Acquisition de Nokia par Microsoft : un tournant dans une stratégie mobile jusque-là catastrophique <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Consommation
L’enjeu est désormais de mettre en place un écosystème de développeurs.
L’enjeu est désormais de mettre en place un écosystème de développeurs.
©Reuters

Seconde chance

Microsoft rachète la division téléphonie mobile de Nokia pour la modique somme de 7 milliards de dollars. Une acquisition qui sonne comme un aveu de faiblesse en termes de stratégie marketing et comme un nouveau départ, voire la possibilité de chasser sur les terres d'Apple et Google.

Thibauld Favre

Thibauld Favre

Thibauld Favre est Président et co-fondateur de allmyapps, le 1er App Store pour PC Windows avec plus 3 millions d'utilisateurs et 25 millions d'applications installées dans le monde entier à ce jour. Allmyapps est disponible à l'adresse http://allmyapps.com

Il est également conférencier régulier, notamment à l'INSA de Lyon où il donne des conférences sur l'entrepreneuriat, et mentor à l'accélérateur de startup Le Camping.

Vous pouvez le suivre via son compte twitter en cliquant ici

Voir la bio »

Atlantico : Microsoft rachète la division téléphonie mobile de Nokia pour 7 milliards de dollars avec comme objectif affiché de rattraper Apple et Google qui se partagent 93,2% du marché. Comment expliquer un tel retard ?

Thibauld Favre : Ce retard vient du fait que Microsoft a essayé d’appliquer pour la téléphonie la même stratégie que pour les PC, c’est-à-dire une stratégie OEM (Original Equipment Manufacturer), qui impliquait des partenariats avec les fabricants de téléphones mobiles. Cependant son OS, qui est de qualité, est arrivé un peu trop tard, sous forme payante qui plus est, sur un marché où le « Windows des mobiles » s’appelle Android et est proposé par Google. La gratuité et la bonne qualité de celui-ci ont facilité son adoption par les consommateurs. S’il n’y avait pas eu Android, Microsoft serait aujourd’hui bien mieux positionné.

Étant donné que la stratégie OEM n’a pas fonctionné, la seule solution est désormais de se "verticaliser", c’est-à-dire d’adopter une stratégie "à la Apple". Il ne s’agit pas de jouer sur les coûts mais sur la qualité de l’intégration : un OS pour tous les appareils, qu’il s’agisse de la Xbox, du téléphone ou du PC. L’expérience utilisateur sera la même que chez Apple aujourd’hui.

La force d’Apple réside dans l’iPhone, celle de Microsoft dans la Xbox et le PC qui, quoi qu’on dise, n’est pas mort. C’est en s’appuyant sur ces deux "locomotives" que la firme peut espérer reprendre des parts sur le marché du mobile.

Ce rachat n’est-il pas surprenant sachant que le précédent partenariat avec Nokia avait été un échec ?

Technologiquement, tous les experts s’accordent à dire que les téléphones Nokia sous Windows sont de très bonne qualité. Les problématiques de Microsoft relèvent plus du marketing, à savoir du développement d’un écosystème d’applications. Racheter la partie téléphonie de Nokia à 7 milliards de dollars reste une très bonne affaire.

Ce rachat constituerait donc un aveu par Microsoft de la faiblesse de sa stratégie marketing jusqu’ici ? Est-ce surtout la possibilité d’un nouveau départ dans le domaine de la téléphonie ?

Tout à fait. L’enjeu est désormais de mettre en place un écosystème de développeurs. Alors qu’ils étaient tous présents sur Windows XP, les développeurs travaillent maintenant soit sur du web, soit sur Android, soit sur Apple. Les applications Windows 8, qui sont portables sur Xbox, seront également portables sur les téléphones mobiles, ce qui constitue une proposition de valeur assez forte. Néanmoins, Microsoft n’a pas encore réussi à reconquérir le cœur des développeurs. L’enjeu se trouve là. N’oublions pas aussi que le rachat de Nokia lui rapportera un nombre de brevets inimaginable, ce qui lui permettra d’aller « chatouiller » Apple et Google.

Cette acquisition permettra-t-elle à Microsoft de rattraper ses concurrents ?

Microsoft est dans une situation délicate, car le "high-end" est pris par Apple (qui gardera la main mise sur le haut de gamme), et le bas de gamme est pris par Android (et il est compliqué de faire moins cher que le gratuit). Microsoft doit donc se positionner au milieu, ce qui n’est jamais évident. C’est pour cela que la société va chercher à tirer une synergie des autres plateformes contrôlées, mais cela prendra du temps. Dans l’immédiat, elle n’est pas destinée à prendre ni la première, ni la deuxième place. Atteindre une part de marché à deux chiffres en tant que troisième acteur sera un signe de crédibilité au regard des développeurs, et donc vis-à-vis des consommateurs. De même que la Xbox n’a rien rapporté pendant cinq ans, l’effet d’accélération dans le mobile se fera sentir une fois les deux chiffres atteints. Alors, Microsoft sera revenu dans le jeu.


Propos recueillis par Gilles Boutin

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !