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Alstom : le président de la République s’oppose à la solution General Electric, mais Siemens va annoncer qu’il se retire du jeu
©Reuters

Fin de la partie

Alstom vient de publier un résultat net en recul de 28% pour l'exercice 2013-2014 et une baisse des prises de commandes. Selon nos informations, la présidence de la République est revenue sur le dossier Alstom en déclarant que l’offre faite par G.E n’était pas acceptable tandis que les Allemands vont faire savoir en coulisses qu’ils se retirent du jeu.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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L’affaire Alstom n’est donc pas encore bouclée. Alors qu’on pensait que la rencontre entre le président de General Electric et les autorités françaises s’était plutôt bien passée, alors que la direction d’Alstom avait choisi d’aller se vendre au conglomérat américain, non sans promettre d’examiner les offres de Siemens pendant un mois, on pensait que cette affaire allait entrer dans une phase très technique pour finaliser les accords.

C’était sans compter avec les particularités françaises puisque le président de la République comme son ministre de l’économie ont précisé hier que "le deal proposé par General Electric n’était pas acceptable en l’état". Ils reviennent donc sur un avis qu'ils avaient donné et que tout le monde croyait favorable à l’américain.

Théoriquement, nous voici revenu à la case départ. Théoriquement, Alstom pourrait se passer de la bénédiction de l’Elysée, mais ça ferait désordre. Il va donc falloir ménager les apparences et faire semblant de renégocier les termes de l’accord.

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Il s’agit bien d’un faux semblant, parce qu'à moins d’une solution miracle, il n’y a pas d’autres moyens de permettre au principal actionnaire Martin Bouygues de liquider sa participation de 29%, pas d’autres moyens de sécuriser l’activité énergie d’Alstom que de l’adosser à un autre groupe international. Et il n’y a pas d’autres solutions que General Electric.

Si Arnaud Montebourg pensait décider Siemens à venir jouer au Monopoly européen, il s’illusionnait. Au départ des négociations ça paraissait déjà difficile (les deux groupes sont très proches et ne s’entendent pas) maintenant c’est carrément impossible.

Siemens devrait très prochainement annoncer qu’il renonce complètement à cette compétition. Le conseil de surveillance du groupe allemand ne s’est pas prononcé mais la moitié de ses membres y serait opposée. Or pour acter ce type de décision stratégique, il faudrait l’unanimité du conseil. Le plus paradoxal dans cette affaire allemande c’est que la moitié récalcitrante est portée par les représentants des salariés. Ce sont les salariés du groupe, les syndicats allemands, les opposés.

Les responsables politiques français ne peuvent pas ignorer ce que la totalité du monde des affaires murmure depuis des semaines. A savoir que cette affaire ne pouvait pas déboucher sur la constitution d’un groupe européen de l'énergie. Il aurait fallu prendre le dossier très en amont avec une impulsion politique très forte. Le miracle Airbus n’a pas pu se dénouer en 48 heures et surtout sans une ambition politique partagée entre Paris et Berlin (à l’époque, la chancellerie était à Bonn).

En dépit des remontrances de l’Elysée et de Bercy, le projet d’unir la division énergie à General Electric dans les conditions négociées à toute chance d’aboutir. Reste que la division transport, celle qui fabrique les TGV, le métro et les trams, va rester isolée dans la coquille Alstom. Il faudra donc rejouer la pièce et trouver une solution pour donner à la division transport une dimension internationale qu’elle n’a pas. C’est peut-être dans cette deuxième partie que les dirigeants d’Alstom, aidés par les services du gouvernement pourraient préparer un nouveau Monopoly a l’échelle européenne. Il y a beaucoup de joueurs en Europe sur ce marché qui est aussi gigantesque. Pour cela il faudrait étudier les dossiers, savoir de quoi on parle exactement et, ne pas partir trop tard en négociation. Sinon on se réveille un beau matin du côté de Bercy et on se plaint de ne pas avoir été informé.   

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