Un iceberg de pr&egrave;s de 1.270 kilom&egrave;tres carr&eacute; est en train de se d&eacute;tacher de l'Antarctique, ont relev&eacute; vendredi des instruments britanniques install&eacute;s &agrave; proximit&eacute; de la station Halley VI, situ&eacute;e &agrave; une vingtaine de kilom&egrave;tres de la zone de rupture. Aucune vie humaine n'est menac&eacute;e, puisque ses 12 membres ont &eacute;t&eacute; &eacute;vacu&eacute;s mi-f&eacute;vrier par avion, a indiqu&eacute; dans un communiqu&eacute; le British Antarctic Survey (BAS), organisme de recherches sur les zones polaires qui exploite le lieu.
<div>
<div>Les scientifiques entrevoient plusieurs sc&eacute;narios pour les mois &agrave; venir: "soit l'iceberg va s'&eacute;loigner, soit il va s'&eacute;chouer et rester" &agrave; proximit&eacute;, estime Jane Francis, directrice du BAS.</div>
</div>

medium_Capture.PNG

small_Capture.PNG

thumbnail_Capture.PNG

Capture.PNG

Un iceberg de la taille de Paris se détache de l'Antarctique

Niveau des océans et risque de déluge : le nouveau défi de l’humanité

Ce que les météorites découvertes en Antarctique nous apprennent sur les origines de la Terre

Des scientifiques découvrent une forme de vie en Antarctique que l’on n’aurait jamais penser trouver sous 900 mètres de glace

Antarctique : de nouvelles colonies de manchots empereurs ont été découvertes grâce à des clichés pris depuis des satellites

Après y avoir échappé pendant des mois, l'Antarctique est devenu le dernier des sept continents terrestres touchés par le coronavirus

Poser des plaques de verre sur la banquise pourrait-il sauver les glaces de l’Arctique ?

