Chiffres calamiteux dans le bâtiment: le symptôme d’une économie française qui plonge<!-- --> | Atlantico.fr
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Pour le 4e trimestre d’affilée les artisans du bâtiment ont enregistré un recul de leur volume d’activité.
Pour le 4e trimestre d’affilée les artisans du bâtiment ont enregistré un recul de leur volume d’activité.
©Reuters

Maisons de paille

Pour le 4e trimestre d’affilée, les artisans du bâtiment ont enregistré un recul de leur volume d’activité, avec une baisse de 3% entre le 1er trimestre 2012 et le 1er trimestre 2013 (chiffres de la Capeb). Tous les métiers enregistrent une baisse, notamment la maçonnerie (-4%).

André Fourçans

André Fourçans

André Fourçans est professeur d'économie à l'Essec. Il a aussi enseigné dans deux universités américaines ainsi qu’à l’Institut d’études politiques de Paris.

Il est l'auteur de plusieurs ouvrages de vulgarisation économique dont Les secrets de la prospérité - l’économie expliquée à ma fille 2, Seuil, 2011.

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Atlantico : Selon la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb), pour le 4e trimestre d’affilée les artisans du bâtiment ont enregistré un recul de leur volume d’activité, avec une baisse de 3% entre le 1er trimestre 2012 et le 1er trimestre 2013. Tous les métiers enregistrent une baisse, notamment la maçonnerie (-4%), à cause d’une chute de -6% dans le neuf, et de -1,5% en entretien-rénovation. L’embauche devrait reculer de 11%. Dans quelle mesure la situation du secteur s’est-elle aggravée ? Faut-il s’inquiéter ?

André Fourçans : Si l’on regarde uniquement le secteur du bâtiment et que l’on considère que dans les autres il n’y a pas augmentation suffisante de la production et de l’emploi pour compenser ces baisses, en effet cela impliquerait une croissance et un emploi plus faible qu’ils ne le seraient autrement. Tout dépend de ce qui se passe dans les autres secteurs. C’est une erreur, que de regarder seulement un secteur ou deux pour juger de la situation économique générale.

On connaît l’adage sans forcément savoir quelle valeur lui accorder : « quand le bâtiment va, tout va ». Quel crédit accorder à cette expression ? Quels sont ses fondements économiques ? A-t-on des exemples récents venant l’accréditer ?

Ce n’est pas sans rappeler la fameuse phrase qu’avait utilisé aux Etats-Unis le président de General Motors : "ce qui est bon pour Genaral Motors est bon pour l’Amérique". C’est exactement la même idée : on regarde un secteur, et si tout va bien on en déduit que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. C’est une erreur.

Il peut s’avérer que le secteur en question représente une grande proportion de la production de l’ensemble de l’économie. Il est donc vrai qu’à court terme, cela a un impact sur l’évolution globale. Mais pour étudier sur la durée, de façon profonde et correcte, comment évolue l’économie, il faut regarder son ensemble, et non un secteur plutôt qu’un autre.

Si le bâtiment va bien et par ailleurs l’automobile ou les services se cassent la figure, l’économie en général ne se portera pas bien. Regarder un seul secteur revient à regarder du coin de l’œil plutôt que s’intéresser à l’ensemble du paysage. Les macro-économistes regardent cet ensemble.

La baisse d’activité actuelle est-elle le reflet, le témoin d’une économie nationale morose, ou est-elle le signe avant-coureur d’une aggravation ? Est-elle une conséquence ou un accélérateur de la chute de l’activité économique d’un pays ?

Elle est en partie le reflet de la situation économique générale, et en partie de caractéristiques propres au marché du bâtiment. La situation générale n’est pas brillante, donc à partir du moment où les agents économiques anticipent la stagnation, la hausse répétée des impôts, les difficultés de remboursement de la dette publique... cela aura des conséquences sur leur propre consommation, leur investissement et leur épargne. Ils passeront moins commande auprès du secteur du bâtiment. Par exemple, ils demanderont moins de logements, les entreprises investiront moins dans des bâtiments commerciaux... L’état général influe sur l’état particulier du secteur.

La crise « aidant », des ajustements qui ne se sont pas faits au fil des ans commencent à se faire maintenant, de façon plus apparente. Les agents économiques n’auront plus les moyens qu’ils pouvaient avoir auparavant pour ajuster leurs propres logements, leurs maisons, ce qui se ressent sur le secteur du bâtiment. C’est lié à l’économie en général, et sans doute aussi à une incertitude quant à la réglementation des loyers et aux contraintes pesant sur les différents secteurs. Ce n’est pas fait pour stimuler la demande d’appartements, même si les taux d’intérêt sont faibles. L’incertitude liée à tout cela est tellement grande que les ménages et les entreprises attendent de voir ce qui se passe. Wait and see !

A-t-on des projections en la matière ? Est-il possible d’émettre des pronostics quant à un possible retour des commandes à moyen terme ?

« Il est toujours difficile de faire des prévisions, surtout lorsqu’elles concernent l’avenir », disait Pierre Dac. Nous sommes dans une période tellement troublée, tellement incertaine, que les attitudes sont figées : on ne veut plus investir ni consommer ; on n’a rien d’autre à faire qu’épargner. L’attentisme est général, et par conséquent la stagnation règne.

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