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Nicolas Sarkozy "ringard", Martine Aubry derrière la révolte des "41" ?, Marine Le Pen : objectif "détruire l’Union européenne de l'intérieur"
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Revue de presse des hebdos

Mais aussi "la nouvelle vie de DSK", Marine et Jean-Marie Le Pen bons derniers dans le classement des députés européens français, l'antilepénisme hormone de croissance du FN et, et, et… l’ouverture du musée Picasso, véritable "affaire d’Etat". Hou, y'a du gâteau, et du gros, dans la RP des hebdos !

Barbara Lambert

Barbara Lambert

Barbara Lambert a goûté à l'édition et enseigné la littérature anglaise et américaine avant de devenir journaliste à "Livres Hebdo". Elle est aujourd'hui responsable des rubriques société/idées d'Atlantico.fr.

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Deuxième semaine de pont, deuxième semaine d’info préchauffée ? Surprise ! On a trouvé plein de choses à grignoter — et à digérer lentement — ce mercredi dans les hebdos… Mais commençons léger, voulez-vous, histoire de se mettre en jambe, hmmm ?

“ La nouvelle vie de DSK ”

Politique ou people, la couv de “ L’Express ” consacrée à “ la nouvelle vie de DSK ” ? Le magazine nous le dit : l’ancien patron du FMI vient de s’acheter “ un ryad au Maroc, à un quart d’heure de l’aéroport de Marrakech ; un bloc de béton ultra-moderne planté face à l’Atlas, à la vue imprenable, splendide, mais aussi moderne que la superbe demeure qu’il partageait avec Anne Sinclair, au cœur de la médina, est traditionnelle. (…) A Paris, poursuit le journal, il tente de… maigrir. Durant l’hiver 2013, il fréquente un club de gym du XIVe arrondissement, transpire sur un elliptique ou un tapis de course. Ces bonnes résolutions ne résistent pas très longtemps ”. Passionnant… Autre chose ?

“ Dans cinq ans, je serai plus gros que la banque Lazard ”

“ Au Flore, ajoute “ L’Express ”, on a vu DSK et Jérôme Cahuzac partager la même table. A la Rotonde, (…) les deux hommes sont même pris en photo (diffusée sur Twitter) le 9 octobre 2013 à la terrasse de l’établissement. Les réprouvés se parlent, se conseillent… et rient en public ! Strauss-Kahn encourage Cahuzac à renoncer au siège de député que l’ancien ministre délégué au Budget hésite à abandonner après l’aveu de son compte en Suisse : “ Le monde est ouvert, plein de nouveaux horizons ! ” Lui-même ne cesse de les explorer. Désormais associé à Thierry Leyne, personnage discret du monde de la finance, l’ex-futur candidat à la présidentielle affirme à un ami : “ Dans cinq ans, je serai plus gros que la banque Lazard ” ”. Mais dis donc… mais dis donc, “ plus gros que la banque Lazard ”, c’est pas le même destin que président, ça !

Quand l’élève Hollande n’écoute pas le professeur Strauss-Kahn

Et puisqu’on parle de président, que pense DSK de l’actuel ? “ “ Petit arrangeur ”, “ sans vision ”, “ impuissant ” comptent parmi les jugements dont il accable François Hollande, indique l’hebdo. Il a bien essayé de lui donner des cours. Pendant la campagne présidentielle, les deux hommes se sont secrètement rencontrés dans l’appartement d’un ami commun, Paul Hermelin, PDG de Capgemini. “ Va voir Merkel tout de suite, prends des initiatives fortes ”, conseille le professeur d’économie. Ensuite, les contacts ont cessé : l’élève écoutant sans entendre, le maître s’est découragé. Depuis, DSK se fait fataliste : “ J’avais une idée ou deux quand nous étions sur la margelle du puits, pour éviter d’y tomber. Mais maintenant qu’on est au fond… ” ” Un peu facile, peut-être, cette manière de laisser entendre qu’on aurait mieux fait si… Après tout, c’est la faute à qui, si le professeur n’a pas pu appliquer lui-même ses recettes miracles, hmmm ?