Les populations humaines et une large partie des espèces devraient pouvoir s’adapter aux évolutions de températures, mêmes importantes. Mais il n’en ira pas de même avec le niveau des océans, qui représente un enjeu autrement plus redoutable. Le débat se résume à deux grandes terres&nbsp;: le Groenland et l’Antarctique, les deux calottes glaciaires qui conservent les plus grands volumes, soit respectivement 2,85 et 29,5 millions de km3. Les banquises arctique et antarctique n’ont pas d’impact car elles flottent&nbsp;: leur fonte n’affecte pas le niveau de la mer. Les autres glaciers terrestres ne représentent quant à eux «&nbsp;que&nbsp;» 0,17 km3. Si l’on retient le scénario RCP 8,5 du GIEC, c’est l’intégralité des deux grands inlandsis qui devrait fondre, causant une montée des océans de 66 mètres, selon le National Snow &amp; Ice Data Center, une agence gouvernementale américaine. La submersion en ce cas serait terrible&nbsp;: la plupart des grandes métropoles seraient englouties, y compris certaines situées à l’intérieur des terres comme Paris, ainsi que des pays entiers&nbsp;: les Pays-Bas, l’est de l’Angleterre, le nord de l’Allemagne, le Danemark, la Lettonie, l’Irak, le Bangladesh, le Cambodge, le nord-est de la Chine, la Floride, Cuba, le nord-est de l’Argentine…
Dans le scénario RCP 6, l’inlandsis antarctique devrait rester largement intact, dans la mesure où le réchauffement devrait y être comparativement moindre. Cela n’empêchera pas pour autant une érosion de la calotte glaciaire, en particulier celle de l’Antarctique occidental, la plus fragile, qui représente un dixième du total. Le détachement de l’iceberg B-46 (184 km2) en novembre 2018 en a fourni une illustration spectaculaire. La prolifération récente d’algues vertes sur les glaces de la péninsule antarctique est un&nbsp; autre signe visible du dérèglement climatique qui commence à s’y manifester. La situation du Groenand est beaucoup plus préoccupante. La hausse de température est déjà patente dans l’Arctique (plus de 3 °C&nbsp; dans certaines régions) et une spirale est engagée avec une réduction du couvert neigeux au Canada, en Alaska et en Sibérie, qui affaiblit l’effet d’albédo (réflexion de la lumière). Dans le scénario concerné du GIEC, la hausse des températures devrait y approcher 8°C au cours du siècle prochain. La fonte de la calotte glaciaire du Groenland suit une courbe exponentielle&nbsp;: elle est passée de 33 milliards de tonnes annuelles en moyenne dans les années 1990 à 254 milliards de tonnes (soit 277 km3) au cours de la dernière décennie, soit une hausse de 10,7% par an. L’année 2019 a même connu un pic à 370 milliards de tonnes selon le Dr Ruth Mottram, de l’Institut météorologique danois. Au rythme actuel, c’est la totalité de l’inlandsis groenlandais qui aura disparu avant la fin du siècle, provoquant une élévation de six mètres du niveau des océans.
La fonte des glaces n’est pas la seule cause du phénomène. La dilatation thermique des molécules d’eau, qui affecte la couche supérieure des océans (au-dessus de mille mètres de profondeur), y contribue aussi. On estime que chaque degré supplémentaire se traduit par 25 cm de hausse du niveau de la mer&nbsp;: à terme c’est donc 1 mètre qui pourrait être ajouté. Le GIEC anticipe pour sa part une montée très progressive des eaux (0,5 mètre en 2100), principalement du fait de la fonte des glaciers terrestres et du phénomène de dilatation. D’autres experts ont une vision différente, en prenant en compte une contribution beaucoup plus importante de l’inlandsis groenlandais&nbsp;: c’est le cas de la NOAA, dont les modèles prévoient une hausse de 2,5 mètres en 2100 dans le cas du scénario RCP 6. Cette hausse se prolongerait dans une asymptote à sept mètres à la fin du siècle suivant&nbsp;: une montée certes bien moindre que les 130 mètres du début de l’holocène, mais que l’on peut néanmoins qualifier de nouveau déluge, eu égard à la rapidité du phénomène.
<h3>Le défi de l’humanité&nbsp;: faire face au nouveau déluge</h3>
L’expérience de l’épidémie de Covid-19 le montre&nbsp;: lorsqu’un cataclysme se profile, il est essentiel d’en prendre toute la mesure et de s’y préparer, puis d’agir en conséquence. La perspective crédible d’un nouveau déluge l’exige, même si ses effets ne seront pas dramatiques avant deux ou trois générations.
