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Comment s'installe l'idée de l'adoption par les couples homosexuels chez les Français
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Point de vue

L'opinion publique évolue rapidement sur ces questions. Mais fait-on assez la distinction entre le fait d'acter des situations concrètes et le fait de pousser à les instituer, les organiser voire les encourager ?

Xavier Lacroix

Xavier Lacroix

Xavier Lacroix est professeur de théologie morale à la Faculté de théologie de Lyon dont il est doyen depuis 1997. Il a été, de 1986 à 1994, directeur de l'Institut des sciences de la famille de Lyon. Il est membre du Conseil national de pastorale familiale de l'Église catholique.

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L’opinion publique est très versatile. Elle oscille au gré des influences et des messages reçus. C’est ainsi qu’il y a cinq ans, une majorité des Français était hostile à l’institutionnalisation de l’adoption par un couple homosexuel, alors qu’aujourd’hui une majorité y est favorable. Lorsque l’on voit la manière dont le sujet est traité par les médias, il n’est pas étonnant que les résistances cèdent : à voir tant de couples sympathiques, souriants, disposés à éduquer avec une bonne volonté évidente un petit enfant, comment avoir le cœur de leur refuser cette joie ?

Quant à la culture, les choses sont plus compliquées. Il est certain que les catégories du discours, les représentations qui sous-tendent la pensée évoluent fortement. C’est ainsi que le partage des rôles entre hommes et femmes, pères et mères, n’est plus perçu aujourd’hui comme il l’était il y a trente ans. Les gender studiessont passées par là et beaucoup ne sont pas loin de considérer que les caractéristiques de genre sont entièrement culturelles, construites de part en part. L’attention à la relativité, aux systèmes idéologiques façonne une manière de se représenter les fonctions parentales qui, indéniablement, évolue très vite. Il est possible que les représentations dominantes ne soient plus allergiques à l’idée qu’un enfant puisse avoir deux pères ou deux mères. Certains lobbies jouent beaucoup sur cette évolution des mentalités, à laquelle ils contribuent.

Mais pour ce qui est du vécu réel, il en va différemment. Le réel est enraciné dans le corps. Si certains discours relativisent la place et le sens du corps (allant jusqu’à le réduire au "biologique"), il n’en va pas de même de l’expérience concrète. Avoir un corps d’homme ou avoir un corps de femme n’est pas équivalent. Les sensations, les désirs, la manière de vivre la sexualité et la parenté ne sont pas les mêmes. On a beau parler de "plasticité" des connexions neuronales et du cerveau, tout ne se joue pas dans le cerveau ! Les cas d’ambiguïté sexuelle, souvent mis en avant, concernent à peine un individu sur 100 000 !

Dans le même ordre, avoir un père-homme-masculin et une mère-femme-féminine, c’est expérimenter une dissymétrie, une différence qui font partie des biens élémentaires pour un enfant. Ni le masculin ni le féminin, en effet, ne récapitulent tout l’humain. Qu’il soit garçon ou fille, l’enfant aura besoin d’un jeu subtil d’identifications et de différenciations pour découvrir son identité. Ceux qui n’expérimentent pas ce bien élémentaire pourront certes "s’en sortir", étant donnée la "résilience" et la très grande plasticité du psychisme humain. Mais ils s’affronteront à des difficultés spécifiques.

A cet égard, l’éthique – qui est le souci des biens humains fondamentaux – distinguera les attitudes (ou les politiques) qui consistent à prendre acte de ces situations et celles qui consistent à les instituer, les organiser et finalement les encourager.

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