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Bernard Squarcini 
et ses amis Guérini 
(extraits de L'espion du président)
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Shark attack

Avant de devenir le patron de la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur), Bernard Squarcini était préfet de police. L'occasion de nouer des liens avec les controversés frères Guérini. Seconds extraits de "L'espion du président, au cœur de la politique Sarkozy".

Olivia Recasens - Christophe Labbé - Didier Hassoux

Olivia Recasens - Christophe Labbé - Didier Hassoux

Olivia Recasens et Christophe Labbé sont journalistes au Point.

Didier Hassoux au Canard enchaîné.

Ils ont coécrit tous les trois L'espion du Président (Robert Laffont, 2012)

Voir la bio »

C’est Nicolas Sarkozy qui a offert à Bernard Squarcini une casquette de préfet, en lui confiant Marseille pour premier poste en mars 2004. Pas mal, même si le Squale aurait préféré rester à Paris et succéder à Yves Bertrand à la tête des RG. Mais Chirac, alors président de la République, s’y est opposé. Il a donc été contraint à l’exil. À un exil provisoire.

Squarcini se sent chez lui à Marseille où Sarkozy lui a offert une casquette de préfet. D’abord parce qu’il a effectué ses études de droit dans la ville voisine, à Aix-en-Provence. Ensuite parce qu’il a élu domicile non loin, dans les Alpes-de-Haute-Provence, à Digne-les-Bains. Plus encore, Marseille est une annexe de la Corse. Flics, avocats, juges et voyous : tout le gratin insulaire est passé, passe ou passera par le Vieux-Port.

En tout cas, avec les Guérini, originaires de Calenzana en Haute-Corse, le courant est forcément passé. Bernard tutoie Jean-Noël. (...) «Bernard, c’est mon ami », jure depuis Guérini. « Jean-Noël, je l’apprécie », assure Squarcini.

À dire vrai, on s’en serait douté. Le juge Duchaine plus que tout autre. La proximité entre les deux hommes a sauté aux yeux du magistrat dès qu’il a commencé à enquêter sur les agissements supposés frauduleux du frère du président du conseil général. Le 27 avril 2009, Alexandre appelle son aîné. Ce dernier est inquiet. Un « ami » vient de le prévenir : « Il y a le grand là, le long, le docteur qui cherche des poisses. » (1) « Le grand », « le docteur », c’est Renaud Muselier, le député UMP, son adversaire politique. Alex cherche à le rassurer : « Je n’ai rien à me reprocher. » Son frère en doute. Pour en être tout à fait certain, il a prévu de reprendre contact rapidement avec son ami informateur.

Jusqu’à présent, ce dernier ne pouvait pas lui en dire plus : « Il allait entrer en présentation », assure Jean-Noël à son frère. Mais : « Il va me rappeler, dans l’après-midi s’il peut, de Madrid. » Qui est donc cet homme de Madrid, ce mystérieux individu qui informe les frères Guérini qu’une « enquête préliminaire » vient d’être ouverte (2) ? La réponse à cette question se trouve peut-être dans le bureau de Renaud Muselier à l’Assemblée nationale, au 101, rue de l’Université à Paris. Parmi d’autres clichés, où il apparaît aux côtés de Jacques Chirac, Dominique de Villepin ou Nicolas Sarkozy, le député a fait suspendre un petit cadre sur lequel figurent quatre individus. Tous hilares, tous habillés de la même manière : frac noir et queue-de-pie, chemise et noeud papillon blanc, gilet rouge. La photo a été prise à Madrid, lors d’une visite d’État du président Sarkozy au roi Juan Carlos. Les trois joyeux drilles qui posent en compagnie du député Muselier ne sont pas les premiers venus : il y a le conseiller élyséen Pierre Charon, l’homme des bons et des mauvais coups ; le directeur général de la Police nationale, Frédéric Péchenard, et le directeur central du renseignement intérieur, Bernard Squarcini. La scène a été immortalisée le 26 avril 2009, quelques instants avant un dîner d’État.

(1) Le Canard enchaîné, 16 février 2011.

(2) La taupe se trompe. L’enquête préliminaire n’a jamais existé, l’information judiciaire oui.

Le lendemain, alors que se poursuit la visite officielle, Jean-Noël Guérini reçoit donc ce fameux coup de fil de Madrid. « Je n’ai jamais osé demander à Bernard si c’est lui qui avait téléphoné (3) », confie Renaud Muselier. Parce que c’était inutile ou par peur de connaître la vérité ? Quand nous nous risquons à poser la question à Bernard Squarcini, il s’agace : « Je connais l’existence d’une enquête sur Guérini depuis
novembre 2008. Vous croyez que j’aurais attendu aussi longtemps si j’avais voulu prendre le risque fou de prévenir Jean-Noël ? »

(3) Entretien avec les auteurs le 22 août 2011.

A lire aussi :
Bernard Squarcini a-t-il développé une police politique en France comme le soutient un livre choc ? Quels éléments tangibles ? Interview avec les auteurs.

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Extraits de L'espion du président, au cœur de la politique Sarkozy, Editions Robert Laffont (19 janvier 2012)

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