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Quand l’hippopotame défie le tyrannosaure et quand la Suisse découvre la formication : c’est l’actualité heureuse des montres
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Atlantic Tac

Mais aussi un sandwich pour les affamés des grands fonds, la mosaïque d’un grand saurien très porté sur le cuir, l’exubérance des chevrons kaléidoscopiques et du soleil très féminin dans les trapèzes d’une manchette…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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MISSONI : L’aventure est au bout du chevron…

Aussi étrange que celui puisse paraître, Missoni était une des dernières marques de mode à n’avoir pas été déclinée en montres. Le pôle luxe du groupe horloger Timex s’est chargé de corriger cette anomalie horlogère en imaginant une collection qui incarnerait l’esprit de cette griffe italienne qui se distingue par ses mailles, ses motifs et son goût des couleurs. Le style Missoni éclate dans cette première collection Missoni M1 (automne hiver 2020), qui distingue son culte du chevron (cadran émaillé), les cuirs colorés de ses bracelets (facilement interchangeables) et la sobriété des lignes qui contrastent agréablement avec l’exubérance esthétique des montres. En 34 mm, avec un mouvement électronique suisse, ces montres kaléidoscopiques vendues avec deux bracelets peuvent revendiquer un appréciable Swiss Made. Comme la mode, l’horlogerie est un perpétuel recommencement : Missoni s’annonce comme une des nouvelles « marques de montres » les plus originales de cette année 2020 (entre 400 et 600 euros selon les versions)…

MB&F : L’échappée belle de l’hippopotame…

En soi, cette Legacy Machine (LM) de la marque indépendante MB&F, locomotive de la « nouvelle génération horlogère » éclose dans les années 2000, est déjà une sacrée montre : si le mouvement – superbement exécuté – de la LM SE est sagement à l’abri sous le cadran, on voit s’élever au-dessus du cadran cet « échappement séparé » (le SE de cette LM), suspendu sous une double arche, qui laisse visible le majestueux balancier de la montre et le ressort en spirale [les horlogers parlent de « spiral »] qui lui permet de battre en réglant la précision de la montre. Cet « échappement » échappé du mouvement est déjà une forme de performance horlogère ! On remarque aussitôt, sur ce cadran, des gravures en demi-ronde bosse que les amateurs des Voyages extraordinaires de Jules Verne identifieront au premier coup d’œil tellement elles restent dans l’esprit des illustrations des éditions originales de l’éditeur Hetzel, monuments bibliophiliques de la fin du XIXe siècle. Le graveur suisse Eddy Jaquet s’est visiblement fait plaisir avec cet hommage personnel et original aux chefs-d’œuvre de Jules Verne (en haut de la page, le dessin préparatoire du cadran pour Vingt Mille Lieues sous les mers ; ci-dessous : Cinq semaines en ballon – ces hippopotames sont sans doute les premiers à jamais figurer sur une montre !). Huit Voyages extraordinaires sont ainsi évoqués dans celle collection de huit montres uniques – en plus des deux citées ci-dessus, il faut également admirer l’évocation horlogère de livres comme Le Tour du Monde en quatre-vingt jours, De la Terre à la Lune, Voyage au centre de la Terre, Robur le conquérant, Michel Strogoff ou Les aventures du capitaine Hatteras. Bilan artistique de ces huit cadrans logés dans des boîtiers en or rose : près de 300 heures de travail par livre de Jules Verne. On préfère ne pas vous avouer le prix de chacune de ces montres, mais qu’on se rassure : elles ont déjà trouvé preneur auprès de collectionneurs exotiques et vous n’aurez sans doute même pas le plaisir de pouvoir les admirer en France. On n’en rêve pas moins d’un coffret qui les réunirait toutes et qui serait le monument des horlogers suisses à la mémoire du grand Jules Verne…

