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Brexit : Anne Hidalgo n’a-t-elle pas compris que Paris et l'Île-de-France avaient une chance historique d’en profiter ?
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Atlantico Business

Le départ de la Grande Bretagne ne va pas provoquer de catastrophe mondiale. Ce divorce va simplement entraîner un déplacement des centres économiques et financiers vers le continent.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Si la perspective du Brexit n’entraine pas de catastrophe systémique en Europe, ce divorce va néanmoins favoriser des mutations géographiques de certains investissements. Toute la question aujourd'hui est de savoir qui, en Europe, va être le mieux armé pour en profiter. 

A priori et sans préjuger de toutes les discussions qui vont dominer la procédure de divorce, la Grande-Bretagne devrait perdre son accès automatique et gratuit au grand marche européen ... Elle devrait aussi perdre le quasi-monopole que la City avait acquis dans l’industrie financière et notamment dans l’activité de compensation sur l’euro. 

De fait, le Brexit devrait conduire certains investisseurs à se délocaliser vers le continent de façon à pouvoir continuer d’accéder au grand marché. C’est vrai dans l'industrie automobile ou pharmaceutique (mais la mutation prendrait beaucoup de temps ?). C’est vrai dans les industries financières, la banque et l’assurance et là ça peut aller très vite. 

Tous les gouvernements européens ont compris qu’il y avait sans doute une carte à jouer pour attirer les investisseurs, les cadres, les banques, et les résidents à haut pouvoir d'achat. Certaines capitales européennes, Amsterdam, et Paris, ont même commencé à faire de la publicité dans les journaux d’affaires londoniens pour vanter leurs qualités. 

Dans cette compétition-là, Paris et l’Île-de-France ont une formidable carte à jouer. 

A priori l’attractivité de la France est forte. L’art de vivre, les équipements universitaires et culturels, les transports collectifs, les équipements de santé, les aéroports s’ajoutent au parc de logements de grande qualité et aux ensembles de bureaux dans les quartiers d'affaires (comme La Défense) qui peuvent évidemment accueillir les projets. 

Depuis une semaine, les professionnels de l'immobilier parisien ont enregistré un accroissement sensible des demandes de dossiers et des offres d'achat. Alors que dans le même temps l'immobilier à Londres a commencé à baisser. Depuis, une semaine, les grandes banques parisiennes ont lancé des études pour savoir s’il leur fallait déménager les salles de trading et les rapatrier à Paris. Dans quelle proportion, selon quel calendrier et à quel endroit. 

Les grandes banques étrangères font les mêmes analyses sachant qu’elles ont déjà des antennes à Luxembourg, à Bruxelles ou à Genève. 

Tout le monde est prudent, mais tout le monde est vigilant. 

Pour Paris et l'Île-de-France, le problème c’est que de telles décisions ne dépendent pas seulement de ce que Mme Hidalgo présente dans les publicités qu’elle fait à Londres pour vendre la capitale. 

L’attractivité de l'Île-de-France se compare à celle d’Amsterdam, gros concurrent ou de Bruxelles. Et dans cet exercice, le musée du Louvre, les grands restaurants, Eurodisney, la qualité des écoles privées du 7è arrondissement ou les charmes du marais pèsent lourd ... 

Mais les investisseurs regardent aussi le climat social et politique. La France est championne du monde cette année des jours de grève. La France est championne d’Europe dans la rigidité des conditions de travail et Paris a quand même beaucoup de mal à laisser ses magasins ouverts le dimanche, Paris a aussi beaucoup de mal à réguler le Traffic des VTC et des taxis, sans parler de la circulation automobile qui devient insupportable. Et ça n’est pas l’interdiction de rouler, infligée aux véhicules usagés qui va améliorer la fluidité. 

Il faudrait que la mairie ose enfin mettre en place des parkings aux entrées de Paris comme à Londres ou à New-York. Question de courage, question de cohérence. 

Enfin, élément central dans l'attractivité, les fiscalités. Tant que l'Europe n'aura pas mis en place une coordination des fiscalités Paris et l'Île-de-France partent perdants. Nous sommes perdants notamment sur la fiscalité du capital et sur les impôts locaux. 

Beaucoup de ces facteurs dépendent de l'Etat central ... mais beaucoup dépendent aussi de la mairie ou de la région. C’est surtout à Mme Hidalgo de jouer. Elle se promène dans toutes les régions du monde pour dire tout le bien qu’il faut penser de sa ville et elle a raison, c’est son job. Faudrait simplement qu'elle essaie de baisser ses frais généraux ou alors que les services offerts aux investisseurs potentiels soient plus efficaces.

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