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Pourquoi les valeurs européennes deviennent attractives pour la majorité des stratégistes
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Revue d'analyse financière

Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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En Chine, le cycle des mauvaises nouvelles semble toucher à sa fin. Les autorités chinoises ne laisseront pas l’économie s’enfoncer dans la dépression. C’est pourquoi l’annonce de la recapitalisation des banques chinoises est un signal très important. L’autorisation qui leur a été donnée d’émettre des actions préférentielles devrait apaiser les craintes de tous ceux qui prévoyaient une implosion du système financier chinois emporté par le "shadow banking system" qui a financé à l’excès des programmes immobiliers, des entreprises peu rentables et des produits structurés. Les quatre premières banques chinoises vont ainsi lever l’équivalent de 47Md$ de capitaux frais. Le Renminbi se retrouve à son plus bas depuis septembre 2013, -2,7% depuis le début de l’année et les réserves de change s’envolent à 3950md$ soit une hausse de 130Md$ pendant le premier trimestre. Cet environnement devrait logiquement conduire à une appréciation des actions chinoises même si cela se produit avec une croissance moins forte de l’économie.

La zone euro relève la tête mais reste toujours engluée dans le chômage de masse. L’OFCE prévoit cependant un retour de la croissance en 2014. Tout cela n’empêche pas la quasi totalité des stratégistes de faire preuve d’optimisme sur le plan boursier. Christopher Potts, stratégiste chez Kepler Cheuvreux, a écrit à ses clients que nous étions en Europe dans la dernière phase de correction du marché. Cela se produit selon lui au moment où les marchés émergents ont regagné du terrain, le marché américain est confronté à un repli des valeurs de technologie (Nasdaq en repli de 10% par rapport à son plus haut de l’année) mais dans une économie qui devrait accélérer son rythme de croissance d’ici l’été. François- Xavier Chauchat de GaveKal estime que les paramètres de valorisation, de liquidité et de croissance sont maintenant favorables à l’Europe. Enfin, Chen Zhao, stratégiste de BCA, recommande quant à lui d’utiliser les périodes de faiblesse des marchés européens pour renforcer les positions.

En France, il est clairque le pays ne respectera ses promesses de baisse de dépenses publiques, nous dit Patrick Artus, chef économiste chez Natixis. Au delà des mesures annoncées par Manuel Valls, le nouveau Premier ministre, qui ne sont pour le moment que des intentions, l’actualité immédiate est malheureusement la  baisse des créations d’entreprises, la hausse des faillites, les fermetures d’usines en France par les groupes internationaux (Caterpillar ferme son usine de Rantigny), l’interdiction des maïs OGM au nom du principe de précaution etc… Ce qui est le plus grave encore, c’est l’expatriation des jeunes diplômés. La dernière enquête du LIEPP (Laboratoire Interdisciplinaire d’Evaluation des Politiques Publiques de Sciences Po) montre que ceux qui quittent la France sont les plus diplômés, car ils veulent fuir un système où le chômage touche 24,5% des moins de 24 ans…

En Espagne, les banques offrent maintenant 100% de crédit hypothécaire pour tout client qui achète une maison dont la banque est devenue propriétaire dans le cadre des programmes de saisie immobilières pratiquées sur des emprunteurs défaillants. L’état espagnol connaît un véritable retour en grâce financier. Tout cela ne bénéficie pas à tous les espagnols, comme le montre l’OCDE selon qui l’Espagne est le pays qui est de loin celui où les inégalités se sont le plus accrues pendant la crise.

Aux Etats-Unis, Robert Shiller, professeur d’économie à Yale, a inventé le ratio CAPE (Cyclically Adjusted Price-to-Earnings ratio). En ce moment, il montre que les actions américaines sont surévaluées de 40 à 50%. Cette opinion est loin de faire l’unanimité car les analystes attendent une croissance des résultats des entreprises stimulés par une croissance de l’économie plutôt supérieure à ce qui était attendu. Dans ce contexte, BCA s’attend à une progression des valeurs américaines de 5/6%.

Au Japon, le programme de Shinzo Abe, Premier ministre, baptisé "Abenomics" ne semble plus être très efficace. L’augmentation de la TVA de 5% à 8% commence à faire sentir ses effets.

En Amérique du Sud, on enregistre un retournement de la situation dans des pays qui faisaient l’objet d’un véritable boycott des investisseurs internationaux. L’Argentine emprunte désormais au taux de10,9% contre 14,2% au début de l’année. Le Venezuela est obligé de payer 12,5% pour lever de l’argent contre 17% il y a quelques mois. Cela montre à quel point la situation dans les pays émergents évolue rapidement et surtout l’avidité des gérants obligataires pour les papiers qui offrent du rendement.

Les matériaux innovants attirent maintenant les investisseurs plus que la technologie.

Le secteur des matériaux, même en Europe, comprend des sociétés qui sont attractives.

Il y a de nombreuses sociétés très attractives, malgré le lourd handicap des sociétés européennes par rapport à leurs homologues américaines qui profitent d’un accès au gaz de schiste à faible coût. Goldman Sachs en a dressé la liste : Victrex en Grande Bretagne, fabrique du plastique qui résiste à de très fortes températures ; Sika, en Suisse, fabrique des additifs qui permettent d’utiliser 40% de ciment en moins dans le domaine du bâtiment ; Arkema a mis au point les plastiques utilisés notamment dans la fabrication de batteries lithgium-ion ; Aksa Akrilik Kimya Sanayi en Turquie est devenu le premier fabricant mondial d’acrylique.

Parmi les thèmes attractifs figure en ce moment celui des valeurs délaissées par les grands investisseurs. Andrew Garthwaite de Crédit Suisse en a dressé la liste : Anglo American plc, Carlbersg, Mediaset Espana Communication, Nokia, Outokumpu, Partners Group, Straumann. Pour lui,  les phases de désamour pour des actions qui ont été adorées par les investisseurs constituent souvent des points d’entrée pour les investisseurs courageux…

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