Nicolas : parlera, parlera pas ?

D’un ex-futur président à un ex-président tout court, vous allez dire qu’il y a loin, d’autant que Nicolas Sarkozy n’a, lui, pas raccroché les gants… On en parlait la semaine dernière, “ VSD ” nous le rappelle : “ Des Etats-Unis, où il a passé plusieurs jours pour suivre son épouse en tournée, Nicolas Sarkozy a envoyé quotidiennement ou presque des nouvelles. Footing, balade en calèche… Coucou, l’ancien président va bien et vous salue ! Il faut dire que la période n’est pas pour lui déplaire. Alors que l’UMP se déchire à l’approche des élections européennes, entre eurosceptiques et europhiles, quelques cadres en appellent à son arbitrage. Ainsi, François Baroin, le 13 avril, expliquait qu’il serait “ bon que Nicolas Sarkozy s’exprime sur ce sujet car sa voix porte, et il a toute la légitimité ”. Puis ce fut au tour de Bernard Accoyer et de Brice Hortefeux. Parlera, parlera pas ? ” Hou, l’insoutenable suspense que voilà !

Nicolas Sarkozy “ ringard ”

“ Son entourage hésite encore, indique “ VSD ”. Trop tôt pour certains car le discours européen du locataire de la rue de Miromesnil n’est pas encore arrêté. Pour d’autres, il est temps d’y aller pour faire taire les oppositions à l’UMP qui commencent à se structurer ”. A en croire “ Le Point ”, il y a effectivement de quoi se mobiliser… “ Nicolas Sarkozy doit-il prendre la plume pour calmer les divergences européennes à l’UMP ? Bruno Le Maire n’y croit pas une seconde, rapporte l’hebdo : “ On a réussi les municipales sans lui, on s’en passera pour les européennes… Et puis les temps ont changé. Sarkozy n’est plus un espoir pour l’UMP, c’est une référence, c’est différent. L’arrivée de Manuel Valls l’a beaucoup ringardisé ” ”. La vache ! L’y va pas avec le dos de la cuiller, M. Le Maire…

PS : les 41 députés abstentionnistes réunis en “ sous-groupe ”

Et quelles nouvelles au PS ? Commentant l’abstention de 41 députés socialistes lors du vote du pacte de stabilité, Christian Paul, l’un des protestataires, a indiqué à “ Challenges ” qu’il s’agissait d’“ un vote d’alerte, pas (d’)un vote-sanction, ni (d’)une coalition anti-Valls ”. S’il n’y a pas de “ coalition anti-Valls ”, il n’en demeure pas moins que les abstentionnistes s’organisent… “ Jamais avares en sous-courants, sous-coteries ou sous-chapelles, ricane “ Le Point ”, les socialistes viennent d’inventer une nouvelle formule, le sous-groupe. Le mardi matin, désormais, les 41 députés socialistes qui se sont abstenus lors du vote du pacte de stabilité, le 29 avril, se réuniront avec d’autres. Aucune allégeance à un chef ne les rassemble, comme c’était alors le cas entre fabiusiens, aubrystes ou hollandistes, juste la certitude d’être floués depuis 2012 par l’exécutif ”. Ambiance, ambiance…

Martine Aubry derrière les “ 41 ” ?

