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Argent magique : la solution face à la crise du Covid-19 ?
©LOIC VENANCE / AFP

Bonnes feuilles

François Lenglet publie "Quoi qu’il en coûte ! Qui va vraiment payer ?" aux éditions Albin Michel. "Quoi qu'il en coûte", ces mots du président Macron, répétés à l'envi, confirment bel et bien notre entrée dans le monde de l'Hyperdette. La "Coronadette" met en évidence le piège de la croissance mondiale qui tire des traites sur l'avenir. Extrait 1/2.

François Lenglet

François Lenglet

François Lenglet est journaliste économique. Il est également éditorialisteSon dernier livre, Quoi qu'il en coûte !, a été publié en septembre 2020 aux édition Albin Michel.

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De l’argent magique, le Président en a pourtant trouvé en quelques jours. Alors que l’arrivée de l’épidémie bouleverse la France et son économie, les milliards débloqués se succèdent dans les annonces de l’Élysée, celles de Matignon et celles de Bercy, le ministère des Finances rebaptisé ministère de la Dépense. Quelque 460  milliards d’euros ont été décaissés ou promis en quelques semaines, au printemps 2020. Soit plus d’une année de dépenses de l’État. Le ministère de l’Éducation nationale, l’un des plus gros employeurs du monde avec près d’un million de salariés, dépense quant à lui seulement 50  milliards annuels… Les mesures d’urgence pour lutter contre la crise coûteront neuf fois plus. Si l’on avait eu besoin, pour collecter cette somme, de compter un euro par seconde, il aurait fallu 14 000  années pour le faire. C’est à dire commencer le décompte au début de l’ère du néolithique, en 12 000 avant Jésus-Christ, avant la montée des océans qui a séparé les îles Britanniques du continent. Tout cela pour la seule facture de quelques mois de crise sanitaire.

Bien sûr, la France n’est pas la seule. Dans la zone euro, le montant total des dépenses budgétaires Covid, évalué par la Banque centrale, est de 1 500  milliards d’euros, soit 10 % du PIB, la richesse produite en une année par les dix-neuf pays de l’Union monétaire. En mai dernier, l’OCDE estimait que les pays membres de l’organisation s’étaient chargés de 15 000  milliards d’euros de dette avec la crise sanitaire et le coût du confinement. Ce qui fait passer l’endettement moyen de 109 % à 137 % du PIB. L’épidémie aura donc coûté 12 000 euros de dette par habitant, en trois mois. Et encore ne s’agit-il que d’une facture provisoire. Il n’y a pas de précédent d’une telle flambée des dépenses. Même durant les guerres, la comparaison a souvent été faite entre la crise sanitaire et un conflit militaire, l’économie ne s’effondre pas en un instant comme ce que nous avons connu en 2020, parce qu’elle est soutenue par les investissements d’armement.

Cet argent magique, introuvable lorsqu’il fallait investir dans l’hôpital, aujourd’hui réuni sur un claquement de doigts, est bien sûr emprunté, puisque la plupart des États n’ont pas un fifrelin. En France, la dette publique va donc bondir cette année au moins de 20 %, pour atteindre 120 % du PIB, un niveau proche de celui qu’avait l’Italie avant la crise. Le monde entier va connaître un tel ressaut, alors que le niveau de la dette préalable, gonflé par la crise de 2008-2009, était déjà sans précédent. Une incroyable détérioration des finances publiques. Qui se double d’une montée de la dette privée, tant celle des entreprises que celle des ménages. Le tout financé par la planche à billets, actionnée sans relâche par les grandes banques centrales de la planète.

La crise de la Covid consacre notre entrée dans le monde de l’hyperdette, tout comme elle rend indispensable le soutien permanent de la création monétaire pour entretenir une croissance déficiente.

©Editions Albin Michel, 2020

Extrait du livre de François Lenglet, "Quoi qu’il en coûte ! Qui va vraiment payer ?", publié aux éditions Albin Michel.

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