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Accord européen : quand François Hollande vote pour le pillage de la France par les banques
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Marché de dupes

Un compromis a été trouvé au dernier sommet européen de Bruxelles. Les pays membres ont adopté le "pacte de croissance" voulu par François Hollande, tandis que la France acceptait enfin le « pacte budgétaire ». Le PS et le président de la République ont affiché un sentiment de victoire. Pourtant, en entérinant la recapitalisation des banques par le MES, les États ne font qu'alimenter un trou sans fond.

Bruno Bertez

Bruno Bertez

Bruno Bertez est un des anciens propriétaires de l'Agefi France (l'Agence économique et financière), repris en 1987 par le groupe Expansion sous la houlette de Jean-Louis Servan-Schreiber.

Il est un participant actif du Blog a Lupus, pour lequel il rédige de nombreux articles en économie et finance.

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Nous avons expliqué que la défaite de Merkel était une victoire pour les kleptos ou plutôt pour le couple klepto-états. Le couple klepto-États étant cimenté par le fameux “je te tiens, tu me tiens par la barbichette…”. Les kleptos financent les dépenses des États qui en échange les aident à tondre les citoyens, les épargnants, les nourrissons et tous ceux qui ne sont pas encore nés...

Angela Merkel, nulle en diplomatie selon la tradition allemande, nulle en dialectique comme tout membre d’un gouvernement, s’est faite manœuvrer par Mario Monti / Goldman Sachs et, le dos au mur, elle a accepté de signer l’accord infâme qui vend la peau des citoyens aux banques. Pour sa défense, elle a argué que c’était purement tactique, pour sauver le vote du Bundestag sur le Mécanisme européen de stabilité et l’intégration fiscale.

De reculades en reculades, elle a donc laissé s’ouvrir une brèche.

La brèche a été reconnue par les marchés qui se sont envolés et surtout par l’organe klepto phare, le Financial Times qui a écrit : "It’ a very good aggreement" (excellent accord). Si le FT le dit, c’est que la cause est entendue.
Il est évident que la France est responsable de cet accord infâme, dans la mesure où François Hollande a échangé son soutien au pacte fiscal contre le plat de lentilles d’un faux plan de soutien à la croissance de moins de 1% du PIB européen. Et qu'il a soutenu Mario Monti et Mariano Rajoy dans leur coup de chantage contre Angela Merkel.

La France a passé un marché de dupes, car c’est elle - avec l’Allemagne - le plus gros contributeur du MES, lequel va être pillé par les banques privées : Hollande a voté pour le pillage… de la France.Lui qui n’aime pas les riches, il les engraisse ! Sans aucun espoir de voir un jour la France en bénéficier, car si la elle venait a être classée "pestiférée", elle serait trop grosse pour être sauvée et donc trop grosse pour le MES et l’Allemagne. La France a voté contre ses véritables intérêts à long terme, lesquels étaient - et restent - de tenir le cap pour ne pas augmenter trop ses engagements. Il faut se souvenir que le MES ne fait au maximum des maximums que 500 milliards et qu'une fois que les banques l’auront pillé, il ne restera plus grand chose.

Comme le dit Munchau, la seule victoire d'Angela Merkel 
est d’avoir refusé l’augmentation de la masse des "bail out funds" (fonds de sauvetage) européens. Ce qui confirme que la France ne pourra pas en profiter et que ses engagements ne serviront qu’aux autres et … à l’endetter encore plus. On rit des soi disant trous découverts dans le budget ces jours ci, de ces misérables petits milliards en regard du coup de crayon magique qui vient d’augmenter les risques du pays, dans la plus totale immoralité.

Le Bundestag est un ramassis de politiciens lâches, ils auraient dû voter contre la ratification du MES et du pacte fiscal, mais la fameuse discipline antidémocratique qui fait voter pour le pouvoir en place et contre les peuples a joué : le Bundestag a ratifié un accord marqué par le chantage. Un accord contre les intérêts du peuple allemand .

Nous sommes heureux de notre analyse, selon laquelle les kleptos avaient marqué une victoire et jubilaient. Garin Hewitt, european editor de BBC news, vient ce matin de rejoindre notre camp et soutenir notre analyse.

Sous le titre : Coup d’État, gouvernement des banques, par les banques, pour les banques on peut lire :

  • Le "bail out fund" va prendre un intérêt dans les banques ;

  • Le risque total se trouve accru pour tout le monde en Europe ;

  • Les Trésors nationaux sont dégagés, mais c’est le public français et allemand qui se substitue ;

  • 500 milliards, ce sera insuffisant, ce sera avalé rapidement ;

  • Le trou des banques est sans fond et inconnu ;

  • Le bail out fund est un cadeau aux banques privées , un “welfare pour les riches” ;

  • Il n’ y a pas de plafond fixé aux sommes qui vont devoir être  engagées ;

  • Il y a irresponsabilité totale des dirigeants, pas de contrôle, aucune possibilité de recours contre l’organisation intergouvernementale non élue qui va distribuer l’argent .


Quelques précisions à suivre et à valider

La Finlande a fait savoir qu’elle voterait contre le "bail out" (renflouement) des banques par le MES, elle a ajouté être soutenue par les Pays Bas. L’Espagne a répondu qu’il existait une dérogation de vote qui permettrait de passer outre à l’unanimité et qu’avec 85% des votes les "bail out" seraient accordés.