“ Aucune allégeance à un chef ne les rassemble ”, rapportait “ Le Point ”. Ce n’est pas l’avis de tout le monde… “ Un ministre en vue, proche de François Hollande, n’hésite pas à faire porter à Martine Aubry le chapeau de la rébellion des “ 41 ”, rapportent Pierre-Henri de Menthon et Airy Routier dans “ Challenges ”. (…) Deux amis de la maire de Lille, les députés Christian Paul et Jean-Marc Germain, sont à la manœuvre pour structurer le mouvement, mais surtout Martine Aubry, lorsqu’elle était à la tête du PS “ avait organisé des investitures endogamiques pour les législatives en faisant son marché chez des assistants parlementaires formés à l’Unef et au MJS qui n’ont aucune connaissance des réalités, des agités qui veulent briller à gauche et se croient dans un laboratoire, alors qu’ils sont aux responsabilités ” ”. Les couteaux sont tirés, on dirait… si tant est qu’ils aient jamais été rengainés.

Taguieff et les effets pervers de la diabolisation du FN

De là à porter le couteau dans la plaie… ? Dans son essai, “ Du diable en politique ” (CNRS édition), l’historien “ Pierre-André Taguieff dénonce les effets pervers de la diabolisation du FN ”, avertit “ Le Point ”. Visiblement séduit par l’ouvrage, le magazine résume son propos : “ Il y a bien souvent, trop souvent, de la haine et de la bave dans la bouche de ceux qui “ combattent ” le Front national. Là est leur tort. Cette haine les aveugle, les rend utilement idiots pour le FN et leur fait dire des énormités anachroniques ou politiques. (…) La stratégie de diabolisation du FN a en fait servi d’hormone de croissance à l’entreprise familiale Le Pen — par ailleurs elle-même adepte de la diabolisation ”. Heu, et on peut en savoir plus, là ?

Quand le discours antilepéniste empêche le débat

“ Le chercheur, explique “ Le Point ”, tient que l’antilepénisme est le nom des brigades nouvelles, composées de journalistes, d’animateurs télé, de politiques, d’intellectuels, de people et même d’une ancienne patronne du Medef — Laurence Parisot. (…) Il y a, pêle mêle, chez eux, ces représentants “ d’en haut ”, ces “ élites mondialisées ”, d’abord un fort déni de la réalité, puis l’anathème facile, les références abusives “ aux heures les plus sombres de l’Histoire ”, le discours hypermoral, l’abus du préfixe “ ultra ” et l’amalgame. (…) Pierre-André Taguieff postule que “ le langage sloganique chasse les analyses documentées et transforme le débat en échanges de rabâchages ”. Il ajoute que l’efficacité de la sémantique anti-lepéniste (“ fascisme ”, “ bête immonde ”, “ brun ”…) “ ne dépasse pas le cercle des convaincus ”. Qu’il est impossible, en outre, de seulement discuter de la préférence nationale ou d’une autre idée frontiste au seul motif qu’elle porte l’estampe “ FN ” ”. On voit bien l’argument, qui mérite, ô combien, d’être entendu… Et sinon, il préconise quoi, Pierre-André Taguieff ?

Quand Taguieff souligne la “ gauchisation ” du FN

“ Pour bien comprendre l’extrême droite, il faudrait, selon lui, la mettre au pluriel, l’extraire de la droite de l’échiquier, saisir sa complexité politique, ses contradictions historiques, ses mises à jour et son orthodoxie, indique l’hebdo. Quant au “ nouveau Front national ”, ni de droite ni de gauche, version Marine, qui se veut non violent, il convient de souligner sa “ gauchisation ”, notamment sur le terrain économique, de même que sa défense de la laïcité et des services publics. Aussi peut-il être diabolisé comme “ parti de gauche ou d’extrême gauche ”. Houlà, le FN “ parti de gauche ou d’extrême gauche ”, on s’y attendait pas, à celle-là ! Ca mérite des développements…

“ La vraie nature de Marine Le Pen ”

