Boom des faux diplômes : faut-il mentir pour réussir ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Pour obtenir des références auprès d’anciens employeurs, le recruteur doit demander une autorisation écrite et signée auprès du candidat.
Pour obtenir des références auprès d’anciens employeurs, le recruteur doit demander une autorisation écrite et signée auprès du candidat.
©Reuters

Parole, parole et parole

Selon une étude du cabinet de conseil en recrutement Florian Mantione Institut, 90% des candidats à l'embauche trouveraient normal de gonfler leur CV. Mentir sur des diplômes que l'on a jamais obtenus serait même la clef pour être recruté.

Grégory Herbé

Grégory Herbé

Grégory Herbé est le fondateur de MyJobCompany, le premier site de recrutement par cooptation et affiliation via les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, LinkedIn, Viadeo...)

 

 

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La tromperie sur le CV a toujours existé, néanmoins elle devient de plus en plus présente ces dernières années. De quelques allongements d’expérience dans le passé, on voit désormais apparaître des personnes qui déclarent posséder une expérience ou un diplôme qui s’avèrent êtres fictifsLes recruteurs sont particulièrement restreints dans leur possibilité d’action pour lutter contre cette fraude à la marchandise intellectuelle.

Pour obtenir des références auprès d’anciens employeurs, le recruteur doit demander une autorisation écrite et signée auprès du candidat. L’employeur peut demander à l’école de fournir le diplôme, mais les méandres des administrations d’Ecoles coupent généralement toute envie d’aller plus loinL’option restante qui consisterait à se procurer l’annuaire d’anciens élèves, est facturée si grassement par les écoles en question, que le plus souvent les employeurs préfèrent jouer la carte de la confiance. Cela n’empêche pas les fraudeurs de tenter, quitte à se faire embaucher : le salarié étant protégé pendant la période d’essai, ainsi que l’employeur.

Ne minimisons pas les dégâts provoqués par ces arnaques au CVsur des métiers, des Ressources Humaines, qui transforment leurs questionnements en doute, leurs interrogations en méfiance, et finalement leur prise de risque en inactionLa responsabilité ne provient pas uniquement des candidats. Le marché de l’emploi est un marché de l’offre et de la demande. Plus un profil est qualifié comme étant rare plus son salaire est important.

Cependant, lorsque ce profil devient si rare que l’acteur n’arrive pas à recruter, il faut se poser la question du cahier des charges de la recherche, comprenez, ce que l’on attend du candidat idéal.Trop souvent en France, les entreprises confondent talent et compétence. La plupart des postes requièrent du talent, de l’écoute et une adaptation naturelle à une nouvelle culture d’entreprise.

L’entreprise recherche LE candidat parfait, le candidat cherche de son côté à apparaître comme LE candidat recherchéLes candidats « honnêtes » qui se contentent de faire état de leur expérience et de leur niveau de formation en témoignent : « Je ne trouve pas de poste correspondant à mes compétences » tellement les offres semblent jouer la carte de la surenchère. Le candidat qui souhaite décrocher un entretien se voit hésiter car enjoliver la réalité, finalement comme le recruteur le fait lui-même souvent, permet souvent de donner un coup d’accélérateur à sa carrière professionnelle.

Les médias aiment à nous rappeler que le chômage est en constante augmentation : 25% de chômage chez les moins de 25 ans, un pays en récession technique, on parle de survie, et dans cette logique, tout est possible… Mises à part les écoles de premier rang : X, Mines, HEC, ESSEC… le « bac +5 » d’aujourd’hui est au marché du travail ce qu’était le Baccalauréat dans les années 1990. Ce constat est la résultante d’un système de sélection qui n’a pas évolué depuis des décennies, depuis une époque où l’on sortait soit non-qualifié et on travaillait à l’usine, ou soit extrêmement qualifié sur des métiers classiques, inamovibles.

La solution qui semble le mieux répondre au problème de CV truqués serait de permettre au candidat d’être imparfait en se focalisant davantage sur le talent potentiel que sur les compétences affichéesPour ce faire, proposer une période de formation au candidat permettrait à ce dernier d’être plus compétitif. Si ce mode de recrutement est déjà utilisé par les sociétés anglo-saxonnes, la France nepourrait que mieux s’en inspirer afin de  fluidifier son marché de l’emploi et ainsi amoindrir les insatisfactions candidats/recruteurs. Résoudre en partie le fléau des faux CV revient à se pencher sur la question de la formation en entreprise, qui doit être régulièrement distillée.



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