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Alerte aux téléphones piratés
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Le phreaking, c'est pas chic

Après le fishing, le phreaking ! Les professionnels et la police tirent la sonnette d'alarme sur le piratage des lignes téléphoniques, notamment celles des entreprises. Une nouvelle arnaque qui génère des millions d'euros de perte chaque année en France.

Silvano Trotta

Silvano Trotta

Silvano Trotta est président de la Fédération Interprofessionnelle de la Communication d'Entreprise (Ficome).

 

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Atlantico : Votre syndicat réunit l'essentiel des mille installateurs téléphoniques en France. Vous tirez la sonnette d'alarme car des milliers d'entreprises font état de piratage de leur lignes téléphoniques et de pertes de dizaines, voire de centaines de milliers d'euros. Pourriez vous nous dire comment ces lignes sont détournées ? 

Sylvano Trotta: On tire la sonnette d’alarme car il y va de l’économie de nos entreprises. Les pertes sont abyssales. Les fraudeurs détournent les lignes IP chez les entreprises équipées de la dernière génération de téléphone Internet au profit d’opérateurs étrangers qui revendent ces destinations. Ou ils détournent une ligne en renvoyant tout simplement un poste vers un lieu exotique.


Vous voulez dire que ne pas changer le code d'accès par défaut de sa messagerie (0000 ou 1234 étant les plus courants) peut en un week-end, coûter des dizaines de milliers d'euros à une entreprise ?

Oui. Si je connais le numéro direct d’une entreprise (très facile à trouver) il est fort probable (plus de 75%) que son utilisateur protège son accès par deux codes simplissimes : « 0000 » ou « 1234 ». On pénètre alors dans le menu et on « renvoie » cette ligne vers par exemple un serveur vocal surtaxé à l’étranger.

A qui profite cette opération ?

Cela profite tout d’abord aux pirates qui se font payer cette prestation, ensuite à des mafias locales qui installent des serveurs surtaxés et enfin à des opérateurs alternatifs étrangers qui augmentent ainsi leurs marges en achetant des minutes à petits prix.

Comment peut-on préserver sa ligne de toute intrusion ?

Les moyens les plus simples de se protéger est de faire un bilan de ses communications avec son intégrateur en téléphonie. A-t-on vraiment besoin de laisser la possibilité à tous les postes d’une entreprise d’appeler la Corée du Nord, l’Erythrée, Cuba ou la Somalie ? Ne vaut-il pas mieux interdire ces destinations. Ensuite en mettant en place une politique de sécurité comme on le fait pour l’informatique en demandant aux utilisateurs de changer leurs mots de passe. Enfin pour ceux qui sont équipés de téléphonie internet, de faire un audit sécurité comme pour son informatique.

Comment savoir si sa ligne est piratée ?

On peut savoir si sa ligne est piratée en la faisant tester par SOS-Piratage et en analysant finement le détail de sa facture téléphonique.

En quoi votre syndicat est-il partie prenante dans cette arnaque ?

Un syndicat défend ses adhérents : les nôtres sont les Société de Services en Téléphonie et Réseaux. C’est eux qui se trouvent au milieu entre le client final piraté et l’opérateur qui facture, via la machine installée par un constructeur de taille mondial. C’est le maillon faible qu’il faut protéger. Et c’est notre rôle. On est de plus, le seul syndicat à se préoccuper de ce problème et on essaye de travailler main dans la main avec la Brigade d’Enquête sur les Fraudes aux Technologies de l’Information (BEFTI). On estime à 1,5 milliard d’euros les pertes liées à ces actes de pirateries pour les entreprises françaises.


Que fait la police ? Où peut-on porter plainte ?

La Police reçoit les plaintes, en gendarmerie, ou dans un commissariat. Les enquêtes sont difficiles, on ne découvre que les piratages qui restent sur le territoire français, mais dès que cela transite dans les pays que nous avons cité tout à l’heure il est presque impossible de remonter la chaîne. Pour contrer cela, ils font beaucoup d’informations et alertent dès qu’ils le peuvent dans des congrès, des salons, des réunions les patrons. On a besoin massivement de la presse pour alerter. Dans cette période de crise, il est important que cet argent reste en France et ne soit pas dilapidé.

Propos recueillis par Antoine de Tournemire

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