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Un mois après le référendum où en est le Brexit ?
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Le Brexit n'a pas entraîné catastrophe majeure annoncée, ni fait souffler un vent de liberté qui emmène tout sur son passage. Une chose semble certaine : rien n’était préparé, ni du côté britannique ni du côté européen.

Alain Pitous

Alain Pitous

Alain Pitous, Directeur Général Adjoint Associé de Talence Gestion (@alainpitous).

Talence Gestion est une société de gestion de portefeuille indépendante spécialisée dans la gestion sous mandat pour les particuliers et la gestion de fonds commun de placement en actions.

Précédemment, il a été pendant 5 ans (2009-2014) Deputy CIO d’Amundi (850 Milliards d’Euro sous gestion) et gérant du fonds Amundi Patrimoine de 2012 à juillet 2014.

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Loin des discours « extrémistes » de la campagne : il n’y a eu ni catastrophe majeure, ni souffle de liberté qui emmène tout sur son passage. Une chose semble certaine : rien n’était préparé, ni du côté britannique ni du côté européen. Comme toujours nous préconisons, pour évaluer les possibilités d’investissements, une analyse pragmatique des faits et des chiffres loin des dogmes et des idées préconçues dévastatrices en ce qui concerne la gestion.

La nouvelle Premier ministre, Mme T. May, veut se donner du temps pour fixer sa stratégie. Cela semble incontournable mais, comme on ne sort de l’ambiguïté qu’à ses dépens, cela s’annonce périlleux : le ministre en charge du Brexit est un « ultra-libéral », un partie des pro-Brexit souhaite plus de protection et de partage de richesses, une autre veut un contrôle sévère de l’immigration, l’Ecosse veut rester dans l’Europe et a voté en ce sens… Difficile de trouver une ligne claire qui satisfasse tout le monde, même au sein des pro-Brexit.

Plusieurs scénarios sont possibles :

1-      Un divorce sanglant. Poussés par leurs opinions publiques, Britanniques et Européens ne se mettent d’accord sur rien ou presque. Les blocages s’empilent. Progressivement, les Britanniques signent des accords bilatéraux avec les 27 états européens. L’activité commerciale met plusieurs années à retrouver son rythme des années 2014-2015. La Livre et une politique fiscale accommodante permettent aux britannique de compenser, un peu, l’effet récessif que tout cela provoque. La City et quelques sociétés exportatrices profitent de la situation mais l’immobilier et la consommation des ménages sont rudement pénalisés. Ce scénario est très douloureux sur le plan boursier pendant les années de négociations.

2-      Une rupture propre. C’est le scénario idéal pour tout le monde sur le plan économique. Les Britanniques peuvent gérer la transition et les européens parlent d’une voix. Les acteurs économiques savent ce qui les attend, les accords commerciaux sont signés rapidement, l’effet négatif est donc limité dans le temps. Cela ne règle ni le problème de l’Ecosse ni les problèmes de libre circulation des personnes et peut donc générer des tensions politiques. En attendant sur le plan boursier c’est le meilleur scénario.

3-      Le Brexit passe à la trappe. Ce scénario reste possible (étant donné que plus rien ne nous étonne, nous sommes contraints d’envisager des choses apparemment improbables). L’Ecosse pourrait bloquer le processus ou bien l’article « 50 » déclenchant officiellement le Brexit n’est jamais actionné ou bien les tensions politiques s’exacerbent, de nouvelles élections sont organisées et portent au pouvoir une équipe ayant clairement annoncé qu’elle n’actionnerait pas l’article 50. Ce scénario d’incertitude peut durer des mois et est peu favorable sur le plan boursier au moins pendant la phase de doute.

Cela fait donc 2 scénarios sur 3 défavorables pour les marchés financiers et le scénario « raisonnable », même s’il le plus favorable pour tout le monde, repose sur des facteurs politiques…il est donc périlleux d’y faire reposer une stratégie d’investissement.

En attendant d’y voir plus clair, chacun fait ses calculs et analyse les premières conséquences du Brexit. Côté européen, nous sommes très loin de la catastrophe systémique. Les impacts à court-terme seront au pire de 0.1-0.2% pour l’économie européenne. Rien de dramatique. Pour l’économie britannique la situation est plus sombre. En unmois ce sont déjà près de 40 Milliards de Livre qui ont quitté le pays. Ce rythme n’est pas soutenable. De plus les enquêtes publiées ces derniers jours sont médiocres.

Sur l’immobilier : les demandes de renseignements sont en recul de 43% par rapport à l’an passé. Cela ne présage rien de bon.

Les intentions d’investissements : que ce soit dans les services ou l’industrie, les enquêtes confirment et amplifient la tendance à la baisse observée depuis quelques mois.

Les annonces d’emplois : les premiers jours post-référendum ont vu un effondrement des publications de recherche de personnel. Depuis, la situation est pratiquement revenue à la normale.

Confiance des entrepreneurs : Sur cette donnée on constate un réel effondrement, les niveaux connus pendant la crise de 2008 sont presque atteints ! Cet indicateur est inquiétant pour l’économie britannique dans les prochaines semaines.

Confiance des consommateurs : le pourcentage de la population britannique pensant que la situation économique va se dégrader a fortement augmenté. C’est aussi un facteur clé à surveiller pour anticiper la consommation des ménages. A court-terme ce n’est pas favorable. Les chiffres de fréquentation des magasins ces derniers jours confirment cette sensation.

A court-terme, l’incertitude provoquée par le résultat du référendum est préjudiciable à l’économie britannique et il n’est souhaitable pour personne que la situation de flou actuelle perdure. A plus long-terme (2017-2018), 2 scénarios sur 3 génèrent des risques sur le plan boursier.

Nous restons donc à l’écart du marché britannique pour le moment, aucun secteur n’a suffisamment baissé ou offre un potentiel de performance satisfaisant pour nous à court-terme. 

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