Capitalisme prédateur : stop à ces rémunérations qui sont des bombes sociales !<!-- --> | Atlantico.fr
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Il ne faudrait pas, en effet, confondre le capitalisme entrepreneurial, qui met son capital au service de l’entreprise et donc de la société, avec le capitalisme mercenaire.
Il ne faudrait pas, en effet, confondre le capitalisme entrepreneurial, qui met son capital au service de l’entreprise et donc de la société, avec le capitalisme mercenaire.
©Reuters

Bon sens...

La question des rémunérations supérieures à 1 million d’euros et leur taxation à 75% fait débat. Il ne faut toutefois pas occulter que le salaire démesuré des grands patrons du CAC 40 crée un climat social délétère dans l’entreprise, et condamne le capitalisme vertueux.

Jean-Luc Schaffhauser

Jean-Luc Schaffhauser

Jean-Luc Schaffhauser est ancien député européen apparenté RN.

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La question des rémunérations supérieures à 1 million d’euros et leur taxation à 75% fait débat. Elle ne devrait pas pour les rémunérations tirées de l’entreprise dans le cadre d’un capitalisme responsable. Il ne faudrait pas, en effet, confondre le capitalisme entrepreneurial, qui met son capital au service de l’entreprise et donc de la société, avec le capitalisme mercenaire. En effet, ce dernier extrait, au contraire, d’une entreprise qui n’est pas la sienne, un capital sans vouloir le réinvestir dans une entreprise, mais simplement pour consommer et finir rentier.

Le simple bon sens nous fait comprendre que passé le seuil d’une rémunération (de 20 à 40 fois le salaire minimum disait Henry Ford), la rémunération a une dimension sociale. Autrement dit, le surplus de cette rémunération n’appartient pas à son ‘’propriétaire’’, il n’en a que l’usufruit ; il doit le remettre dans le circuit économique, le réinvestir pour partager une richesse qui n’est pas la sienne car elle est issue d’un processus individuel mais aussi collectif. Si la prospérité arrive dans les mains des véritables entrepreneurs, ils savent qu’ils doivent en faire un meilleur usage que ne saurait le faire la collectivité sinon le collectivisme a toute sa raison d’être contre le capitalisme.

C’est ça le véritable capitalisme entrepreneurial, et c’est ce qui justifie son succès face au collectivisme. Il est plus humain car il met la liberté et la responsabilité au service des autres. Mais si le capitalisme finit dans l’individualisme irresponsable, si la société à responsabilité limitée devient une société à irresponsabilité illimitée, tout aussi irresponsable que ne l’est le collectivisme avec la fraude et le crime financier, il faut alors le réguler, le sanctionner. C’est bien connu quand on dépasse les bornes, il n’y a plus de limites. Certains patrons dépassent les bornes, et il est grand temps de les rappeler sur terre, de siffler la fin de la récréation !

Plusieurs entrepreneurs issus d’un véritable capitalisme d’entreprise ont créé plusieurs milliers d’emplois, il ne leur viendrait pas l’idée de s’octroyer des salaires ou des rémunérations autour d’1 million d’euros par mois comme le font les patrons du CAC 40. Ceux-ci profitent le plus souvent d’un pantouflage dans une entreprise, autrefois nationale, pour devenir de faux ‘"capitalistes". En tirant leur capital de l’entreprise, ils ont, répétons-le, une démarche inverse à celle du véritable entrepreneur et patron d’entreprise, qui lui met le capital et les revenus du capital dans l’entreprise.

Les rémunérations des patrons du CAC 40 sont, en outre, des bombes sociales. Ce sont des rémunérations qui font renaître, la lutte des classes bien plus que ne saurait le faire le talent des gauchistes. Elles créent un climat social délétère dans l’entreprise ou les responsables cherchent, dans les faits, par leur rémunération, à se couper du reste de leurs salariés et donc de l’entreprise. Le chef d’entreprise n’est plus alors considéré comme travaillant pour des personnes concrètes qui font une société mais pour le capital et pour son capital. Il se paye sur la bête, quitte à la tuer pour mieux la dépecer et chercher ensuite d’autres proies. Le capitalisme mercenaire est un capitalisme prédateur.