En premier lieu, il convient d’en mesurer les impacts. Ils concerneront au premier chef trois types de territoires&nbsp;: les nations insulaires de type atoll (Maldives et certaines îles du Pacifique comme les Iles Marshall et Tuvalu), les régions de deltas et les métropoles portuaires. Dans le premier cas, l’évidence s’impose&nbsp;: ils devront être évacués, au prix de la disparition des nations concernés, qui devront, comme les Nubiens, après la mise en eau du lac Nasser en Egypte, trouver un refuge. Le deuxième cas est plus épineux, parce qu’il s’agit de vastes espaces ouverts souvent extrêmement peuplés. Sont concernés au premier chef les deltas des fleuves suivants&nbsp;: Mississippi, Rhin, Pô, Nil, Tigre, Euphrate, Gange, Mékong et Yangzi. Dans certains cas, des digues et barrages pourront être construits, sur le modèle de ce que les Pays-Bas ont accompli depuis des siècles. Reste le cas des métropoles&nbsp;: une large part d’entre elles seront potentiellement englouties, partiellement ou totalement&nbsp;: New York, Miami, Amsterdam, Copenhague, Alexandrie, Lagos, Dubaï, Mumbai, Kolkata (Calcutta), Hô Chi Minh-Ville, Guangzhou (Canton), Shanghai, Tokyo… Dans ce cas, deux options seront envisageables&nbsp;: évacuer les zones inondées pour se reporter sur les parties restées émergées des métropoles concernées ou, pour celles qui en auront les moyens, construire des systèmes de digues.
Il est un pays maritime dont une large part (26%) est déjà au-dessous du niveau de la mer&nbsp;: les Pays-Bas. Son point bas est précisément à – 7 mètres d’altitude, au Zuidplaspolder. Ce territoire, situé immédiatement au nord de Rotterdam dans le delta du Rhin, était au début du XIXe siècle une tourbière, dont l’exploitation avait créé un lac artificiel menaçant d’inonder la région avoisinante. Un réseau de digues fut alors construit avec des moulins, bientôt remplacés par des pompes à vapeur. &nbsp;En 1840, quinze ans après le début des travaux, le polder était asséché et transformé en une des aires agricoles des plus fertiles du pays. L’histoire des polders a aussi son lot de drames. Le 31 janvier 1953 un cataclysme historique frappait les Pays-Bas, au point qu’il y est encore simplement désigné comme «&nbsp;Le Désastre&nbsp;». Une forte tempête associée à un coefficient de marée exceptionnel provoquait une montée des eaux de près de six mètres. Dans la province de Zélande, au sud du pays, les digues furent rompues en 67 points, inondant au passage un territoire de 1&nbsp;365 km2 et provoquant la mort de 1&nbsp;835 personnes. A la suite de ce tragique événement, les Pays-Bas ont engagé un programme de grands travaux défensifs nommé Deltawerke (Plan Delta), qui a duré une quarantaine d’années. A la base, se trouve un système intelligent qui calcule les probabilités d’événements extrêmes (tempêtes, marées, crues du fleuve) en différents points du territoire. Il intègre aussi la protection des biotopes et du patrimoine culturel, et vise à canaliser le mouvement des eaux plutôt qu’à s’y opposer frontalement. La protection des zones en risque d’inondation est assurée par le rehaussement des dunes, un réseau de digues à double niveau et une série d’ouvrages d’art pilotés par ordinateur. Le plus spectaculaire est un barrage anti-tempête situé sur l’Escaut (Oosterscheldekering)&nbsp;: long de 9 km, il recèle 62 portes-glissières en acier installées entre des piliers de 35 mètres de haut pesant chacun 18&nbsp;000 tonnes. Le port de Rotterdam est quant à lui protégé par un autre barrage anti-tempête en forme d’écluse géante, le Maeslantkering, haut de 22 mètres et dont chaque bras mesure 210 mètres de long. Au total, ce sont huit barrages, quatre barrages anti-tempêtes, une écluse géante et un système de digues mobiles qui ont été construits. Apr7s un demi-siècle, les ouvrages d’art ont tenu leurs promesses face à plusieurs dizaines d’événements météorologiques extrêmes – dont aucun n’a néanmoins égalé le cataclysme de 1953. Le Plan Delta est une des «&nbsp;sept merveilles du monde moderne&nbsp;» consacrées par l’American Society of Civil Engineers, au côté du canal de Panama et du tunnel sous la Manche. Mais rien n’est garanti pour l’avenir. Le système est contrôlé et renforcé en permanence sous la supervision de la Commission Delta&nbsp;: celle-ci se prépare à une montée des eaux de 4 mètres avant la fin du siècle prochain.
L’Histoire dira comment les deltas et métropoles portuaires du monde entier parviendront à se protéger du nouveau déluge en tirant les enseignements du système néerlandais. Le Groenland, qui sera sans doute devenu un immense lac glaciaire comme jadis celui de Missoula, servira alors de témoin de la folie des humaines – et de leur capacité de résilience face à l’adversité qu’ils ont eux-mêmes créée.
<h3>Extrait du livre de Thierry Lepercq, "Mégavagues - Scénario pour un monde post-carbone", publié aux éditions Dunod</h3>
<a href="https://www.dunod.com/megavagues-interview-thierry-lepercq" target="_blank" rel="noopener">Lien vers la boutique&nbsp;: cliquez ICI </a>et <a href="https://www.amazon.fr/M%C3%A9gavagues-Sc%C3%A9nario-pour-monde-post-carbone/dp/2100819615/ref=tmm_pap_swatch_0?_encoding=UTF8&amp;qid=1610881409&amp;sr=8-1" target="_blank" rel="noopener">ICI</a>
<a href="https://www.dunod.com/megavagues-interview-thierry-lepercq" target="_blank" rel="noopener"><img src="https://atlantico.imgix.net/c_9782100819614_9782100819614_1_c3532ee90b.jpg?auto=compress" alt="" width="600" height="904"></a>

