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Marine Le Pen a obtenu plus de 40 % des voix dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie
Marine Le Pen a obtenu plus de 40 % des voix dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie
©Reuters

Chroniques du pot aux roses

Différents moteurs expliquent la propulsion du FN jusqu’au niveau qu’on lui a connu en 2013. Mais ce qui s’est passé depuis un an en France va désormais bien au-delà. Et il porte un nom que les dirigeants de droite et bien sûr de gauche ne veulent toujours pas prononcer : la bigoterie identitaire musulmane.

Google et Yahoo, internet

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président d'Aimer Paris et candidat à l'élection municipale de 2020. Il est l'auteur de La marche des lemmings ou la 2e mort de Charlie, et de Nous-Fossoyeurs : le vrai bilan d'un fatal quinquennat, chez Plon.

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1 – Comment faire une omelette avec l’œuf du serpent

Depuis ses premiers succès électoraux, à Dreux en 1983, le Front national a connu des hauts et des bas et il vient de remporter un quasi triomphe dimanche dernier. Il est toutefois probable qu’un surmoi modéré agisse dimanche prochain. Certains électeurs de la droite dite de gouvernement, lui ayant donné un ultime avertissement, reviendront alors au bercail par rejet viscéral de Hollande et des socialistes. De ce point de vue, quelles que soient les erreurs qu’il a commises ces dernières années, le refus par Sarkozy d’un front républicain est une bonne chose. Donner aux Français le sentiment que la soupe UMPS est servie ferait infuser pour de bon la plante frontiste.

C’est pourtant ce que fait Hollande par une sordide manœuvre de retrait de ses listes dans le Nord, le Sud et l’Est. Quel est son objectif ? Non pas bien sûr défendre réellement la République mais feindre d’être un rempart contre le FN comme il tente de faire croire qu’il combat efficacement Daech. Du reste, les médias qui lui mangent dans la main avaient vendu la mèche quelques jours avant les massacres islamistes de Paris : on se souvient de la une de "Society" exposant le "plan présidentiel contre Le Pen". En bon intrigant cynique, Hollande est prêt à tout sacrifier, en premier lieu ses partisans locaux, pour la seule cause qui compte à ses yeux, sa réélection en 2017. Il rêve d'un destin chiraco-corrézien jusqu’au bout : sauveur des institutions face à la bête immonde ; gauche et droite défilant bras dessus bras dessous pour se faire berner une dernière fois en glissant un bulletin Godwin marqué de son nom dans les urnes. Remarquez bien qu’il ne retire ses listes que là où la victoire socialiste est devenue impossible. Dans toutes les régions où le PS peut l’emporter grâce à des triangulaires et donc grâce au FN, il se maintient. L’hypocrisie est totale, mais qui s’en étonnera ?

Pourtant, la manœuvre n’est pas gagnée. Une mobilisation, même légère, de la droite classique et, hormis peut-être la Bretagne, les socialistes perdront tout. Ajoutez leur disparition complète des "Bouches du Nord", ainsi qu’on nommait il y a peu leurs bastions électoraux de Lille à Marseille et vous trouverez une situation explosive pour Hollande face à des militants ulcérés et des permanents sur la paille.

Quoi qu’il advienne de son sombre calcul, la question frontiste n’en sera toutefois pas réglée. Les succès du FN, modeste boutique familiale néo-poujadiste devenue chaîne d’hypermarchés politiques vendant de tout, se nourrissent d’une pluralité de facteurs. La désindustrialisation de nos provinces et la capitulation de nos soi-disant élites face à la technocratie européenne et à l’Allemagne en sont les causes les mieux documentées.

Il y a aussi le paradoxe à vivre dans des environnements qui pourraient être charmants, comme en Alsace ou dans le Sud, et qui pourtant deviennent désagréables du fait d’un urbanisme raté et de l’implantation de communautés vivant en état de quasi séparation du reste du corps social.

Ces différents moteurs expliquent la propulsion du FN jusqu’au niveau qu’on lui a connu en 2013. Mais ce qui s’est passé depuis un an en France va désormais bien au-delà. Et il porte un nom que les dirigeants de droite et bien sûr de gauche ne veulent toujours pas prononcer : la bigoterie identitaire musulmane.

