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Quand le faucon glisse sur les minutes et quand la fée porte une orange de feu : c’est l’actualité vendémiaire des montres
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Atlantic Tac

Mais aussi le bronzage d’une plongeuse rescapée, les heures d’un roman policier, le barillet qui ne tourne pas rond et l’or rose d’une sportive pleine de chic…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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FUGUE : La clé de l’énigme…

Il n’est pas si fréquent de voir les marques de montres s’appuyer sur la littérature pour promouvoir leurs nouveautés. La jeune maison indépendante française Fugue entend malgré tout rendre hommage au roman policier – et plus généralement à la lecture – à travers cette montre Fiction One dont l’affichage « mystérieux » évoque les énigmes de la littérature policière au sens large. Le « mystère » réside dans des aiguilles qui ne semblent pas reliées au centre de la montre et qui paraissent « flotter » sur le cadran : comme il convient pour ces romans et pour ne pas gâcher votre plaisir, on ne va pas vous dévoiler ici la clé de cette énigme ! Le cadran légèrement fumé épaissit encore le mystère de cette Fiction One à mouvement automatique suisse, qu’on peut déjà commander en souscription sur Kickstarter au prix canon de 195 euros [à l’heure où paraît cette chronique, cette option magique sera déjà épuisée], puis de 395 euros – le prix public sera aux alentours des 700 euros. Une partie des ventes de cette collection sera affectée au financement des projets de Bibliothèques sans frontières, qui œuvre à procurer des livres aux populations qui en sont démunies. Si, en plus, c’est pour une bonne cause, il n’y a plus aucune raison de ne pas craquer…

VAN CLEEF & ARPELS : Le bestiaire fantastique…

Ce n’est pas une montre qui fait tic-tac, mais un chef-d’œuvre au sens compagnonnique du terme : il s’agit d’une pièce unique (actuellement visible à l’exposition « Pierres précieuses » du Muséum d’histoire naturelle, à Paris) destinée à illustrer l’excellence de la maison Van Cleef & Arpels dans les beaux-arts de la haute joaillerie. Ce Rocher aux merveilles est un poème lapidaire qui associe quelques précieux « cailloux » (un sol de quartz bleu, une montagne de lapis-lazuli, des cristaux de tourmalines multicolores) à une faune et à une flore fantastique (une chimère, une licorne, deux fées, des corolles de fleurs, une cascade de diamants et de saphirs). À chacun de se raconter, telle qu’il la sent, l’histoire de ce Rocher et de ses merveilles, transformables en bijoux détachables (clips, bracelets, colliers, bague). Passons – en saluant la performance – sur les 6400 heures de travail nécessaires pour finaliser cette pièce (plus de 4700 heures pour la seule joaillerie, plus de 1200 heures pour le sertissage et près de 500 heures pour le polissage) pour rêver de l’heureuse femme qui aura le bonheur de vivre avec ce Rocher aux merveilles dans son dressing et qui saura, au fil des jours, en détacher la Licorne pour la porter en clip, accrocher la tête de la Chimère à un bracelet, enfiler la très changeante bague de tourmaline ou porter en pendentif la fée Ostara et sa spessartite d’un orange de feu. On préfère ne pas vous avouer le prix de ce Rocher onirique…

ETERNA : Une plongeuse bien bronzée…

Certaines maisons horlogères sont agaçantes : alors qu’elles auraient tout pour réussir, elles s’ingénient soit à ne rien faire, soit à tout faire de travers. Récemment passée entre les mains d’actionnaires chinois pas vraiment portés sur l’exercice de leurs responsabilités managériales et assez peu regardants sur la dignité des marques qu’ils gèrent, la manufacture Eterna est ainsi tombée en perdition alors qu’elle possède un des plus enviables patrimoines horlogers du paysage suisse. Tout espoir semblait perdu quand, soudain, voici que réapparaît, surgie de nulle part, une superbe « plongeuse » KonTiki en bronze, parée d’un cadran bleu grenée de toute beauté. Les index et les aiguilles dorés, ainsi que les indications de la lunette tournante, s’assortissent avec élégance au bleu de cette montre étanche à 200 m (boîtier de 44 mm) dont il n’existera que 300 exemplaires. Comme quoi il ne faut pas désespérer, même des marques les plus désespérantes…