Niveau des océans et risque de déluge : le nouveau défi de l’humanité mégavague environnement planète climat

Bonnes feuilles

Niveau des océans et risque de déluge : le nouveau défi de l’humanité mégavague environnement planète climat Thierry Lepercq

<h3>Atlantico.fr : Pourquoi l'Antarctique est-il un lieu int&eacute;ressant pour la recherche de m&eacute;t&eacute;orites ?</h3>
Olivier Sanguy : En d&eacute;pit des conditions tr&egrave;s rudes de ce continent, l&rsquo;Antarctique offre des &laquo;facilit&eacute;s&raquo; pour la recherche et la r&eacute;colte de m&eacute;t&eacute;orites. On cherche en effet des &laquo;petits cailloux&raquo;, g&eacute;n&eacute;ralement sombres, et on comprend qu&rsquo;on les rep&egrave;re mieux visuellement sur de la neige et de la glace ! Le climat garantit aussi une meilleure conservation par opposition &agrave; des m&eacute;t&eacute;orites trouv&eacute;es dans des d&eacute;serts chauds o&ugrave; elles peuvent &ecirc;tre alt&eacute;r&eacute;es si on les trouve tardivement apr&egrave;s leur arriv&eacute;e. Un article du CNRS de 2017 explique que si les zones d&eacute;sertiques sont logiquement favoris&eacute;es pour la recherche de m&eacute;t&eacute;orites, l&rsquo;Antarctique s&rsquo;av&egrave;re &ecirc;tre la r&eacute;gion la plus &laquo;productive&raquo;. Ce texte pr&eacute;cise que sur les 57 000 m&eacute;t&eacute;orites r&eacute;pertori&eacute;es par les scientifiques, 34 000 viennent de l&rsquo;Antarctique.
<h3>D'o&ugrave; proviennent la plupart de ces m&eacute;t&eacute;orites ?</h3>
La plupart des m&eacute;t&eacute;orites ont pour origine la ceinture d&rsquo;ast&eacute;ro&iuml;des situ&eacute;e entre Mars et Jupiter. Et cela dans une proportion tr&egrave;s large puisque l&rsquo;institution am&eacute;ricaine Smithsonian estime que 99% des m&eacute;t&eacute;orites sont issues de cette ceinture. Le 1% restant provient de Mars et la Lune pour l&rsquo;essentiel. Ce sont alors des impacts sur ces deux mondes qui &eacute;jectent des morceaux qui finissent par arriver sur Terre.
<h3>Que peut-on esp&eacute;rer de ces recherches pour nos connaissances scientifiques ?</h3>
Les m&eacute;t&eacute;orites sont des t&eacute;moins du pass&eacute; lointain. La Terre est un monde g&eacute;ologiquement actif, ce qui signifie que sa tectonique des plaques et son volcanisme finissent par tout bouleverser. &Agrave; cela s&rsquo;ajoute l&rsquo;&eacute;rosion (vent, pluie). Du coup, les roches terrestres peuvent &ecirc;tre des t&eacute;moins tr&egrave;s utiles du pass&eacute; de notre plan&egrave;te, mais des t&eacute;moins qui ont subi l&rsquo;outrage du temps qui passe et qui efface une partie de la m&eacute;moire. Les m&eacute;t&eacute;orites, m&ecirc;me si elles ont connu une rentr&eacute;e atmosph&eacute;rique qui les alt&egrave;re, offrent l&rsquo;occasion de remonter tr&egrave;s loin dans le temps, jusqu&rsquo;&agrave; la formation de notre Syst&egrave;me solaire. C&rsquo;est d&rsquo;ailleurs une des raisons pour lesquelles on m&egrave;ne des missions de retour d&rsquo;&eacute;chantillons d&rsquo;ast&eacute;ro&iuml;de. Au lieu de ramasser sur Terre ce qui tombe, on envoie une sonde pr&eacute;lever des &eacute;chantillons directement sur un ast&eacute;ro&iuml;de. C&rsquo;est qui a r&eacute;cemment &eacute;t&eacute; accompli par la mission japonaise Hayabusa2 qui ramen&eacute; sur Terre en d&eacute;cembre dernier 5,4 grammes de l&rsquo;ast&eacute;ro&iuml;de Ryugu. La mission am&eacute;ricaine OSIRIS-REx a pr&eacute;lev&eacute; des &eacute;chantillons d&rsquo;un autre ast&eacute;ro&iuml;de, Bennu, en octobre 2020. Le retour de ces &eacute;chantillons est pr&eacute;vu pour septembre 2023.
<h3>Trouve-t-on sur ces m&eacute;t&eacute;orites des mat&eacute;riaux sp&eacute;cifiques qui seraient peu pr&eacute;sents sur notre plan&egrave;te ?</h3>
On ne trouve pas des &eacute;l&eacute;ments inconnus comme on peut le lire dans certains romans de SF ou films. En revanche, on y d&eacute;niche des compositions typiques des d&eacute;buts du Syst&egrave;me solaire pour certaines. Les m&eacute;t&eacute;orites dites chondrites sont consid&eacute;r&eacute;es comme les mieux conserv&eacute;es, ce qui signifie que la composition des chondres qu&rsquo;elles contiennent (sortes de tr&egrave;s petites billes g&eacute;n&eacute;ralement inf&eacute;rieures au millim&egrave;tre) n&rsquo;a pas chang&eacute; depuis le d&eacute;but de leur formation voici 4,5 milliards d&rsquo;ann&eacute;es. En quelque sorte, elles ont &laquo;fig&eacute;&raquo; ce qui constituait la n&eacute;buleuse &agrave; partir de laquelle notre &eacute;toile s&rsquo;est form&eacute;e. On y trouve des min&eacute;raux hydrat&eacute;s. La proportion de ces &eacute;l&eacute;ments est du coup l&rsquo;&eacute;quivalent d&rsquo;un pr&eacute;l&egrave;vement de la n&eacute;buleuse protosolaire, ce qui permet de reconstituer le sc&eacute;nario de la formation du Soleil et de ses plan&egrave;tes. Les m&eacute;t&eacute;orites sont intimement li&eacute;es &agrave; la compr&eacute;hension de l&rsquo;origine de notre monde.