Las, on n’aura pas davantage d’explications ! Hasard ? Drôle de coïncidence, en tout cas : “ Le Nouvel Observateur ” consacre cette semaine son dossier de couverture à “ La vraie nature de Marine Le Pen ”. Pour tenter de cerner et de définir “ le marinisme ”, le mag est allé interviewer l’historien Nicolas Lebourg, chercheur à l’observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean Jaurès. Encore un affidé du PS, pensez-vous aussitôt, qui va nous resservir les mêmes vieilles rengaines, celles-là même que Taguieff dénonce dans son essai… Détrompez-vous ! Car le chercheur prolonge, d’une certaine manière, la démonstration de Taguieff : le “ nouveau Front national ”, sauce Marine, explique-t-il, en effet, est une véritable “ auberge espagnole ”. Ah, ah… c’est intéressant, ça…

Le FN, véritable “ auberge espagnole ”

“ Le FN n’a certes rien à voir avec le fascisme, reconnaît Nicolas Lebourg, mais tout avec une veine nationale-populiste  qui est un courant d’extrême droite existant dans notre vie politique depuis les années 1880. Il le mâtine de l’évolution “ néopopuliste ” que connaissent actuellement tous les partis d’extrême droite européens et qui consiste à mettre en avant un Etat culturellement protecteur des libertés individuelles et populaires contre le multiculturalisme et la technocratie euro-libérale. Le FN d’aujourd’hui est une auberge espagnole : on y fait son marché idéologique, c’est aussi ce qui permet d’agréger des gens très divers ”.

Pourquoi le FN peut évoquer “ un parti de gauche ou d’extrême gauche ”

“ Un sondage Sofres de 2012 montre que l’électorat FN a une vision ethnicisée des questions sociales, mais qu’il défend les restes de l’Etat-providence, explique encore Nicolas Lebourg dans “ L’Obs ” : il veut le renforcement des services publics à 18 % (contre 10 % pour les électeurs sarkozystes) et une surveillance de l’économie par l’Etat à 57 % (contre 32 % chez les sarkozystes). Ce sont des traits communs à tous les partis d’extrême droite européens de ce début du XXIe siècle. Partout, ils proposent un contre-récit à la toute-puissance du capitalisme et à une société sans autre horizon commun que le consumérisme et l’individualisme. Ces formations ciblent un “ autre ” responsable de tous les troubles culturels, économiques et sociaux, et dont l’exclusion permettrait de redevenir un “ nous ” solidaire. En face, le seul récit proposé, pour l’heure, consiste à vouloir tenir les déficits pour éviter d’être puni par Bruxelles… ” Et schplaf ! Voilà un constat qui ne pardonne pas ! Mais qui permet, en même temps, de mieux comprendre en quoi le FN de Marine Le Pen peut évoquer un “ parti de gauche ou d’extrême gauche ”, ses électeurs voulant plus de services publics, une surveillance accrue de l’économie par l’Etat, et rejetant tout à la fois le capitalisme, le consumérisme et l’individualisme… Reste, bien sûr, le rejet de “ l’autre ”, tenu pour responsable de tous les maux qui nous accablent… un rejet qui n’est pas “ de gauche ”, lui.

L’objectif de Marine Le Pen : détruire l’Union européenne de l’intérieur

Et puisque le mot Europe est lâché, “ Le Point ” lance un cri d’alarme : “ Détruire l’UE de l’intérieur : voilà l’objectif de Marine Le Pen, affirme le mag. “ Nous voulons bloquer l’avancée de la construction européenne. Si les eurosceptiques arrivent au pouvoir au Parlement européen, cela provoquera une crise à Bruxelles ”, espère l’eurodéputée, qui brigue un nouveau mandat dans le Nord-Ouest. Au coude-à-coude avec l’UMP dans les sondages à hauteur de 23 %, le FN vise une vingtaine d’élus pour former ensuite un groupe au Parlement de Strasbourg (voir la RP du 1er mai). Membre de l’Alliance européenne des libertés, le FN peut compter sur ses alliés du FPÖ autrichien, du Parti pour la liberté (Pays-Bas), du Vlaams Belang belge et des démocrates suédois. Une alliance est aussi conclue avec la Ligue du Nord et Fratelli d’Italia, et des négociations sont en cours avec Ordre et Justice (Lituanie) ”. Sympathique, tout ça…

