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Quand la vieille dame se repoudre les années et quand les papillons ne se cachent pas pour mourir : c’est l’actualité des montres à la veille du printemps
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Atlantic-tac

Mais aussi des « petits Suisses » qui voient grand et des « petits Français » qui vont loin, du bronze à l’italienne pour une élégance minimaliste et un crâne qui pompe des heures philosophiques…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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DEPANCEL : Les nouveaux horlogers français sont des petits malins…

La jeune classe horlogère française, c’est la bébête qui monte, qui monte, qui monte… Déjà triomphant lors du lancement de la nouvelle marque Koppo (cadrans en bois du Jura) sur Kickstarter, où il avait glané 180 000 euros, Clément Meynier vient de se lancer dans une seconde campagne, cette fois pour la nouvelle marque Made in France Depancel, qu’il a voulu inspirée par l’automobile : Depancel, c’est la contraction de Delage, Panhard et Facel-Vega, trois des plus fameuses références de l’histoire automobile française. À quelques détails (le mouvement est japonais), la montre est française, puisqu’assemblée en Franche-Comté. À peine mise en place sur Kickstarter, la souscription a déjà dépassé les 150 000 euros (alors qu’il reste un mois de campagne) et elle devrait allègrement franchir le cap des 300 % à 400 % de résultat : il faut dire que la proposition est non seulement éthique [on fait travailler les professionnels français de l’horlogerie], mais aussi alléchante, avec des montres garanties à vie qui démarrent à 280 euros avec un mouvement automatique [quelles « grandes marques » suisses proposent une telle garantie à vie ?]. Après la nouvelle montre française du président Macron, cette Depancel prouve que les « petits Français » ont du génie…

MATHEY TISSOT : Les « petits suisses » ne se débrouillent pas trop mal…

La vénérable marque Mathey Tissot (née en 1886, soit 132 ans au compteur) se relance en s’offrant une cure de jeunesse côté style et côté design. Cette montre Edmond AM1886 est Swiss Made, la taille modérée (42 mm), le mouvement mécanique à remontage manuel [tout est fait pour qu’on le remarque, notamment les ouvertures du cadran sur le Calibre 98] et la réalisation résolument classique, avec guillochage, chiffres romains et PVD or rose dans le goût des montres de poche du XIXe siècle. Même si la montre est étanche à 50 m, on évitera la piscine puisqu’elle est proposée avec un simple bracelet en cuir. Une montre de belle facture : comptez tout de même dans les 3 000 euros pour vous offrir cet hommage à la tradition – un prix qui est lui aussi dans cette tradition suisse qui ne pratique jamais le câlin dans l’étiquette….

ARTYA : On sait où les papillons se cachent pour mourir…

Non, non, ce n’est pas une impression : ce sont bien des ailes de papillons – des vraies – qui décorent ce cadran : récoltées sur des papillons morts, elles sont traitées à la feuille d’or. Chaque cadran devient ainsi une œuvre d’art naturel, unique et précieuse. Mieux : le mouvement de cette montre Artya Son of Earth Butterfly est un mouvement « manufacture » (développé par Artya), dont la précision est certifiée « chronomètre » (le plus haut grade officiel pour une mécanique suisse). Il fallait bien pour ce cadran et pour ce mouvement un écrin spécial  : ce boîtier en PVD noir (38 mm on ne peut plus portable par une dame) est serti de diamants, mais également paré d’inserts dans un or spécial, l’Artyor (alliage breveté par la marque). Les ailes de la jungle, l’or de la Terre et les diamants de la lumière, avec la ponctualité des Alpes suisses : une montre Artya est une démonstration environnementale que notre ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, adorerait…

SAINT HONORÉ : Des poutres qui font parler la poudre…

La réussite d’une montre tient à une recette simple : prenez un boîtier horloger dans une main et une Tour Eiffel (la vraie) dans l’autre ; découpez quelques lamelles dans les poutres en acier de la Tour Eiffel et réservez ; réduisez en poudre certaines de ces lamelles et réservez ; mélangez le tout et servez sous le nom de « Tour Eiffel 1885 » (date qui rappelle la fondation de la maison familiale française Saint Honoré). Les lamelles d’acier vont vous servir à créer la lunette de ce boîtier, avec des entretoises qui rappellent la structure de la Tour Eiffel, motif repris sur le cadran, avec une date circulaire qui ajoute à cet effet « industriel ». La poudre d’acier va être mélangée au caoutchouc du bracelet, en lui apportant une étonnante patine métallisée qui varie d’un bracelet à l’autre : les reliefs de ce bracelet caoutchouté reprennent les arches et les croisillons de la Tour Eiffel, mais Saint Honoré y a fait graver le nom des soixante-douze savants, ingénieurs et industriels qui avaient contribué à la construction de la Tour Eiffel (leurs noms sont écrits en lettres d’or de soixante centimètres de haut à la périphérie du premier étage de la Tour). Sur le total des 1 885 exemplaires de la série des montres « Tour Eiffel », cette édition spéciale poudrée sera éditée à 324 exemplaires : c’est la hauteur du monument ! Avec tout ça, si vous n’avez pas compris que cette Saint Honoré française est la plus parisienne de toutes les montres du moment, même si elle est Swiss Made, c’est qu’il vous faut changer de logiciel…

ANONIMO : Les codes minimaliste d’une élégance transalpine…

Comme son nom l’indique, cette montre Epurato (mot compréhensible, même sans parler italien) lance par la marque Anonimo illustre le nouveau goût contemporain – post-crise, peut-on dire – pour les montres épurées, minimalistes et ostensiblement élégante dans leur parti-pris de discrétion. Les lignes de montres « militaires » d’hier ont été dépouillées de leurs angles et nettoyées de leurs affèteries stylistiques, dont il ne subsiste que les grands chiffres emblématiques de la marque (04, 08, 12), alors que la lunette a été cannelée, ce qui met encore mieux en valeur le cadran soleillé. Même le dessin de la couronne de remontage participe de cette volonté de simplicité. En 42 mm, le boîtier en bronze n’en porte pas moins une certaine virilité dans l’italianité du style. Certes, la montre est suisse et même Swiss Made par sa mécanique, mais elle est indéniablement transalpine dans son allure : la preuve, on ne dépensera qu’un peu moins de 3 000 euros pour cette Epurato en bronze, dont la forme coussin attire magiquement les regards…

HYT : À la vie, à la mort, comme dans tout Memento Mori qui se respecte…

Les fidèles d’Atlantic-tac connaissent bien la maison HYT (Hydromechanical Time), spécialiste des montres « fluido-mécaniques » où l’heure est indiquée par la progression d’un liquide coloré dans un capillaire. La nouvelle Skull 48.8 (c’est sa taille en mm) en arrive même à se passer d’aiguilles des minutes. Le liquide noir serpente autour du crâne et il affiche l’heure selon les codes horlogers classiques, rappelés par les chiffres de la lunette extérieure : on déduira les minutes d’une estimation approximative de la position du liquide entre deux repères horaires( ci-dessous : il est environ 2:00 ou 14:00 et quelques minutes, disons 14:10 puisque, par tradition, les montres suisses indiquent toujours cette dizaine de minutes comme référence). En guise de dents, le crâne propose les deux « soufflets » mécaniques qui pompent et repoussent le fluide dans le « circuit » qui épouse la forme du crâne. Cette montre hors du commun, lourdement tarifée, renoue avec la vogue des « Memento Mori », cette tradition de réflexion philosophique autour de la vie et de la mort, à travers le plus spectaculaire de ses symboles éternels : une tête de mort…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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