Science

Ce que les météorites découvertes en Antarctique nous apprennent sur les origines de la Terre Olivier Sanguy 

Atlantico.fr : Des scientifiques ont trouv&eacute; des organismes marins sur un rocher dans le sous-sol immerg&eacute; de l&rsquo;Antarctique &agrave; environ 900 m&egrave;tres de profondeurs. De quel type de vie parle-t-on ?
Marc Eleaume : D&rsquo;apr&egrave;s ce que je comprends, il s'agit d'images prises par une cam&eacute;ra suspendue au bout d'un c&acirc;ble qui traverse la banquise permanente au sud de la mer de Weddell. Ce que l'on voit sur le rocher vu par la cam&eacute;ra semble &ecirc;tre des &eacute;ponges, certaines sont p&eacute;doncul&eacute;es et d'autres sont plus classiques en forme de bol. D'autres organismes ne sont pas identifiables.
Il s'agit donc d'animaux qui vivent sur le fond des oc&eacute;ans et qui sont des filtreurs. Ils r&eacute;cup&egrave;rent leur nourriture en filtrant l'eau de mer qui les entoure.
Cet aspect est tr&egrave;s int&eacute;ressant car sous la banquise permanente il n'y a pas a priori de production primaire, c'est &agrave; dire de production de phytoplancton capable de nourrir les animaux qui filtrent. Ceci car la banquise permanente, qui ne fond jamais, forme un toit opaque au-dessus des fonds marins qui ne laisse pas passer la lumi&egrave;re. Et sans lumi&egrave;re, pas de phytoplancton, et sans phytoplancton c'est toute la cha&icirc;ne alimentaire qui est interrompue. Il faut donc imaginer d'autres processus qui permettent aux organismes de se nourrir. Il se pourrait que les courants marins puissent transporter des particules nutritives produites plus loin, l&agrave; o&ugrave; la lumi&egrave;re le permet. Il est possible aussi que de la mati&egrave;re organique d'origine bact&eacute;rienne soit consomm&eacute;e par ces organismes.
Le m&ecirc;me ph&eacute;nom&egrave;ne doit pouvoir expliquer la pr&eacute;sence de ces faunes a cet endroit. Les "invert&eacute;br&eacute;s" marins fix&eacute;s comme ceux-ci ne peuvent pas se d&eacute;placer et ne peuvent pas se diss&eacute;miner &agrave; l'&acirc;ge adulte. Ils le font par dispersion des larves qu'ils produisent. Les larves de ces organismes ont souvent une phase planctonique (elles se laissent transporter par les courant marins) et peuvent ainsi, selon leur temps de vie dans la colonne d'eau avant ce qu'on appelle le recrutement, c'est-&agrave; dire le moment o&ugrave; les larves se fixent sur un substrat pour commencer leur vie fix&eacute;e, franchir de tr&egrave;s longues distances. Souvent, ces larves sont flottantes et vivent leur phase planctonique pr&egrave;s de la surface. Or, dans le cas qui nous occupe, la surface n'est pas praticable &agrave; cause de la glace. Il faut donc imaginer que les larves de ces organismes n'atteignent pas la surface et ont peut-&ecirc;tre une densit&eacute; telle qui leur permet de rester entre deux eaux. Cependant, on sait que certaines &eacute;ponges sont capables de se reproduire par bourgeonnement, ce qui leur &eacute;vite de produire des larves dont les chances de recruter sont minces. D'autres organismes sont capables de conserver leurs larves pr&egrave;s du corps des adultes, les prot&eacute;geant ainsi des pr&eacute;dateurs et des al&eacute;as de la phase planctonique, tout en s'assurant que ces larves trouveront un habitat idoine pour se d&eacute;velopper. Il est donc possible d'imaginer plusieurs sc&eacute;narios non exclusifs les uns des autres, sc&eacute;narios qu'il conviendrait de tester par l'observation in situ de ces animaux.
&nbsp;
Atlantico.fr : Pourquoi cette d&eacute;couverte est-elle surprenante ? La vie est-elle si rare &agrave; ces profondeurs ?&nbsp;
Marc Eleaume : Il est vrai que la vie est plus rare a 900m qu'elle ne l'est dans la zone photique, moins profonde et o&ugrave; la lumi&egrave;re p&eacute;n&egrave;tre et permet la production primaire. Mais la vie existe a toutes les profondeurs, et ce que l'on voit sur les images n'est pas surprenant de ce point de vue. Non, ce qui surprend, ou plut&ocirc;t &eacute;veille l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t, c'est de voir les formes de vie qui existent sous la banquise permanente. Il est tr&egrave;s rare de pouvoir observer cette vie directement.
