Budget 2015 : un budget de renoncement aux réformes de fond<!-- --> | Atlantico.fr
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Michel Sapin, ministre des Finances, a présenté le budget de l’État pour l’an prochain.
Michel Sapin, ministre des Finances, a présenté le budget de l’État pour l’an prochain.
©Reuters

Editorial

Avec une croissance inexistante, un déficit permanent et une baisse de la dépense publique sans cesse reportée, le budget 2015 n'est que la lamentable incarnation du renoncement à l’effort, sans lequel la France n'a aucune chance de se redresser.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Ce n’est pas le nouveau projet de budget qui va émouvoir les Français. A travers les premiers chiffres annoncés, ils ont le sentiment d’assister à la répétition d’un scénario qu’on leur sert chaque année. Ils ont l’impression d’écouter un disque rayé, qui répète sans cesse la même antienne. Une croissance inexistante, un déficit permanent, une baisse de la dépense publique toujours annoncée et sans cesse reportée, un taux de prélèvements obligatoires qui ne se réduit jamais, les comptes de la sécurité sociale en dérapage constant, une dette qui gonfle à l’image d’une crue sans fin. Ce mauvais film qui se répète au fil des ans achève de les détourner d’un pouvoir qui n’a cessé de les endormir par des promesses, entre Jean-Marc Ayrault qui annonçait en novembre 2013 que le temps de la remise à plat du système fiscal était venu et Manuel Valls qui annonce régulièrement une baisse des impôts et s’en tient pour l’instant à une suppression de la première tranche du barème de l’impôt sur le revenu.

Une fois de plus, le gouvernement parait céder à l’irrésistible optimisme qu’il manifeste depuis l’arrivée de François Hollande à l’Elysée. Même s’il réduit cette fois sa perspective de croissance à un pour cent l’an prochain, cet objectif se révèle trop ambitieux pour le Haut conseil des finances publiques, organisme indépendant, car cela supposerait une accélération rapide et durable de l’activité dont aucun signe n’apparaît dans les dernières indications conjoncturelles. C’est aussi l’avis de la plupart des économistes : ceux-ci estiment que depuis la rentrée – et l’arrivée des feuilles d’impôts – une véritable cassure s’est produite dans la consommation des Français, qui correspond au demeurant à la chute catastrophique de la cote de popularité du chef de l’Etat dans les sondages. Nos compatriotes n’ont plus aucune confiance dans les dirigeants politiques. Ils ont commencé à réduire leurs dépenses à tout ce qui n’est pas indispensable et à accroître dans la mesure du possible leur épargne, comme on le voit avec les sommes drainées par  l’assurance-vie. Ils veulent apprendre à vivre désormais avec moins de croissance. Le discours du gouvernement sur la relance de la consommation les laisse de marbre, tout comme le risque de déflation évoqué par le pouvoir, alors que c’est la baisse des prix du textile et des produits alimentaires qui a pu améliorer dans certains cas leur pouvoir d’achat.

Peuple intelligent, les Français ne sont pas dupes du discours officiel. Ils ont conscience que les autres pays qui ont opéré les ajustements nécessaires avant eux sont repartis de l’avant, alors que, faute de stratégie, la France est toujours en panne. Le gouvernement ne propose aucune réforme de fond : penaud, il va frapper pour la troisième fois à la porte de Bruxelles pour demander de nouveaux aménagements, l’autorisation de retarder les échéances douloureuses.  En clair, le budget 2015 est celui du refus des réformes, avec l’espoir chimérique que la croissance reviendra d’elle-même, en se reposant sur nos partenaires. C’est le signe du renoncement à l’effort, qui éloigne durablement toute perspective de retour de la confiance.

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