Au Parlement de Bruxelles, les anti-Europe sont “ bavards mais pas très travailleurs ”

“ Les europhobes sont-ils utiles au Parlement européen ? ”, se demande, fort à propos, “ Paris Match ”. “ Alors que le FN est en tête dans les sondages, Datamatch s’est penché sur le travail des adversaires de l’Europe ”, explique le news, qui publie un graphique permettant de comparer l’activité des groupes parlementaires européens. Trois indices de mesure sont pris en compte, ici : le nombre de “ rapports amendés par député ”, le nombre de “ questions par député ” et la “ participation moyenne aux votes en séance plénière ”. D’après le journal, “ Les députés non inscrits (au nombre de 33, parmi lesquels 26 députés d’extrême droite dont Marine et Jean-Marie Le Pen, ndlr) sont les moins assidus et ceux qui participent le moins aux travaux en commission. Quant aux souverainistes (31 députés, ndlr), ils posent deux fois plus de questions que la moyenne des autres groupes ”. Conclusion de “ Match ” : “ les anti-Europe (sont) bavards mais pas très travailleurs ”.

Marine et Jean-Marie Le Pen, 71e et 73e sur 74, dans le classement des députés européens français

Comme pour enfoncer le clou, “ Challenges ” indique que “ le président par intérim de l’UDI, Yves Jégo, pointant du doigt l’activité de Marine et Jean-Marie Le Pen au Parlement européen, a assuré, le 2 mai, que si les Français élisent des députés européens FN le 25 mai, “ ils auront une certitude : qu’ils toucheront leurs indemnités, mais qu’ils ne feront rien ”. Pour preuve, un classement des députés européens français sur des critères de présence, transparence, activité et influence à paraître dans “ Challenges ”, où fille et père sont 71e et 73e sur 74 ”. Pas de quoi se pousser du col, hmmm ?

Le débat des candidats aux européennes occulté par France Télévisions

Il y a une semaine (voir la RP du 1er mai), on soulignait la responsabilité des politiques français dans le désintérêt — manifeste — des Français pour les élections européennes. Bien qu’investi d’une mission d’intérêt public, France Télévisions ne travaille pas, visiblement, à améliorer les choses… “ Les sénateurs écologistes Jean-Vincent Placé et André Gattolin ont pris la plume pour faire savoir leur mécontentement au président de France Télévisions, Rémy Pflimlin, nous informe “ Le Nouvel Obs ”. Objet de leur courroux : excepté sur son site, la télévision publique ne retransmettra pas le débat du 15 mai entre l’ensemble des candidats (à la présidence de la Commission européenne). “ La France sera ainsi l’un des seuls pays européens dans ce cas ”, déplorent Placé et Gattolin. Le 30 avril, le CSA s’est à son tour saisi du dossier, soulignant, dans un autre courrier à Pflimlin, “ l’importance de cet enjeu pour le service public ” : le président de la Commission sera, pour la première fois, élu par le Parlement. Le CSA a également été saisi par Aurélie Filipetti, ministre de la Culture et de la Communication… ”

Musée Picasso : la guerre est déclarée !

Mais passons à un sujet plus léger, quoiqu’assez tourneboulant, pour ne pas dire préoccupant. “ Paris n’aura pas pour cet été son nouveau musée Picasso, nous révèle “ Le Point ”. Jusqu’à la semaine passée, la querelle se tramait en silence. Soudain, Claude Picasso laisse éclater l’affaire. Dans une interview au “ Figaro ”, le fils de Pablo, représentant les héritiers du plus grand peintre du XXe siècle, s’insurge. Aurélie Filipetti, ministre de la Culture, aurait refusé que le musée de l’hôtel Salé, en travaux depuis cinq ans, ouvre comme prévu. Il lui reproche de se moquer de son père, de préférer s’amuser au Festival de Cannes plutôt que d’achever ce joyau parisien. Surtout, il l’accuse de vouloir couper la tête de la patronne du musée Picasso, Anne Baldassari, dont il loue l’extrême compétence ”. Allons bon, encore une affaire Filipetti ! Ta-ta-ta… l’affaire n’est pas si simple…

