1900 milliards de plan Biden aux États-Unis : le match des mesures de soutien budgétaire face à la crise Covid <!-- --> | Atlantico.fr
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Le Congrès américain a adopté le plan de relance voulu par Joe Biden d'un montant de 1.900 milliards de dollars.
Le Congrès américain a adopté le plan de relance voulu par Joe Biden d'un montant de 1.900 milliards de dollars.
©ALEX WONG / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Et nous, et nous, et nous ?

Le Congrès américain a adopté, mercredi 10 mars par 220 voix contre 211, le plan de relance colossal voulu par Joe Biden. Son montant (1.900 milliards de dollars) est l’équivalent du PIB de l’Italie en 2020. L’Europe, de son côté, en fait-elle assez pour la relance ?

François-Xavier Oliveau

François-Xavier Oliveau

François-Xavier Oliveau accompagne les entreprises dans leur transition écologique, à la fois en capital et sur le plan opérationnel. Il vient de publier La crise de l'abondance aux Editions de l'Observatoire. Il y interroge l'invraisemblable paradoxe d'une société plus riche que jamais mais traversée de crises majeures. Après avoir décrit le mécanisme d'innovation et de baisse permanente des prix qui nous donne accès à l'abondance, il propose des solutions concrètes pour maîtriser cette abondance. Son premier essai, Microcapitalisme (PUF, 2017, collection Génération Libre) a obtenu le prix du jury du comité Turgot. Il a enfin publié en avril 2019 une étude avec l'Institut Sapiens sur les impacts entre technologie, prix et monnaie, Pour la Création d'un dividende monétaire.

François-Xavier Oliveau accompagne les entreprises dans leur transition écologique, à la fois en capital et sur le plan opérationnel. Il vient de publier La crise de l'abondance aux Editions de l'Observatoire. Il y interroge l'invraisemblable paradoxe d'une société plus riche que jamais mais traversée de crises majeures. Après avoir décrit le mécanisme d'innovation et de baisse permanente des prix qui nous donne accès à l'abondance, il propose des solutions concrètes pour maîtriser cette abondance. Son premier essai, Microcapitalisme (PUF, 2017, collection Génération Libre) a obtenu le prix du jury du comité Turgot. Il a enfin publié en avril 2019 une étude avec l'Institut Sapiens sur les impacts entre technologie, prix et monnaie, Pour la Création d'un dividende monétaire.

Les opinions exprimées dans ses articles n'engagent que lui.

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Atlantico : La Chambre des représentants a validé les 1900 milliards que le président Biden voulait mettre sur la table pour répondre à la crise du coronavirus. Ce chiffre semble particulièrement important. L’est-il réellement ? Quantitativement, le plan américain est-il d’ampleur supérieure à celle des autres pays développés ?

François-Xavier Oliveau : Oui, c’est un montant considérable. Il s’ajoute en outre à d’autres plans et mesures mis en place par Donald Trump, pour un montant total qui s’approche des 6 000 milliards de dollars et représente 27% du PIB américain. A titre de comparaison, les efforts de relance représentent 16% du PIB en France et 20% en Allemagne.

L’Europe de son côté en fait-elle assez pour la relance ?

Grâce à ses régimes de protection sociale, l’Europe a quelques outils naturels qui ont permis d’avoir moins recours à des plans massifs comme ceux déployés aux Etats-Unis. En revanche, la coordination entre politique monétaire et fiscale est bien plus forte aux Etats-Unis, ce qui explique en grande partie l’ampleur de l’effort. Le soutien monétaire américain a aussi été largement supérieur : la masse monétaire a augmenté de 25% en 2020 aux Etats-Unis, un montant considérable comparé aux 12% en zone euro.

Dans les faits, comment va s’effectuer le soutien budgétaire américain ? Quels postes de dépenses vont être privilégiés ?  Les choix européens sont-ils identiques ?

Le périmètre est très large. Il y a des aides pour les Etats et collectivités locales (350 milliards de dollars), les chômeurs (240 milliards), les écoles (130 milliards) ou la santé et les vaccins (110 milliards). Mais le dispositif le plus spectaculaire et emblématique est la distribution d’un chèque de 1 400 dollars à tous les Américains gagnant moins de 80 000 dollars, pour un montant total de 400 milliards de dollars.

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C’est la troisième fois que le gouvernement distribue un tel « stimulus cheque ». 40% de ces chèques sont très rapidement dépensés dans l’économie, le reste servant à désendetter les ménages. C’est en outre un outil plutôt redistributif, ce qui est essentiel aujourd’hui. Les ménages les plus précaires sont en effet beaucoup plus touchés par la crise du Covid, avec un risque supérieur de perte d’emploi. Inversement, les ménages aisés mettent plus facilement en place un télétravail et bénéficient de l’appréciation de leur patrimoine lié aux politiques monétaires accommodantes. Le stimulus cheque permet donc de compenser les effets très inégalitaires de la crise.

Les pays de l’Union européenne, et en particulier la France, devraient-ils s’inspirer du plan de relance américain ? Si oui sur quels aspects ?

Dans sa conférence hier à Francfort, Christine Lagarde a souligné la rapidité avec laquelle le système des chèques permettait à l’argent de s’injecter dans l’économie : mais on peut tout à fait imaginer des dispositifs permettant de répliquer en Europe des politiques similaires et aussi efficaces. La BCE et les Etats pourraient ainsi se coordonner pour mettre en place un dispositif d’injection directe vers les ménages, et en calibrer intelligemment les modalités pratiques, réglementaires et comptables.

Ce dispositif serait pertinent, même à plus long terme. Nous vivons en effet une forme de crise de l’abondance : la capacité d’offre est nettement supérieure à la demande, et augmente plus vite, créant des pressions déflationnistes permanentes. Les quelques tensions provisoires sur les prix que nous voyons aujourd’hui (containers, matières premières) ne remettent pas en question la pression baissière structurelle sur les prix, comme l’a rappelé hier la BCE.

Dans ce contexte, et tant que l’inflation reste faible, stimuler la demande des ménages par injection monétaire est parfaitement sensé sur le plan économique. Le dispositif compense en outre utilement les inégalités creusées par la crise qui risquent de tendre fortement le contexte politique et social dans tous les pays, à commencer par la France. Il est donc urgent que les gouvernements et la BCE coordonnent leurs efforts dans cette direction.

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