le fondateur du site libertedentreprendre.com, qui milite pour l’inscription de liberté d’entreprendre dans la Constitution française et est Vice-Président du mouvement patronal Ethic. Il est également le porte-parole du collectif David contre Goliath, lanceur d'alertes concurrentielles

 

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Le gouvernement a annoncé un "choc de simplification" dont les atouts ne doivent pas être négligés. De la déclaration sociale nominative, qui permettra de réduire le nombre de déclarations administratives à une seule, en passant par la simplification des formalités d'enregistrement lors de la création d'entreprises ou la simplification du calcul du crédit d'impôt recherche, toutes ces initiatives vont dans le bon sens.

Mais la mémoire aidant, tous les responsables politiques et entrepreneuriaux ne peuvent que reconnaître que gouvernement après gouvernement, tous nos dirigeants s'accordent à progresser dans la voie d'une "simplification", concept qui bénéficie d'un consensus de sympathie qui transcende tous les clivages partisans. La cause est entendue, la direction est connue, mais cela fait plus de quinze ans que l'on avance dans cette voie salutaire, ce qui n'empêche en rien de dresser le même diagnostic pessimiste à chaque changement de majorité. Le texte fleuve adopté sous la précédente majorité parlementaire à l'initiative du député Jean- Luc Warsmann, tendant à "simplifier le droit et à alléger les démarches administratives", n'empêche en rien qu'il faille cent fois remettre l'ouvrage sur le métier.

C'est qu'en même temps que les bonnes volontés se mobilisent pour simplifier l'environnement des entreprises, la "technostructure" administrative et politique fabrique de la complexité en génération spontanée et sans vergogne. Il n'est qu'à prendre l'exemple récent du Crédit d'impôt compétitivité emploi pour se demander comment on a pu en arriver à ouvrir les guichets de la Banque publique d'investissement pour obtenir une avance sur le crédit d'impôt dont on bénéficiera en fin d'année correspondant aux allégements de charges sur l'année écoulée... Le tout au lieu de baisser les charges..  Et on veut simplifier en parallèle, en espérant que les entreprises vont retrouver de l'agilité ? À quoi sert de remplacer les boulets administratifs d'hier, si c'est pour en produire de nouveaux tous les matins ?

L'exemple du Code du travail est tout aussi instructif. Il est passé de 400 grammes en 1980 à 1,45 kilo aujourd'hui. Et les entreprises doivent se débattre pour créer des emplois et faire reculer le chômage avec cette enclume vissée aux pieds. Pas un seul de nos responsables politiques (ou syndicaux) n'ignore ou ne conteste cette réalité. Mais s'y attaquer est autrement plus compliqué que de faciliter l'accès aux tickets restaurants ou d'alléger le formalisme comptable des TPE.

Alors oui, la direction est la bonne et tous les efforts sont louables. Mais il ne faudra pas reprocher aux chefs d'entreprises de considérer que la méthode est homéopathique, et que tant que l'Etat ne se donnera pas pour objectif de réduire sa place dans la vie économique pour laisser plus de place à la liberté entrepreneuriale, tous ces efforts successifs seront ceux d'un Sisyphe appelé à vouloir réparer par à-coups successifs les effets pervers de ses propres turpitudes. Tant que notre droite et notre gauche - parce que les deux options existent - ne se seront pas réconciliées avec le concept de "libéralisme", notre pays sera malheureusement condamné à vouloir corriger tous les jours les effets pervers de l'interventionnisme de l'Etat, qui est de tous les instants. Alors, en attendant un "choc libéral", simplifions donc encore un peu, ce sera toujours un petit pas utile dans la bonne direction.

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