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Quand Shakespeare se les roule et quand le gris se nuance de légèreté : c’est l’actualité des montres un vendredi 13
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Atlantic Tac

Mais aussi la fureur mécanique en quatre valves horaires, une Connected qui est bien plus qu’une montre connectée, le retour lumineux d’un émigrant suisse et une horlogerie de luxe à la dérive…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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TAG HEUER : Une montre peut en cacher une autre…

La troisième génération des montres connectées de TAG Heuer vient d’être lancée à New York, juste avant que le président Trump n’abaisse le rideau de fer pour protéger les Etats-Unis du Covid-19 : c’est ce qu’on appelle avoir de la chance ! Et c’est peut-être de bon augure pour cette Connected d’ascendance suisse, qui débarque sur un marché archi-dominé par l’Apple Watch californienne [dont il se vend désormais chaque année plus d’exemplaire que ne produisent de montres toutes les marques suisses réunies] et ses concurrentes coréennes ou chinoises, sans parler des montres sportives proposées par Garmin. Principal atout de cette Connected, qui se présente dans un boîtier en titane de 45 mm (version acier possible) : elle ressemble à une montre classique, elle est dessinée comme une montre mécanique, avec un soin apporté au moindre détail qui sent son horlogerie de luxe, et elle est même tarifée comme une montre de luxe (autour de 1 700 euros). On peut donc la considérer comme une montre traditionnelle, sauf que c’est aussi une montre connectée à part entière avec toutes les fonctions utiles et indispensables à toute smartwatch digne de ce nom ! Ce qui change tout : on porte ainsi au poignet une montre élégante et portable qui n’est pas aussi galvaudée que l’Apple Watch et qui est beaucoup plus « urbaine » et civilisée que les instruments Garmin. Cette Connected permet ainsi de changer de « cadran » (qui n’est qu’un écran tactile d’une superbe définition) aussi souvent qu’on change de bracelet, tout en jouant avec son GPS, en effectuant des paiements sans contact, en surveillant son activité physique [les applications dédiées à des sports comme le golf méritent le détour : enfin, une vraie montre pour jouer au golf !], en écoutant de la musique ou en recevant des notifications de son téléphone. TAG Heuer défriche ainsi une troisième voie entre les montres de santé (Apple) et les montres d’activité (Garmin) : un exemple à suivre pour les marques suisses ?

MONDAINE : Tant de nuances de gris…

Célèbre pour ses cadrans dérivés des fameuses pendules ferroviaires suisses [cadrans qui avaient d’ailleurs inspiré ceux des horloges de l’iPad d’Apple], la maison Mondaine a pris depuis deux ans un impressionnant dans le développement durable et l’éco-responsabilité. Les nouveaux boîtiers d’un très beau gris sont fabriqués à partir de matériaux recyclés, de même que les bracelets déclinés dans quatre nuances de gris (ces bracelets sont intérieurement revêtus d’un liège très doux au toucher). Même les mouvements veillent à la recyclabilité de leurs composants. Les cadrans minimalistes de cette collection Swiss Made reprennent le design fétiche qui orne tous les quais des gares suisses, sans oublier l’aiguille des secondes marquée par une palette rouge. Plus sobre, plus simple et plus facile à porter, tu meurs ! Très légères par leur impact sur notre environnement, ces montres (41 mm ou 32 mm) le sont aussi par leur poids très agréable au poignet (elles ne pèsent rien), mais encore par leur prix, plus qu’accessible (moins de 200 euros)…

ZENITH : Des montres nées d’une passion shakespearienne…

Le flirt permanent entre les marques horlogères suisses et les cigares cubains n’a jamais poussé aussi loin qu’avec Zenith, qui persiste et qui signe en dépit des injonctions du sanitairement correct. C’est en hommage aux cigares Romeo y Julieta d’Habanos (la firme cigarière cubaine) que Zenith propose une édition spéciale cette paire de montres Elite Moonphase. Pour Romeo y Julieta, maison cubaine qui fête son 145e anniversaire, on ne pouvait pas rêver mieux que ce couple de boîtiers (40,5 mm pour Romeo et 36 mm pour Julieta) aux couleurs très réussies – les Suisses sachant compter, il n’y aura que 145 exemplaires de chaque coffret de série. Les mêmes Suisses ne manquant pas de goût pour la poésie, l’affichage des phases de lune fait référence aux nuits qui abritaient le secret des amours de Roméo et Juliette. Au fait, pourquoi une manufacture cubaine de cigares a-t-elle pris le nom d’un drame de Shakespeare ? Au XIXe siècle comme de nos jours, dans les ateliers de la Havane où cigariers et cigarières « roulaient » leurs cigares, la tradition était de lire à haute voix des chefs-d’œuvre de la littérature classique : on dit – l’histoire est sublime – que ces « rouleurs » de cigares avaient le pouvoir de transmettre à leurs vitoles la passion que leur inspiraient ces textes qu’ils écoutaient avec attention…