Après Charlie, loin de défendre la laïcité, le gouvernement s’est couché de plus belle devant les fondamentalistes qui s’affirment dans les banlieues et même, désormais, les centres villes. Le conformisme vestimentaire s’est emparé d’un nombre croissant de musulmans. Même les chroniqueurs de Libération finissent par s’en rendre compte. Ces accoutrements sont les plus efficaces propagateurs du vote FN. Il faut tout l’aveuglement des bobos pour ne pas comprendre de quelle menace il s’agit dès lors qu’elle s’accompagne d’un dynamisme démographique supérieur à celui des autres Français. Le thème du grand remplacement suscite des moues de dégoût dans les rédactions mais des grimaces d’inquiétude partout ailleurs. Bref, les Français ont le sentiment d’un avenir menacé par une population qui tend à se replier sur elle-même et sur des comportements rétrogrades.

De ce sujet, la classe dirigeante ne veut pas qu’on débatte. J’ai mesuré moi-même la difficulté à expliquer pourquoi on peut à la fois être libéral et favorable à l’interdiction des signes religieux ostentatoires dans les services publics. Après les crimes du 13 novembre, on pouvait penser que le « pas d’amalgame » allait céder et qu’on aurait par exemple le droit de s’interroger sans haine ni sans crainte sur le fait qu’on ne peut vivre selon la charia sans un jour ou l’autre être tenté de l’imposer aux autres. Mais non : la tabou officiel est plus fort que jamais et François Hollande a joué encore une fois un rôle d’étouffoir, de président édredon qui fait suffoquer la France pour éviter qu’elle ne parle.

Dans ces conditions, le vote FN a pris la forme d’un exutoire, d’une épidémie foudroyante.

Il faut prendre les symboles pour ce qu’ils sont. Une réaffirmation laïque ne fera pas disparaître tous les problèmes et, par exemple, ne relancera pas la croissance en France. Cela ressortit davantage d’une politique déterminée de réformes d’administrations obèses et d’une plus grande fermeté à Bruxelles et Francfort. Mais elle serait immédiatement perçue comme le signe que l’Etat et les clans qui le dirigent vont s’attaquer enfin et sans lâcheté au cancer islamiste. La parole des "élites" redeviendrait audible.

Ôtez le voile et vous ôterez, au moins pour un temps, le Front national.

2 - Mediapart : l’enfer fiscal c’est pour les autres

Ouf ! Il s’est trouvé quelques députés pour escamoter le redressement fiscal auquel était soumis Mediapart. Ce n’est que justice proclame Plenel, qui stigmatisait la différence de traitement entre la presse en ligne et la presse écrite relativement à l’assujettissement à la TVA.

Tiens donc ?

D’abord, il s’agit pour lui de réclamer non la justice mais l’égalité dans l’injustice puisqu’on ne voit pas au nom de quoi la presse et les journalistes bénéficient de tant d’avantages fiscaux par rapport aux autres professions. Ensuite, l’application de la TVA dépend des conditions et difficultés techniques de production et de distribution et l’on conçoit aisément que les titres qui doivent se colleter le Syndicat du livre aient besoin d’un régime plus accommodant que ceux qui se contentent de mettre des articles en ligne. De même, nul ne doit se faire justice soi même, passe son temps à proclamer la gauche. Mais, là, curieusement, Plenel s’est auto-administré le taux qui lui convenait. Enfin, que penser de cette énième collusion et de ce énième traitement de faveur accordé par les hommes politiques aux médias ? Cela n’alimenterait-il pas, par hasard, la haine dite populiste contre les journalistes ? Le plus cocasse est la campagne quasi-permanente que, parallèlement, Mediapart mène contre d’affreux financiers et d’odieuses entreprises qui pratiquent l’optimisation fiscale ou s’installent dans des paradis fiscaux qui sont surtout des asiles contre l’enfer. Mais l’enfer c’est (pour) les autres comme Sartre le disait naguère.

3 - Draghi et les junkies

Ils espéraient encore plus de monnaie de singe, toujours plus de rachat d’actifs. Le simple fait que Draghi ait maintenu au même niveau sa politique dite d’assouplissement quantitatif a déçu les marchés et fait valdinguer les bourses. Bref, ils sont accros et il leur en faut toujours plus. Mais il Signore Mario n’a pas fourni la came.

On ne sait à peu près rien de ce qui se trame réellement au sommet de la Banque centrale européenne (BCE) mais il est probable que la résistance à cette politique durcit. Si Draghi augmente sans cesse la dose, il se pourrait bien que le Tribunal constitutionnel de Karlsruhe finisse par considérer que la BCE viole les traités européens et met en péril l’épargne des Allemands. Une salle de shoot à 60 milliards par mois, c’est un peu onéreux tout de même...

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