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Une green card pour les greenlandais ?
©Reuters

Fusions-acquisitions

Si j’étais Groenlandais, je ne trouverais pas la proposition de Trump si grotesque...

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Cette proposition de rachat du Groenland par les Etats-Unis, si elle fait marrer tout le monde par syllogisme principiel (c’est une idée de Trump ; Trump est con ; c’est donc une idée à la con), doit tout de même faire gamberger quelques-uns des rares habitants de cet immense désert glacé où une soirée à se bourrer la gueule au pub est à peu près la seule distraction envisageable en rentrant de la pêche à la crevette dans la nuit permanente…

Je sais bien qu’il est de bon ton, depuis Paris, de louer l’admirable rusticité du mode de vie des « peuples premiers » que l’on prend en photo pendant ses vacances (« Ah, ils sont bien les plus heureux ! », « Dans le fond, c’est eux qui ont raison : si je m’écoutais, j’enverrais tout balader pour devenir chasseur de phoques moi aussi... »), mais ils ne sont pas nombreux, nos urbains qui assurent pourtant rêver d’un jardinet couvert de permafrost, à courir s’établir en terre Adélie — le mini Groenland gaulois.

Je n’y suis jamais allé (au Groenland s’entend, mais je ne connais pas la terre Adélie non plus), mais je veux bien parier que chez les jeunes locaux en échec scolaire (ils sont 62 % à quitter l’école sans aucun diplôme, même la France n’en est pas encore là) qui tiennent les murs à Nuuk (17 894 âmes avec sa banlieue, soit le tiers de la population totale du pays), la possibilité d’être métamorphosés en ados yankees saturés de McDo par simple virement bancaire n’est pas si effrayante.

Tiens, même la perspective de l’érection d’une Trump Tower au milieu de leurs maisonnettes à toit de tôle ondulée doit les faire fantasmer (bon, d’un autre côté, les ados, le simple mot « érection » les fait fantasmer).

Et de toute manière, avec le taux de suicide le plus élevé au monde, devenir américain vaut toujours mieux que de se pendre au mat d’un chalutier...

Quant aux Danois, sous la tutelle desquels l’île est placée en contrepartie du versement d’une allocation annuelle de 700 millions de dollars, ils ont beau s’indigner, ils avaient déjà vendu les Iles Vierges à un ancêtre de Trump pour 25 millions de dollars et ça n'avait pas fait tant de barouf. La greencard des greenlandais, c'est juste une affaire de greenbacks, quoi...

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