Ce capitalisme prédateur n’a que faire de l’entreprise, qu’il quitte d’ailleurs avec un parachute doré lors d’une déconfiture due à son incurie. Ce capitalisme est irresponsable et il demande à ses salariés d’être responsables, en fait il n’a que faire de ses salariés français. Il met d’ailleurs le salarié chinois en concurrence avec le salarié français, et il s’en fait gloire. Alors l’entreprise, dans ces conditions est déjà condamnée, ce n’est qu’une question de temps ! Ce capitalisme est vomi par la société, il n’a aucune chance de survie et il sera demandé des comptes à ceux qui le pratiquent par la société qu’il traite avec morgue !

Le capitalisme prédateur tue le capitalisme entrepreneurial aussi rapidement et sûrement que le collectivisme a pu le faire. Il est une sangsue qui inocule, en outre, un virus mortel pour l’avenir du véritable capitalisme : il fait croire, en effet, que la cupidité est le véritable carburant du chef d’entreprise. Le capitalisme prédateur fera ainsi s’éloigner de l’entreprise, de la vraie entreprise, les talents futurs de ceux qui aiment l’aventure humaine et rendre service par l’entreprise.

Contrairement aux finalités de rente du capitalisme prédateur, les véritables chefs d’entreprises pourraient vivre largement de leur rente s’ils vendaient leurs entreprises, mais ils n’y tiennent pas. Leur entreprise, c’est leur vie, et ils souhaitent qu’elle se poursuive à leur mort avec le même esprit qu’ils cherchent à donner aux héritiers et aux salariés. Dans ce sens, ce capitalisme cherche à distribuer une partie importante du capital à ses salariés pour bien montrer que le travail et le capital ne font qu’un. Ces véritables entrepreneurs n’ont pas entrepris pour devenir riches. Leur richesse est venue en plus, plus tard. Elle ne leur fait, d’ailleurs, ni chaud ni froid, ils ne la montrent pas parce qu’ils continuent à investir tout ce qu’ils ne dépensent pas, mis à part leurs besoins de bourgeois de 15 à 20 fois le SMIC. Ce capitalisme-là a de l’avenir, la société le demande et les pouvoirs publics doivent le soutenir. Pour cela, il s’agit avant tout de le distinguer bien de sa perversion : le capitalisme prédateur !

Il est donc tout à fait normal que l’État taxe les rémunérations supérieures à 1 million d'euros à 75%. Il avait même été proposé, dans le cadre des travaux du CAPEC (Crises – Analyses – Propositions – Expérimentations – Communication), qu’elles soient taxées à 90% comme Franklin Roosevelt l’avait fait pour bien distinguer le capitalisme entrepreneurial du capitalisme prédateur.

Mais comme nous savons d’expérience que l’État ne fera pas forcément un meilleur usage de cet argent qui servira d’ailleurs, en l’état, à combler des déficits, en ne créant donc aucune richesse, il faudra laisser à la personne imposée un libre choix : soit elle donne à l’État ce sur-impôt, soit elle l’investit dans l’économie du pays par le capital risque ou le capital développement, ou encore en souscrivant à des obligations de projet d’intérêt général d’investissement rentable. Il avait également été proposé par le CAPEC, dans ce cadre, des fonds régionaux d’innovation et de développement autour de la Caisse des Dépôts ou d’Oséo (Organisme de financement de l'innovation et de la croissance des PME). Bref, il s’agit de réinjecter cet argent dans l’économie pour une longue durée de 5 à 10 ans. A la sortie, les plus-values seront taxées forfaitairement selon l’ancienne tranche.

Pour les professions libérales, il faudra évidemment lisser les rémunérations sur plusieurs années, au moins 5 ans, car on peut faire une bonne année et ne rien gagner les années suivantes dans certains métiers.

En ce qui concerne les délocalisations des rémunérations, si les personnes imposées vivent en France, la loi les oblige de déclarer toutes les rémunérations même celles perçues à l’étranger… Sinon, il s’agit de vol qui sera sanctionné évidemment plus lourdement que le vol du nécessiteux !

Pour ce qui concerne l’évasion fiscale, il suffira de taxer à la base les rémunérations comme savent le faire les Suisses pour leurs autochtones, même s’ils réservent des faveurs fiscales aux étrangers...

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