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« Augmenter la TVA sans contrepartie serait pure folie ! »
« Augmenter la TVA sans contrepartie serait pure folie ! »
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On suit le mouvement ?

Selon une récente étude d'Eurostat, la moitié des pays européens ont augmenté leur taux de TVA depuis la crise, alourdissant encore une pression fiscale déjà particulièrement forte par rapport aux autres puissances économiques mondiales. Si cette tendance est logique au vu des déficits publics abyssaux, la France pourrait se tirer une balle dans le pied en la suivant.

Pascal Salin

Pascal Salin

Pascal Salin est Professeur émérite à l'Université Paris - Dauphine. Il est docteur et agrégé de sciences économiques, licencié de sociologie et lauréat de l'Institut d'Etudes Politiques de Paris.

Ses ouvrages les plus récents sont  La tyrannie fiscale (2014), Concurrence et liberté des échanges (2014), Competition, Coordination and Diversity – From the Firm to Economic Integration (Edward Elgar, 2015).

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Atlantico : La tendance à l'augmentation de la TVA dans la plupart des pays d'Europe vous paraît-elle logique ?

Pascal Salin : On peut la comprendre, car dans la plupart des pays on a eu le réflexe keynésien - à mon avis complètement erroné - d'augmenter les dépenses publiques pour faire de la relance, alors que le problème n'était pas là. On a gaspillé des ressources en faisant n'importe quoi, et les gouvernements cherchent aujourd'hui de nouvelles recettes fiscales, au lieu de diminuer les dépenses publiques. C'est tout ce qu'ils savent faire.

Or, toute augmentation des impôts est destructrice, car elle détruit les incitations à agir. C'est pour moi la condamnation même des politiques keynésiennes, et même de la politique économique : l'illusion selon laquelle l’État peut accélérer ou freiner le rythme de l'activité économique par l'instrument budgétaire.

La France ne doit donc pas emboîter le pas à ses voisins. C'est déjà l'un des pays les plus taxés [41,6% selon Eurostat, ndlr] : augmenter encore la pression fiscale serait une pure folie. Malheureusement, je crains qu'on le fasse. Pour réduire les déficits, il faudrait d'abord réduire les dépenses publiques !

On pourrait toutefois justifier une augmentation de la TVA à condition de diminuer l'Impôt sur le Revenu (IR) et de supprimer complètement l'Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF). En effet, contrairement à ce que l'on pense, la TVA n'est pas un impôt sur la consommation, mais une taxe sur la valeur ajoutée, qui a pour contrepartie des revenus. Son seul mérite par rapport à l'IR est qu'elle n'est pas progressive, car la progressivité est destructrice des incitations à agir des plus productifs, ce qui nuit à tout le monde. Supprimer la progressivité de l'Impôt sur le Revenu et augmenter un peu la TVA serait donc justifié, mais relever la TVA sans autre contrepartie serait de la pure folie.

La progressivité peut quand même permettre d'épargner les plus pauvres...

Ils payent de toute façon sans le savoir : on leur fait croire que tout est gratuit, alors que ce sont les plus aisés qui payent pour eux grâce à l'IR. Par ailleurs, ils payent déjà la TVA, la CSG et les cotisations sociales, d'une manière souvent peu lisible pour eux. Pour ma part, je ne considère pas comme juste de punir les riches parce qu'ils sont riches : aider les pauvres ne veut pas dire punir les autres. D'ailleurs, en France, on constate que la misère augmente avec les impôts !

La justice sociale, ça n'existe pas, c'est de la spoliation. Ce qui est juste, c'est de respecter les droits de propriété des gens, et ceux qu'ils ont créé par leurs propres efforts. On foule aux pieds cette justice au nom d'une prétendue justice fiscale qui est en fait le résultat de la démagogie publique : on trouvera toujours dans une élection une majorité de gens pour spolier les autres. Quand certaines personnes sont imposées à 80 ou 90%, où est la justice ? Ils n'ont volé personne ! Le voleur, c'est l'État.

Ne prend-on pas le risque de bloquer l'ascenseur social en adoptant cette position ?

Il y a une très petite minorité de gens qui sont réellement incapables de travailler et de créer de la richesse. Seulement, les excès de la réglementation et de la fiscalité empêchent l'entrée de beaucoup de personnes sur le marché du travail.

Il y a un cercle vicieux : quand on augmente les impôts, on détruit les incitations à produire de ceux qui obtiennent des choses gratuitement, et de ceux qui payent des impôts. On crée donc de la pauvreté, ce qui nourrit le discours de la justice fiscale, selon lequel il faut redistribuer en augmentant l'impôt des plus riches.

Mais on le voit, depuis Mitterrand, le taux de chômage a augmenté de manière continue, les SDF sont apparus... La politique socialiste de redistribution a créé de la pauvreté. Il faut rompre ce cercle vicieux sans avoir peur des tabous, en disant que la redistribution, loin de réaliser la justice, crée de la pauvreté, et est donc fondamentalement injuste.

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