Reuters rapporteque le gouvernement finlandais a indiqué devant une commission parlementaire qu’il s’opposerait à ce que le MES, le fonds de secours permanent pour la zone euro, puisse acheter des obligations souveraines de pays de la zone euro sur le marché obligataire.

C’est une mauvaise nouvelle pour l’Europe : en effet, pour que l’accord permettant l’achat d’obligations d’État par le MES soit ratifié, il nécessite une décision unanime de tous les membres.

La Finlande n’est pas la seule à douter de cet accord, puisque les Pays Bas ont également fait connaître leurs réserves. Mais alors que les Finlandais rejettent globalement la possibilité de faire intervenir le MES, les Pays-Bas sollicitent que toute demande de rachat d’obligations par le MES soit préalablement évaluée sur une base individuelle. Le Premier ministre hollandais, Mark Rutte, a déclaré la semaine dernière qu’il n’était pas un « grand fan des achats d’obligations avec les instruments existants », parce que c’était une solution coûteuse.

L’Espagne est “en train de négocier avec la Commission” européenne les conditions de l’aide pour ses banques, qui pourraient inclure dès le 9 juillet un premier montant chiffré pour les entités les plus fragiles, a indiqué mardi le ministre de l’Économie Luis de Guindos. L’Eurogroupe devrait alors confirmer le recours au FESF (fonds européen de stabilité financière), le fonds de secours encore doté de 200 milliards d’euros. La zone euro s’est en effet engagée le 9 juin à fournir une aide jusqu’à 100 milliards d’euros aux banques espagnoles.

L’option choisie par l’Espagne sera “une injection au fur et mesure qu’apparaissent les besoins”, et non un versement d’argent en une seule fois. “Nous allons nous concentrer” sur les banques déjà sous intervention publique espagnole : “c’est une question de semaines pour déterminer” de combien elles ont besoin, aussi “il est possible que, quand on rédigera le protocole d’accord, il y figure une quantité déjà disponible pour elles”. L’idée est que, pour ces banques les plus fragiles (Bankia, CatalunyaCaixa, NovaGalicia et Banco de Valencia), “cela se fasse de manière très, très rapide, en quelques semaines”, a insisté le ministre.

M. de Guindos a rappelé son souhait d’obtenir un prêt avec “une durée très longue, une période de carence et des taux d’intérêt très bas”. “Le taux d’intérêt ne fera pas partie du mémorandum” qui sera approuvé le 9 juillet car “il fait partie des statuts du FESF et du MES”, les fonds de secours européen, a-t-il précisé. “Ce n’est pas une partie fondamentale de la discussion”, a-t-il assuré. Le prêt inclura “des conditions horizontales pour le secteur financier” espagnol dans son ensemble et des conditions pour chaque entité recevant de l’argent européen, comme “la cession d’actifs” ou “la réduction de capacité”, par exemple en fermant des agences bancaires.

Et alors que les Pays-Bas et la Finlande se sont opposés à ce que le MES achète des obligations sur le marché secondaire (marché de l'achat et de la vente d'actifs financiers déjà existants), des mesures censées aider les pays fragiles comme l’Espagne et le Portugal, M. de Guindos s’est voulu confiant : “il y a un point fondamental dans le MES, qui est que les décisions ne se prennent pas à l’unanimité mais à la majorité absolue”, donc ces décisions “ne pourraient pas être bloquées” par une minorité de pays.

Le résultat majeur du sommet est que, si tout suit son cours, le MES pourra aider les banques directement à se recapitaliser : on nous dit qu’ainsi sera coupé le lien entre la faiblesse des banques et la faiblesse des Souverains: On argue les banques faibles affaiblissent les souverains donc il faut couper le lien. 

Il est évident que cela est faux, voire mensonger : si les banques sont recapitalisées avec l’argent de le MES, elles vont pouvoir employer ce capital et le "leverager" (niveler), mettons avec un multiple de 9, ce qui est encore raisonnable par les temps qui courent. 

À notre connaissance, rien ne va les empêcher de refaire ce qu’elles ont fait avec l’argent du LTRO (prêt pour un refinancement à long terme à bas taux), c’est à dire qu’elles vont souscrire aux emprunts de leurs souverains, comme le font depuis le début les banques espagnoles et italiennes. 

À moins  que les banques concernées aient interdiction de réaccumuler des obligations de leurs souverains, nous ne voyons pas en quoi le lien entre banques et souverains sera rompu. 

Au contraire, la mécanique du refinancement indirect des souverains par la BCE va pouvoir s’enclencher de plus belle : telle banque espagnole va recevoir 10 milliards, la reconstitution de ses ratios va lui permettre de souscrire aux obligations émises par son souverain, de les porter en collatéral à la BCE pour obtenir des refinancements et ainsi faire tourner le tourniquet fatal. Car si le souverain faiblit à nouveau, ce qui est probable, sinon certain, le bilan réel de la banque va se détériorer, les marchés vont à nouveau se méfier, etc. Le tourniquet qui joue positivement dans le sens vertueux, peut évidemment s’inverser dans le sens vicieux avec une catastrophe beaucoup plus importante.

À notre connaissance rien n’a été annoncé dans les communiqués ou dans les commentaires qui empêche le tourniquet infernal entre les banques et leur govies (emprunts d'État). L’argument de couper le lien entre les banques et les souverains est fallacieux. En cas de hausse des engagements de banques sur leur souverain, avec un multiple des nouveaux fonds propres, le risque est non pas réduit mais magnifié.

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