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Qui se souvient qu'en 1940, en pleine débacle, certains avaient imaginé une fusion totale franco-anglaise ?
Qui se souvient qu'en 1940, en pleine débacle, certains avaient imaginé une fusion totale franco-anglaise ?
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Elections cantonales

Les conseillers généraux élus le 27 mars seront remplacés en 2014 par les conseillers territoriaux, dans le cadre de la réforme des collectivités territoriales. Une façon de simplifier le mille-feuille administratif français. Pourtant, la situation est bien plus compliquée au Royaume-Uni.

Bruno Bernard

Bruno Bernard

Anciennement Arthur Young.
Ancien conseiller politique à l'Ambassade de Grande-Bretagne à Paris, Bruno Bernard est aujourd'hui directeur-adjoint de cabinet à la mairie du IXème arrondissement de Paris.

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Chers amis français, permettez-moi de vous livrer quelques observations en vrac à la suite des élections cantonales.

56% d’abstention et les commentateurs crient à la mort de la démocratie. A titre de comparaison, 28% des électeurs britanniques s’étaient déplacés pour voter aux élections locales[1] de 1998. Au Royaume-Uni lorsque l’on atteint 35% de participation c’est un excellent score ! La participation n’augmente que lorsque les élections locales sont couplées avec d’autres élections plus importantes[2].

J’ai souvent dû expliquer à mes collègues britanniques les différences entre conseils généraux et régionaux, président et préfet de région, président de conseil général etc. Par mansuétude j’ai évité les raffinements locaux comme les communautés de communes et autres pays.  En conséquence j’ai dû me documenter sur  l’organisation territoriale britannique pour leur offrir des points de comparaison. Je ne fus pas déçu de ce que j’ai trouvais. En effet, si la structure française communes-départements-régions  est fournie mais simple, la structure britannique est fournie et très compliquée. Jugez par vous-même :

Enchevêtrement administratif

Le Royaume-Uni se compose de l’Angleterre, de l’Ecosse, du Pays de Galles et de l’Irlande du Nord. Depuis 1998, tous sauf l’Angleterre, ont leur propre gouvernement et assemblée représentative. L’Angleterre est divisée en 9 régions sans existence politique propre[3], sauf celle de Londres représentée par le Grand Londres, divisé, lui, en 32 « borough » plus la City of London. Les régions sont subdivisées en « counties » métropolitains (urbains) et  non métropolitains (ruraux), 6 pour les premiers, 27 pour les seconds  Au niveau en dessous, se trouvent 36 districts urbains et 201 non métropolitains, auxquels il faut ajouter les 56 autorités unifiées (rassemblant comtés et districts). Nous terminons par les « civil parishes », au nombre 11265,  dont seulement 8500 ont un conseil élu. Enfin le tableau ne serait pas complet si l’on oubliait les 48 « ceremonial counties » où officie un Lord-Lieutenant, représentant personnel de sa Majesté la Reine, en charge de faire respecter la dignité de la Couronne. Ouf ! Le mille-feuille français semble tout de suite plus appétissant.

Le modèle français

En France il est souvent de bon ton de moquer « l’archaïsme » des 36 500 communes. Pourtant, saviez-vous que David Cameron avait pour ambition de créer, à partir de 2013, des maires dans les 12 plus grandes villes du pays[4] inspiré en cela par le modèle français ? Le jeune Premier ministre souhaite en effet démocratiser le fonctionnement des municipalités et étendre le droit d’élire son maire dont aujourd’hui seul les Londoniens jouissent. Actuellement, les maires britanniques sont nommés par des lettres de patentes et tenus de s’habiller ainsi. Une mission est d'ailleurs venue à Paris à la rencontre d'élus locaux fin 2010, pour s'imprégner de la culture municipale française. Elle a trouvé que la vivacité de la démocratie locale française était "fantastique".

Enfin un petit commentaire sur les résultats. L’épouvantail Le Pen et le front Républicain sont de retour, on se croirait revenu aux meilleures heures politiques des années 90. Pourtant 2002 est passé par là, n’est-il pas naturel (je n’ose dire démocratique) qu’un parti qui réunit plus de 15% des voix et qui a envoyé son candidat au deuxième tour de l’élection présidentielle en 2002 ait des conseillers généraux ? Après tout, les 118 conseillers régionaux FN ne semblent pas avoir été une menace pour la démocratie. Rappelez-vous que le Front a eu la gestion de 5 municipalités en 30 ans : Toulon, Orange, Dreux, Marignane, Vitrolles et à part des résultats calamiteux (Orange exceptée), il n’y a pas grand-chose à retenir du FN « au pouvoir ». 



[1] Plus mauvais résultat enregistré

[2] Elections législatives en 2010, élections européennes en 2009

[3] La création de chambres régionales élues fut rejetée par référendum en 2004

[4] Localism Bill 13 Décembre 2010

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