Quand Anne Baldassari refuse de prêter les collections

C’est qu’Anne Baldassari ne l’est pas — simple. Pour “ transformer l’établissement assoupi du Marais en un lieu capable d’attirer “ 1 million de visiteurs par an ” ”, explique l’hebdo, la présidente du musée “ le ferme en 2009 et part en croisade commerciale. D’abord, en refusant, comme il est pourtant de coutume dans un musée public, de prêter ses œuvres. N’ayant en effet reçu que peu d’argent public — 19 millions sur les 52 nécessaires — pour financer le chantier, Anne Baldassari se fait fort de trouver les financements. (…) Durant trois ans, elle organise un “ Picasso Tour ”, posant ses collections d’Abou Dhabi à Seattle, dans treize pays, attirant 6 millions de visiteurs. On ricane cependant quand la téméraire doit décrocher in extremis la collection exposée à Chengdu, l’organisateur véreux n’ayant jamais versé son dû. Hormis cet épisode, Baldassari réussit son coup, sa tournée mondiale rapporte 31 millions d’euros ”. Bon, ben, elle est pro, cette femme-là, on va pas lui reprocher d’avoir trouvé des sous, quand même ! Le problème… le problème, c’est qu’avec ses méthodes, “ elle épuise ses équipes ”…

Démissions en série et “ séances d’humiliations publiques ”

“ Un directeur général, ancien conseiller culture de Fillon, démissionne. Son successeur fait de même, poursuit “ Le Point ”. Puis c’est le directeur des travaux, qui claque la porte, suivi de la directrice des publics. (…) Pendant qu’autour d’elle les hommes fatiguent, les budgets explosent. En février 2012, la Cour des comptes s’inquiète que l’écart entre le budget prévu — 35 millions — et le budget nécessaire — 52 millions — soit “ exorbitant ”. (…) Enfermée parfois des jours entiers chez elle, gérant son chantier par textos, organisant selon certains “ des séances d’humiliations publiques ”, elle clame qu’elle ouvrira au printemps 2014. Vingt employés sur 52 écrivent anonymement au ministère pour se plaindre de souffrance au travail. Deux enquêtes sur le climat social sont diligentées (…). La médecine du travail est saisie. “ C’est la guerre, l’atmosphère est irrespirable ”, raconte un employé ”. Sifflez en travaillant…

L’ultime coup de force

“ A quelques mois de l’ouverture du musée, Aurélie Filipetti s’inquiète, poursuit le journal. Ne serait-il pas opportun d’écarter Baldassari, dont le mandat expire dans un peu plus d’un an ? On négocie son départ, lui proposant une sortie honorable. (…) Elle décline. (…) Ultime coup de force, Anne Baldassari annonce que l’hôtel Salé ouvrira fin juillet, passant outre le fait que l’aile technique, nécessaire à la conservation des œuvres, n’est pas achevée. Aussitôt, la ministre s’interpose. Ce sera septembre, au mieux. La responsable politique a une carte en main. La conservatrice souhaitait confier la surveillance des lieux à une entreprise privée. La CGT s’en émeut, Filipetti lui donne raison. Il faut désormais muter, former, roder 40 fonctionnaires. Ensuite seulement il sera possible d’accrocher les œuvres, conservées dans un entrepôt de Montreuil. Promis, à l’automne 2014, Paris aura son nouveau musée Picasso ”. Hé bé, quelle histoire ! Là où il y a de l’art, il y a toujours de la passion, n’est-ce pas ? Bon pont, si vous le faites — ce qu’on vous souhaite… — et bonne semaine à tous, les gourmands curieux, quoi qu’il en soit !

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