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Après le pétard mouillé du 14 juillet, à quand le vrai feu d'artifice de réformes ?
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Les entrepreneurs parlent aux Français

Petit exercice de pédagogie à l'occasion de l'interview du président de la République mais aucune nouvelle annonce. Les entrepreneurs en ont, eux, à revendre.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Les politiques ont une capacité formidable. Lancer d’excellents concepts et n’y mettre aucun contenu. Ou si peu.

Nous avons eu le contrat de génération. Un concept magnifique et tellement nécessaire. Un contenu sans intérêt dont les sparadraps supplémentaires que le ministère du Travail y ajoute ne changeront en rien. Dommage ! Mais nous gardons une confiance en Rebsamen, qui sait les mesures capables de changer la donne et nous l’espérons, les entendra prochainement.

Nous avons les mesures de simplification. C’est déjà plus trapu. Il faut dire que Thierry Mandon et Guillaume Poitrinal, c’est du sérieux et désormais avec Laurent Grandguillaume, on peut naviguer en confiance. Les premières mesures étaient forcément politiquement plus correctes, pour ne pas effrayer ce pays si frileux à la réforme. Mais en réalité, le pays est-il si frileux ? Nos politiques, si précautionneux, tellement obsédés par leur réélection et leur maintien dans le pot de confiture, prétendent que le Français est frileux. Mais en fait, dans ce jeu de la poule ou de l’œuf, il semble que le politique soit bien le menteur qui fait porter le chapeau au pays. Le Français, lui, souhaite voir ce qui marche mis en place. Néanmoins, le principe de précaution l’emporte ici aussi, et si les premières mesures amènent déjà des améliorations, elles ne touchent pas aux chaînes qui rivent les Français et leurs entreprises au fond de la mine au lieu de les exposer à la réussite.

Et maintenant, voilà à nouveau Super Montebourg et la libéralisation. On attendait un ministre de l’Economie dressant un portrait de la France à 20 ans, conquérante, enfin mise au niveau de son potentiel, des mesures clés, les seules capables de dynamiser le pays et lui redonner des couleurs, du rouge aux joues et des marges au bilan. On attendait des mesures ambitieuses, gonflées, percutantes, à la hauteur de l’esbroufe dont est capable notre avocat fait ministre. Bref, un Avocat Mayonnaise… !! Mais nous n’aurons que l’emphase, sans le contenu. Quelques mesurettes sur la libéralisation des professions réglementées. Pour rendre, nous dit-on, 6 milliards aux Français !! Quel bonheur ce serait pour nous de connaître le mode de calcul de cette somme, qui va par miracle permettre aux Français de consommer à nouveau. Ces calculs de cabinets ministériels seraient risibles si ils ne manifestaient pas une volonté acharnée de privilégier le marketing sur la créativité. Imaginez. Vous avez un SDF face à vous. Vous lui donnez 100 euros en permettant par une pirouette politique à lui faire obtenir cette somme. Il les prend. Cela améliore son niveau de vie pendant quelques jours et… il retourne dans la rue. C’est ce qui nous attend avec ce type de mesure. Un calcul macroéconomique de bureau, fait au tableur Excel qui ne créé aucune richesse. Rien de structurant. Rien qui ressemble à la construction d’un paquebot France reprenant l’eau avec la capacité de dompter l’océan.

Et sincèrement, quelle hypocrisie. Chaque jour les corporations de tous poils anéantissent les rêves d’entrée de nouveaux acteurs, numériques notamment, sous le regard totalement indifférent des institutions. Chaque jour le gouvernement recule face aux grévistes de tous poils, notamment pour les taxis, brimant l’innovation technologique, interdisant aux VTC de se géo-localiser sur les portables en imposant, en contrepartie, une énorme innovation technologique récente... : le terminal de carte bleue dans les taxis traditionnels !!! De qui se moque t-on ?? Chaque jour un exemple vient assombrir nos innovations de rupture. Rappelons que notre avocat ministre demandait lors du salon du web aux acteurs du numériques de ne pas aller trop vite. "Pas top vite les gars sinon la France risque d’avancer et de se reformer. Vous êtes fous ou quoi ??" Mais bon, nous pourrons payer par CB dans les taxis. Quelle avancée ! Quelle audace ! La France est sauvée ! Nos taxis prennent une avance décisive dans leur combat pour la modernité face aux taxis afghans. Nous allons devenir le plus innovant des pays émergents… No comment.

Les innovations majeures sont pourtant simples :

Oser un nouveau droit du travail. Pas celui que nous promettent les cassandres du syndicalisme à la française, celui de la paupérisation des masses laborieuses. Non. Un droit du travail, qui, pour s’adapter au 21ème siècle, donnera un nouveau cadre et un nouveau dialogue entre les salariés et les entrepreneurs. La paupérisation des plus faibles, elle se trame, depuis 20 ans, à l’ombre de réglementations stupides, technocratiques et dogmatiques, qui sous prétexte de les protéger les a jeté aux enfers.

Oser la suppression de tout ce qui constitue une limite. Les seuils. Les quotas. Les normes toujours plus nombreuses et sans intérêts, expression d’un pouvoir à bout de souffle (depuis 30 ans) qui cherche à nous priver de liberté sous prétexte, encore une fois, de la garantir à chacun.

Oser une éducation ouverte, qui redonne responsabilité, envie, sens du partage, capacité de gestion les projets, afin de se saisir de l’enjeu du numérique et miser sur le transversal au lieu du "top down". Donner à nos enfants l’ouverture qu’ils transmettront à leur tour à leur pays.

Oser une politique qui attire les talents, y compris étrangers, favoriser de façon calculée et calibrée, l’arrivée de la diversité et de la richesse des étrangers. Favoriser la constitution d’une capacité d’investissement dans les ETI, qui sinon disparaissent ou nous échappent au profit des pays étrangers. Oser favoriser le capitalisme qui créé de la richesse pour tous.

Oser ouvrir la politique à la société civile au lieu de la maintenir sous l’étouffoir de ces hommes qui privent le pays de toute fraîcheur, du débat d’idées, de l’audace, de l’innovation, depuis si longtemps, avec un résultat que nous voyons aujourd’hui.

Oser reprendre le contrôle sur l’administration. Urssaf, fisc, bercy… toutes ces administrations qui ont pris un pouvoir que le politique leur a abandonné et nous empêche d’évoluer en confisquant les chiffres, les mesures, en faussant l’application des plus vertueuses pour les remettre "à leur sauce". Cette honte d’avoir fait de ceux qui nous servent ceux qui nous trahissent et confisquent le pouvoir.

Oser faire ce qui doit être et non ce qui les arrange. Combien de temps devront nous le demander, en quelle langue, avec quels moyens ? J’aimerais croire que l’amour à la plage sera porteur d’une nouvelle vague, d’un tsunami de mesures, mais malheureusement, rien n’en prend le chemin. Bon été, et si vous partez à l’étranger, revenez quand même, on est jamais à l’abri d’un coup de chance !

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