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Les Allemands sont-ils donc totalement incapables de comprendre que leur vision de la rigueur pousse les autres pays européens à la faillite ?
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Rigidité

Pour répondre efficacement à la crise de la zone euro, il faut aussi et d’abord apporter une réponse crédible à l’insolvabilité des pays qui ne peuvent plus se refinancer sur les marchés financiers et qui sont en sursis de défaut sur leurs dettes. (Partie 4/5)

Jean-Luc Schaffhauser

Jean-Luc Schaffhauser

Jean-Luc Schaffhauser est ancien député européen apparenté RN.

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Avant tout, pour répondre efficacement à la crise de la zone euro, il faut aussi et d’abord apporter une réponse crédible à l’insolvabilité des pays qui ne peuvent plus se fournir sur les marchés financiers (Grèce et Portugal) et qui sont en sursis de faillite par des mécanismes de solidarité qui ne règlent rien à leur situation, ne font que gagner du temps pour imposer – je me répète - par l’assistanat faussement bienveillant de comptables allemands, une véritable dictature sur la société.

Ces pays ne peuvent continuer à supporter le poids de l’intérêt de leur dette - de l’ordre de 4 à 5 points de PIB annuellement. Pour la France, par exemple, une telle situation signifierait 85 milliards d'euros d’intérêts payés sur le poids actuels notre dette, soit 40 milliards en plus donnés au système financier ou 2% de notre PIB. Avec une telle charge, notre pays qui a une économie pourtant bien plus saine que ces pays, rentrerait immédiatement en récession. Et nous avons osé - sous le diktat allemand - imposer à ces pays cette charge avec l’effet suivant : tous les pays du Sud et non seulement la Grèce et le Portugal deviennent encore plus insolvables en raison de la récession de leur économie.

Sans autre politique que celle menée actuellement au Sud, nous nous enfoncerons encore un peu plus dans la crise, car à la demande qui tirait auparavant la croissance, il n’y aura pas eu la substitution d’une croissance tirée par l’offre sans casser toutefois la demande. Le calcul allemand de la rigueur fut stupide, car à la fin tous ces pays devront quand même faire défaut sur leurs dettes pour des raisons tant économiques - la récession -, mais aussi et surtout sociales. L’Allemagne est ainsi même arrivée à exporter un parti nazi en Grèce !

Ces raisons sociales nous les vivons désormais en Grèce mais aussi, demain, dans toute l’Europe. On ne peut demander, en effet, aux peuples de travailler pour les banquiers et les rentiers de la finance. Les banques et rentes sont actuellement sauvées actuellement par l’intervention des États et de la Banque centrale des États. Ainsi, par la fausse rigueur imposée par cette finance qui a failli, sont sacrifiés l’investissement et l’offre d’avenir qui vont forcément avec une demande maintenue, satisfaite autrement, par de nouvelles productions locales.

Cette situation est explosive socialement par le chômage qu’elle génère avec le sentiment d’une profonde injustice. L’application de la politique de deux poids deux mesures a, en effet, ses limites : on ne peut pas créer de la monnaie banque centrale pour sauver l’économie réelle mais on peut le faire pour sauver les banques. On ne peut pas faire d’avance banque centrale au Trésor des États, mais on peut le faire au Trésor des Banques. On ne peut pas créer de la monnaie à partir de rien pour les États, mais les banques peuvent le faire pour leur spéculation en augmentant leur bilan par trois en dix ans.

Selon qu’on est un État ou une Banque - cependant sauvée par les impôts des citoyens ou par la Banque centrale des États - on peut faire ou ne pas faire selon des règles soi-disant indépendantes, mais où l’on voit la main très visible auprès des États des intérêts de ceux qui ont généré la crise et qui s’en défaussent en voulant faire porter le poids à la société et plus particulièrement aux plus pauvres !

Aussi bien la Grèce que le Portugal auraient déjà remboursé  plus de la moitié de leur dette si la Banque centrale avait pu procéder à des avances à 1% au budget de ces États, même s’il s’agissait de dépenses de fonctionnement - comme les avances actuelles faites aux banques. Banques qui n’ont d'ailleurs pas montré plus de rigueur que les États, voire plutôt moins...

Vous me direz, l’Allemagne s’opposera à cette politique laxiste de la BCE. Je vous répondrai qu’à cause de l’Allemagne nous avons déjà du créer 1 000 milliards pour espérer que les banques reprêtent aux États - car l’Allemagne s’opposait à l’achat direct aux États via le FESF (fonds européen de stabilité financière) qui aurait pu se fournir à la Banque centrale - et qu’à cause de l’Allemagne et sa volonté de faire payer les banques sur la dette grecque, on a étendu la crise des dettes à toute la zone euro. Chacun craignant qu’il arrive à la dette des autres pays du Sud ce qu’il est arrivé à la Grèce.

Le manque de rigueur économique, nous le devons à l’Allemagne et plus particulièrement à Angela Merkel qui est une physicienne qui fait des expérimentations en économie comme les apprentis sorciers en font en sorcellerie…

L’Allemagne devra céder sur tout, sinon elle perdra tout, et sera mise en outre au ban de l’Europe. L’éclatement de la zone euro lui coûtera immédiatement au moins 1 200 milliards en capital sur 4 000 milliards d’avoirs au Sud, par la réévaluation de sa monnaie. Elle perdra 60 milliards de PIB soit 2.4 points de son PIB, par l’incapacité de continuer à exporter au même niveau au Sud de l’Europe par la perte de la compétitivité due à sa nouvelle monnaie réévaluée.

Elle connaîtra alors aussi la récession… elle sera peut-être moins arrogante !

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