Affaire Metzner : la France s’américanise-t-elle en tombant dans une spirale procédurière ?<!-- --> | Atlantico.fr
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50 000 euros pour une chute dans une baignoire... Faut-il créer un "prix Stella" à la française ?
50 000 euros pour une chute dans une baignoire... Faut-il créer un "prix Stella" à la française ?
©Flickr/Su morais

Deux poids, deux mesures

Le ténor du barreau Olivier Metzner a obtenu une provision de 50 000 euros après avoir poursuivi en justice un hôtel. Il avait chuté dans la baignoire de sa chambre en juin 2011.

Philippe David

Philippe David

Philippe David est cadre dirigeant, travaillant à l'international.

Il a écrit trois livres politiques : "Il va falloir tout reconstruire", ouvrage qui expliquait le pourquoi du 21 avril,  "Journal intime d'une année de rupture", sorti en 2009 aux éditions de l'Ixcéa, qui retrace les deux premières années de présidence Sarkozy et  "De la rupture aux impostures", Editions du Banc d'Arguin (9 avril 2012). 

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50 000 euros... La somme est rondelette, puisqu’elle représente environ cinq années de Smic, ou le prix neuf d’une voiture de luxe. C’est aussi le montant de la provision accordée par le juge des référés de Nanterre au célèbre avocat parisien Olivier Metzner qui réclamait au départ 300 000 euros, c'est-à-dire... un mois de son salaire.

Je pensais pourtant que des revenus de 300 000 euros mensuels étaient l’apanage des stars du sport et du show-business ou des patrons du CAC 40. Bien loin de moi l’idée de faire passer les footballeurs professionnels pour des damnés de la terre, mais les 45 000 euros mensuels de salaire moyen de la Ligue 1 paraissent presque insignifiants si on les compare aux revenus de ce ténor du barreau.

Alors, quel est le fait gravissime qui a pu pousser les juges à octroyer à Maître Metzner une telle indemnité (en attendant mieux lorsque l’affaire sera jugée sur le fond) ?
Une contamination par un virus ou un produit toxique ?
La réparation d’un accident qui l’aurait rendu handicapé à vie ?
Un enlèvement suivi de viol ou d’actes de barbarie ?
Une tentative d’homicide ?

Rien de tout ça. Une simple chute, suite à une glissade dans la baignoire d’un palace bordelais qui aura valu à l’intéressé une fracture de la clavicule.

Inutile de dire que, quand on connaît la gravité des faits, une telle somme s’imposait. En effet, personne ne sait qu’une baignoire, fût-elle installée dans un hôtel de luxe, peut être glissante et que, pour limiter les risques de glissade, surtout lorsqu’on n’a plus vingt ans, il est de bon aloi de se tenir au bord de la baignoire et au mur pour être sûr de ne pas risquer un quelconque accident.

Enfin, on est soulagés de voir que la justice française à réagi avec promptitude (c’est le juge des référés qui a statué) et surtout d’avoir enfin indemnisé une victime à la hauteur du préjudice qu’elle a subi.

Les 32 600 euros perçus par les veuves des victimes de l’amiante ont désormais une toute autre valeur dans nos esprits, tout comme l’indemnisation d’une jeune femme victime d’un viol collectif réalisé par dix-huit personnes (oui, ça existe) qui s’est vue octroyer par le tribunal la somme mirifique de 4000 euros au titre des dommages et intérêts (c’est un de mes amis avocat qui défendait la victime).

Un autre de mes amis avocat m’a appris l’existence du « prix Stella » qui recense chaque année aux USA les personnes ayant entamé des poursuites judiciaires outrancières. Son nom vient de Stella Liebeck, qui avait fait condamner Mc Donald’s à 2,9 millions de dollars de dommages et intérêts, après s'être brûlée en renversant son café dans sa voiture.

Il va falloir créer un prix Stella pour la France, qui rendrait nos concitoyens pantois en voyant quelle justice est rendue en leur nom.

Que la justice française glisse sur une dérive à l’américaine, c’est vraiment un peu fort de café.

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