Il est vrai que des observations ont &eacute;t&eacute; r&eacute;alis&eacute;es il y a quelques ann&eacute;es, notamment par les allemands, dans la zone des Larsen (A, B et C), de l'autre c&ocirc;t&eacute; de la mer de Weddell, &agrave; l'est de la P&eacute;ninsule Antarctique. Les Larsen sont des plaques immenses de banquise permanente. Certaines d'entre elles se sont d&eacute;tach&eacute;es du continent Antarctique, lib&eacute;rant des zones qui avaient &eacute;t&eacute; prot&eacute;g&eacute;es par la banquise pendant des milliers d'ann&eacute;es. Les faunes observ&eacute;es &eacute;taient assez diverses et pour certaines d'affinit&eacute; profondes, un peu comme ce que l'on voit sur les images pr&eacute;sent&eacute;es ici. Par exemple, deux crino&iuml;des, Dumetocrinus antarcticus et Bathycrinus australis, tous deux appartenant a des groupes d'animaux connus pour vivre a grande profondeur, ont &eacute;t&eacute; observ&eacute;s dans des habitats dont la surface avait &eacute;t&eacute; occup&eacute;e par de la banquise permanente, dans la zone dite Larsen C.
&nbsp;
Atlantico.fr : Que sait-on &agrave; ce jour des conditions de vie dans ces conditions extr&ecirc;mes ?&nbsp;
Marc Eleaume : On sait peu de choses sur les conditions de vie dans ces milieux profonds prot&eacute;g&eacute;s par la glace permanente. Il faut imaginer que la nourriture y est amen&eacute; par advection des courants et que les larves qui recrutent sur les rochers que l'on voit sur les images sont aussi transport&eacute;es par advection des courants. On imagine aussi que ces &eacute;cosyst&egrave;mes sont tr&egrave;s stables. La temp&eacute;rature y varie peu, non plus que la salinit&eacute;, ou les autres param&egrave;tres physico-chimique de l'oc&eacute;an. La lumi&egrave;re ne joue pas de r&ocirc;le direct non plus. Il est donc imaginable que la perte de la banquise permanente constituera, si cela arrive, un &eacute;v&eacute;nement perturbateur majeur pour ces &eacute;cosyst&egrave;mes. il y sera introduit notamment une variation accrue des param&egrave;tres donn&eacute;s ci-dessous. Nous ne savons pas a priori quelle serait la capacit&eacute; d'adaptation des faunes a ces nouveaux param&egrave;tres, mais il y a fort a parier qu'elles seront assez limit&eacute;es, mettant en danger l'existence m&ecirc;me de ces &eacute;cosyst&egrave;mes et des communaut&eacute;s qui y vivent.
&nbsp;
Atlantico.fr : A-t-on d&eacute;j&agrave; eu des d&eacute;couvertes de ce genre par le pass&eacute; ?
Marc Eleaume : Ce qui me semble int&eacute;ressant ici, c'est qu'il existe tout autour de l'Antarctique des propositions de mise en place d'Aires Marines Prot&eacute;g&eacute;es (AMP) qui permettraient d'augmenter le niveau de protection de l'oc&eacute;an Austral (l'AMP de la R&eacute;gion de la mer de Ross est d&eacute;j&agrave; accept&eacute;e depuis 2016, une autre est en discussion qui concerne l'est Antarctique et qui inclut la Terre Ad&eacute;lie et une autre encore concerne la P&eacute;ninsule Antarctique, cette zone de l'oc&eacute;an Austral qui subit le plus fortement les effets des changements climatiques). Il existe deux propositions &agrave; l'&eacute;tude par la CCAMLR (Commission pour la conservation de la faune et la flore marines de l'Antarctique) concernant la mer de Weddell. Ces AMP incluent les zones occup&eacute;es par la banquise permanente. Les images qui sont montr&eacute;es ici d&eacute;montrent l'existence d'une faune particuli&egrave;re, que l'on peut imaginer plus diverse encore, qu'il faut se donner les moyens de prot&eacute;ger et d'&eacute;tudier. Les AMP sont des outils puissants qui peuvent permettre de soutenir la r&eacute;silience des &eacute;cosyst&egrave;mes fragiles de l'antarctique, et notamment les &eacute;cosyst&egrave;mes peu connus qui existent sous la banquise permanente.&nbsp;