BARILLET : Pas question de tourner en rond…

Encore une jeune marque indépendante française ! Quoique son nom sonne franglais – Barillet Factory – et qu’il se revendique de la tradition horlogère Swiss Made tout en faisant appel à des ressources industrielles lointaines, cet atelier horloger s’est installé au Mans (Sarthe), avec la ferme intention de ne pas faire de montre ronde : « Rond n’est pas une option ». Effectivement, la nouvelle série Superpunk Skeleton Master+ [toujours ce franglais ridicule !] s’offre un boîtier en acier de 45 mm aux formes inhabituelles, avec une lunette brossée à six pans, un cadran qui donne dans le carré cambré et des lignes qui ne donnent pas dans la symétrie classique tout en ayant une vraie personnalité. Même la couronne de remontage refuse la classique rondeur de ses concurrentes. Seules les heures, les minutes et les secondes de cette punkette horlogère acceptent de tourner rond, grâce à un mouvement automatique « squeletté » dans le goût d’une certaine haute horlogerie. Cette proposition originale a un côté évidemment moins punk que baroque et elle se négocie autour des 4 900 euros. Une montre tricolore et décalée…

URWERK : Des chiffres qui se défilent…

Si l’affichage « satellitaire » qui fonde l’identité des montres Urwerk [le pointeau mobile qui porte le chiffre de chaque heure défile inlassablement sur le segment des minutes] reste identique dans son principe, cette UR-220 Falcon Project (voir la vidéo ci-dessous) est cependant pleine d’imprévus. Hier volontairement « brutales » et massives, les lignes ont été délicatement affinées par la création de décrochages et de méplats qui allègent visuellement ce boîtier de 43 mm de largeur, taillé dans un bloc de carbone haute résistance (une première chez Urwerk) dont la trame concentrique souligne les lignes cambrées de la montre. Au dos de la montre, un affichage insolite : une jauge numérique qui prend en compte toutes les heures de fonctionnement du mouvement et qui va donc indiquer le moment opportun pour effectuer un service de révision (généralement au bout de 40 mois de bons et loyaux services). Chaque détail compte, notamment le nouveau bracelet en caoutchouc (encor une première pour Urwerk), nano-texturé, puis cousu et fini main. Ce « jouet de garçon » est aussi exceptionnel par son esthétique rupturiste que par son prix (comptez dans les 145 000 euros), mais c’est un concept horloger qui marquera le début du XXIe siècle, quoiqu’il s’enracine dans une tradition « satellitaire » (défilement des chiffres portés par des « satellites ») qui remonte aux grands maîtres de l’horlogerie mécanique du XVIIIe siècle…

BELL & ROSS : La vie en rose…

Dans la série des BR 05, atout maître de la maison Bell & Ross sur le terrain très disputé du nouveau « sport chic », voici la version Blue Gold – « bleu et or » : pourquoi une marque on ne peut plus française a-t-elle honte de parler français ? L’or rose subtilement poli et satiné accroche la lumière sans chercher à éblouir, en concentrant l’attention sur le bleu profond mais sans froideur du cadran. Aiguilles, chiffres et appliques réchauffent de ce même rose doré un composé luminescent qui rend la montre très lisible dans la pénombre. L’option sobre sera le bracelet en caoutchouc du même bleu que le cadran, mais on aime l’option plus cossue d’un bracelet en or, à maillon central, superbement dessiné et surtout d’une belle souplesse au poignet. En 40 mm, cette montre Swiss Made à mouvement automatique est une des plus belles « sportives chic » du marché : dans son style ni rond, ni carré (prévoir tout de même une addition supérieure à 30 000 euros), c’est une bourgeoise délurée qui cache bien son jeu…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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