PATEK PHILIPPE : Du soleil dans les trapèzes…

Quelle femme n’a pas rêvé, ne rêve pas ou ne rêvera pas d’une Twenty-4, la seule montre exclusivement féminine de Patek Philippe, qui avait osé en 1999 cette « manchette » en acier à mouvement électronique ? Et quel homme n’a pas rêvé, ne rêve pas ou ne rêvera pas d’offrir à l’élue de son cœur ce symbole d’une certaine élégance au poignet ? La nouvelle version 2020 adopte des chiffres arabes et des index en « trapèze » qui apporte beaucoup d’énergie à ces cadrans, avec une touche de couleur « soleillée » et deux discrètes lignes de diamants qui permettront à cette Twenty-4 (prononcez « four ») de passer sans hésiter du jour à la nuit et du bureau à la soirée mondaine sans jamais perdre de son allant. Détail qui a son importance : la souplesse des maillons du bracelet métallique garantit un grand confort à celles qui porteront cette montre au quotidien – l’autre élément de confort étant le mouvement électronique, qui n’obligera plus personne à se casser ou à s’écailler les ongles pour remonter la montre ou la remettre à l’heure. Dernière bonne nouvelle : on ne sera jamais que dans les 12 800 euros pour cette Twenty-4 : une vraie Patek Philippe pour le prix d’une montre, c’est Noël en octobre...

RALF TECH : Le sandwich des affamés de grand bleu…

C’est la touche française (french touch pour les cuistres franglais) de cette chronique : la nouvelle WRX de la jeune marque indépendante française Ralf Tech s’offre un mouvement « Electric » inédit, des nouveaux cadrans « sandwich » et une étanchéité certifiée à 1 000 m (un kilomètre de profondeur !). Le mouvement est un hybride électro-mécanique que son ingénieuse conception pousse jusqu’à une autonomie d’environ 100 000 heures de fonctionnement, soit un changement pile tous les… douze ans – on est loin des dizaines d’heures de marche allouées aux montres mécaniques ou aux deux à trois ans des montres à quartz. Les deux épaisseurs superposées du cadran « sandwich » (technique du « pochoir ») permettent d’utiliser une couche de composé luminescent bien plus épaisse sous le cadran qui indique l’heure, ce qui donne à la montre une lisibilité exceptionnelle dans la pénombre. L’esthétique générale n’a pas changé [toujours ce design très réussi du boîtier « coussin »] et, pour à peu près 2 000 euros, cette WRX ultra-performante sera un des « instruments » préféré des plongeurs, professionnels (notamment militaires) ou amateurs…

WE ANT STORY : La formication comme choc sensitif…

Drôle de nom pour une drôle de montre, mais la proposition est assez rigolote : on reconnaît dans ce nom le mot ant (« fourmi » en anglais) et c’est effectivement une histoire de fourmi. C’est même la première « montre fourmi » de l’histoire horlogère et le premier hommage de l’industrie des montres suisses à l’univers myrmécéen dont il faut rappeler qu’il existe depuis au moins 140 millions d’années et qu’il a résisté à toutes les convulsions géologico-biologiques de cette planète. Elles nous survivront sans aucun doute ! Saviez-vous, par exemple, que la biomasse des fourmis qui grouillent sur cette planète (la myrmécofaune) pèse plus lourd que la biomasse des humains qui y vivent (le poids des sept milliards d’hommes et de femmes) ? Ce qui justifiait bien une montre, développée par une équipe suisse avec l’artiste contemporain chinois Chen Zhiguang, qui a voulu non seulement que cette We Ant Story ressemble à une fourmi, mais aussi qu’elle soit sculptée pour proposer à celui qui la porte une « expérience tactile » en même temps qu’un choc esthétique. Comme la montre est Swiss Made, la lecture de l’heure témoigne forcément d’une certaine complexité mécanique. Bienvenue dans l’univers de la nouvelle formication horlogère !

HERMÈS : Le cri du tyrannosaure le soir au fond des bois…

Il ne faut pas moins de cinq « A » et un point d’exclamation pour permettre à Hermès d’exprimer le cri (supposé) du fameux tyrannosaure roi (T-Rex) : Aaaargh ! est le nom de baptême de cette incroyable montre de poche (48 mm), dont la décoration ressuscite le roi des sauriens en marqueterie et en mosaïque de cuir – des milliers de fragments de cuir multicolores patiemment ciselés et assemblés à la main pour recréer la gueule menaçante de ce tyrannosaure. L’œil qui flambe d’une gourmande colère est un cabochon d’émail grand feu. La lanière est, bien sûr, en alligator vert mat : sans doute un hommage contemporain de ses descendants au T-Rex antéhistorique. Avec son cadran en émail et son mouvement qui marie sonnerie à répétition minutes [pour qui sonne le glas face à ce lézard géant ?] et tourbillon volant, la montre elle-même est un témoignage de ce qu’on peut créer de meilleur dans l’actuelle haute horlogerie. On aura compris qu’il s’agit d’une pièce unique, mais il faudra prévoir pas loin de trois centaines de milliers d’euros pour en entendre la sonnerie des heures et des minutes. Aaaargh !

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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