Des scientifiques découvrent une forme de vie en Antarctique que l’on n’aurait jamais penser trouver sous 800 mètres de glace

Surgelées

En utilisant des images satellites permettant de repérer et tracer les déjections des manchots, des chercheurs estiment maintenant qu'il existe un total de 61 colonies de manchots empereurs en Antarctique, d'après des informations de Science News.&nbsp;Des zones ou des déjections de manchots&nbsp;ont été repérées dans de nouvelles images satellites haute résolution de l'Antarctique ont permis de révéler une poignée de petites colonies de manchots empereurs qui avaient été auparavant négligées.

Peter Fretwell, géographe au British Antarctic Survey à Cambridge, a dévoilé ces résultats et ces travaux dans Remote Sensing in Ecology and Conservation.

Ces nouvelles colonies se trouvent dans des régions très vulnérables au changement climatique.&nbsp;

Cette étude est la première à décrire ces sites de reproduction au large des côtes&nbsp;pour les manchots.&nbsp;Les empereurs sont la seule espèce de manchots qui privilégie la glace de mer comme environnement pour se reproduire, ce qui les rend particulièrement vulnérables au réchauffement climatique. Les 11 nouvelles colonies se trouvent ainsi toutes sur des zones à risque menacées par la fonte des glaces, selon l'alerte&nbsp;des chercheurs.

Pour repérer les colonies, les chercheurs ont numérisé des images capturées par le satellite Sentinel-2 de l'Agence spatiale européenne, à la recherche de taches révélatrices d’excréments sur la neige de l’Antarctique.

Le lancement du satellite Sentinel de l'Agence spatiale européenne, avec une résolution beaucoup plus fine a permis de contribuer à ces&nbsp;découvertes.&nbsp;

<a href="https://www.atlantico.fr/decryptage/2009069/pourquoi-observer-les-excrements-de-pingouins-depuis-l-espace-pourrait-bien-leur-sauver-la-vie-" target="_blank">A lire aussi :&nbsp;Pourquoi observer les excréments de pingouins depuis l'espace pourrait bien leur sauver la vie</a>

Antarctique : de nouvelles colonies de manchots empereurs ont été découvertes grâce à des clichés pris depuis des satellites déjections excréments images satellites

Ecosystème

Après y avoir échappé pendant des mois, l'Antarctique est devenu le dernier des sept continents terrestres touchés par le coronavirus selon un communiqué de l'armée chilienne cité par Newsweek.

36 personnes stationnées dans une&nbsp;base de recherche chilienne&nbsp;en Antarctique, nt récemment été testées positives au COVID-19. Parmi elles on trouve&nbsp;26 membres de l'armée chilienne et 10 employés civils.