MECCANICHE VELOCI : Des fuseaux, des valves et des pistons…

Comme son nom (« mécaniques rapides ») ne l’indique pas, cette marque indépendante d’origine italienne est à présent fièrement suisse, et même genevoise. Elle ne renie cependant pas sa génétique latine, comme le petit clin d’œil au « jaune de Modène » (traduisez « Ferrari ») d’un des compteurs. Le style est très automobile, avec un boîtier en forme de « piston » (49 mm de diamètre, ce n’est pas pour les jeunes filles !), dont les quatre valves seraient autant de cadrans pour afficher différents fuseaux horaires, qu’on peut régler indépendamment les uns des autres par la couronne qui leur correspond. Même inspiration automobile pour le « bouchonnage » qui enserre ces compteurs. En revanche, le « moteur » automatique de cette FuoriGiri est très horloger et il est même exclusif puisqu’il est capable de gérer simultanément les quatre fuseaux horaires. Le style est assez brutal, mais cette montre est un fantastique outil relationnel : quand vous l’avez au poignet, forcément, on vient vous en parler. Ces sacrés Italiens savent y faire !

LOUIS CHEVROLET : Un passage de l’ombre à la lumière…

Cette nouvelle marque indépendante suisse cherche son chemin depuis quelques années, sans forcément le trouver en dépit d’une opiniâtreté digne d’être saluée. Cette fois, la proposition est plus convaincante : lancée par une campagne Kickstarter au prix plutôt bien placé à partir de 350 euros (avec deux bracelets), cette collection Frontenac bénéficie non seulement d’un design original, mais aussi d’un usage original de la luminescence pour rendre la date et les heures et la date particulièrement visibles dans la pénombre, tout en apportant une originale touche de style contemporain à la montre. On parle ici d’une date « volante » : le chiffre de cette date est fixe, mais c’est un index lumineux qui « vole » autour de ces chiffres pour afficher la bonne date (ci-dessous et en bas de la page en vision nocturne). Avec un boîtier de 43 mm et un mouvement automatique, cette Frontenac Swiss Made entame son parcours sans la moindre faute de goût. Vous pensiez que Chevrolet était le nom d’une marque de voiture américaine ? C’est vrai, mais ce nom était celui de Louis Chevrolet, pilote de course et constructeur automobile du début du XXe siècle, qui était originaire de La Chaux-de-Fonds, le cœur de la Suisse horlogère, et qui avait émigré aux Etats-Unis…

BON À SAVOIR : En vrac, en bref et en toute liberté…

Rien ne va plus pour les montres suisses, victimes d’une chronapocalypse particulièrement destructrice : leurs meilleurs clients chinois (qui achetaient un peu partout dans le monde 70 % de la production Swiss Made) sont aux abonnés absents, que ce soit dans les boutiques sur place ou dans les destinations touristiques. Après deux mois de ventes réduites à des niveaux jamais vus depuis la Seconde Guerre mondiale, les manufactures ont vu fondre leur trésorerie, alors que la paralysie générale des transports aériens les empêche d’aller présenter leurs nouveautés sur les marchés. Comme les salons horlogers du printemps ont été annulés à Bâle comme à Genève, chacun s’apprête à enregistrer un premier semestre « blanc », certains parlant même de 2020 comme d’une « année sabbatique ». Les valeurs horlogères se trouvent particulièrement dépréciées sur les marchés boursiers. Bref, cette chronapocalypse fait redouter l’arrivée d’un cycle de « vaches maigres » qui succèderaient aux « vaches grasses » du précédent âge d’or, quand la « bulle chinoise » laissait penser aux horlogers suisses qu’ils allaient tutoyer les étoiles. On va en revenir à des montres « normales » pour des gens « normaux » qui les achètent à des prix « normaux ». Qui s’en plaindra ?

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004... 

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