La marine chilienne a également indiqué lundi que trois membres d'équipage d'un navire qui fournissait un soutien logistique à la base antarctique avaient été testés positifs&nbsp;

Les 36 ont depuis été évacués vers la ville de Punta Arenas, située sud du Chili, où ils seraient isolés et en bon état. Le personnel de la base a été remplacé par une nouvelle équipe&nbsp;qui avait été mise en quarantaine et testée avant&nbsp;leur voyage.

Covid-19

<h3 class="s2">Atlantico&nbsp;: Le projet à but non lucratif Arctic Ice Project, basé en Californie voudrait disperser une fine couche de poudre de verre réfléchissante sur certaines parties de l'Arctique, dans le but de la protéger des rayons du soleil et d'aider la glace à se reconstituer. Ce mécanisme pourrait-il s'avérer efficace pour lutter contre la fonte des glaces de l'Arctique et pour réduire le réchauffement climatique ?</h3>

François Gervais&nbsp;: Le verre est transparent aux rayons du soleil. Lorsqu’il fait très chaud, on ne trouve pas la fraîcheur en restant derrière une vitre exposée au soleil. Cela s’appelle l’effet de serre. Mettre la glace de l’Arctique «&nbsp;sous serre&nbsp;» apparaît passablement contre-intuitif.

La superficie de banquise arctique varie saisonnièrement d’environ 15 millions de kilomètres carrés à la fin de l’hiver à 4 à 5 millions de kilomètres carrés à la fin de l’été. Le «&nbsp;revêtement&nbsp;» ne devrait concerner ainsi qu’un tiers à un quart de la banquise, minimisant l’impact si tant est qu’il s’avère efficace. Le «&nbsp;revêtement&nbsp;» serait enfoui sous la neige ou dispersé par les tempêtes en hiver. Il faudrait donc le renouveler chaque été.

Par ailleurs, si l’extension de la banquise à son minimum estival a effectivement diminué depuis qu’on la mesure par satellite depuis 40 ans, c’est pour retrouver une valeur déjà observée auparavant, dans les années 1945, comme le montrent Alekseev et coauteurs (Int. J. Climatology 36, 3407–3412 (2016)), suggérant une composante naturelle au changement climatique. Parallèlement, la banquise antarctique, elle, augmente en moyenne de 11300 kilomètres carrés par an depuis 40 années qu’on la mesure par satellite (Parkinson doi: 10.1073/pnas.1906556116). Elle a retrouvé à la fin de cet hiver austral une extension supérieure à la moyenne après trois années où elle restait moindre.

<h3 class="s2">La géo-ingénierie pourrait-elle être une solution face au réchauffement climatique ?</h3>

Si la France semble avoir connu un réchauffement supérieur à la moyenne mondiale qui est d’à peu près 1°C, ce n’est pas le cas en Antarctique comme déjà évoqué, ou en Amérique du Nord par exemple qui a plutôt tendance à se refroidir (Z. Gan et coauteurs Earth &amp; Space Science 6, 387-397 (2019)).

Peindre en blanc les surfaces construites comme le font déjà les habitants des pays chauds en badigeonnant les terrasses à la chaux, méthode peu coûteuse et facilement généralisable, augmenterait plus sûrement l’albédo de la planète que la méthode peu convaincante de l’Arctic Ice Project.

<h3 class="s2">"Jouer" ainsi avec la nature représente-t-il un danger pour la planète et générer d'autres effets néfastes ?&nbsp;</h3>

Selon les estimations de l’Arctic Ice Project, couvrir 4 millions de kilomètres carrés de banquise supposerait au moins 50 millions de tonnes de poudre de verre chaque année. Cela pose la question de la pureté du matériau pour éviter toute pollution. La fabrication, l’acheminement et l’épandage d’un tel tonnage, plus généralement le gigantisme de l’opération, ne serait certainement pas innocent et sans nuisances environnementales. Gageons que la faune locale, ours blancs et phoques, les premiers étant grands consommateurs des seconds, n’apprécierait guère une telle invasion saisonnière de leur habitat naturel…

Atlantico Green

L'âge de glace

International

L'âge de glace

Un iceberg de la taille de Paris se détache de l'Antarctique

À Lire Aussi

Le sujet vous intéresse ?

Mots-Clés

Thématiques