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Nicolas Sarkozy : la crise de rage, UMP : révélations sur "la grande triche", Cahuzac : retour à la case député ?
©DR

Revue de presse des hebdos

Après sa mise en examen, l’ex-président a dû s’enfermer dans le noir pour soulager de violentes migraines. Depuis, il "a la rage"… brrrrr ! Pour faire face à l’affaire Bettencourt, aux nouvelles révélations sur l’élection du président de l’UMP, à la "bombe" que Tapie s’apprête à balancer et... aux attaques de PPDA, il faut bien ça, en même temps…

Barbara Lambert

Barbara Lambert

Barbara Lambert a goûté à l'édition et enseigné la littérature anglaise et américaine avant de devenir journaliste à "Livres Hebdo". Elle est aujourd'hui responsable des rubriques société/idées d'Atlantico.fr.

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La “ rage ” : le mot revient dans “ Le Point ” comme dans “ Le Nouvel Observateur ” pour qualifier les réactions à la mise en examen de Nicolas Sarkozy. “ A entendre l’entourage de Nicolas Sarkozy, indique “ L’Obs ”, Jean-Michel Gentil “  a intérêt à numéroter ses abattis ”. Les violentes diatribes prononcées en public par les aboyeurs de l’ancien président restent d’aimables bluettes comparées à la hargne qui se déverse en privé ”. Ah oui ?

“ Ce juge, on va lui faire la complète ”

“ Il faut écouter comment s’offusquent certains grognards de la sarkozie pour mesurer à quel point la mise en examen décidée par le magistrat bordelais relève, à leurs yeux, du sacrilège, tambourine l’hebdo : “ Quand Gentil a réinterrogé les employés de la famille Bettencourt, en février, il s’est déplacé à Paris. Sarkozy, lui, il le fait venir jusqu’à Bordeaux. Ce qui vaut pour des boniches et des majordomes ne serait pas valable pour un ex-président ? ” D’autres ressemblent à de vieux truands, réunis sous la lampe, échafaudant des plans pour éliminer un gêneur : “ Ce juge, on va lui faire la complète ”. Ils parlent comme s’ils préparaient une expédition punitive contre une bande rivale. “ Gentil veut la guerre, il l’aura. Et le mort qui restera sur le tapis ne sera pas Nicolas ” ”. Ah oui, tout de même…

Quand les sarkozistes couvraient de louanges Jean-Michel Gentil

“ Les Inrocks ” ne se privent pas de le faire remarquer, de leur côté : les “ flingueurs ” du juge Gentil n’ont pas toujours dit du mal de lui. “ Un juge d’instruction nous rappelle, amusé, écrit le mag, que les personnes agressives aujourd’hui à l’égard du juge Jean-Michel Gentil, “ lui adressaient des louanges quand, après douze heures d’audition (en novembre 2012), il avait donné à Nicolas Sarkozy le statut de témoin assisté. Donc il faut relativiser tout ce qui s’est dit ”. “ Relativiser ”… une bonne idée.

Les “ petits juges ” tous dressés contre Sarko ?

L’idée paraît d’autant plus judicieuse que les “ petits juges ”, comme le fait observer “ L’Obs ”, n’en ont pas qu’après Nicolas Sarkozy. “ Renaud Van Ruymbeke, que l’on disait “ fini ” après l’affaire Clearstream, a rebondi avec l’enquête sur les ventes d’armes au Pakistan qui menace aujourd’hui l’ex-chef de l’Etat. Dressé contre “ Sarko ”, lui aussi ?, s’interroge le mag. Le célèbre moustachu vient d’être désigné pour instruire le dossier Cahuzac, qui risque d’empoisonner longtemps l’actuel gouvernement ! A Lille, les juges ne desserrent pas non plus l’étau autour de Dominique Strauss-Kahn, poursuivi pour rien moins que complicité de proxénétisme. Quoi qu’en disent les sarkozistes, leur champion n’est pas l’unique “ cible ” ni le seul qui subisse d’ “ infamants ” chefs de mise en examen ”.

“ C’est comme si cette affaire n’avait pas le droit d’exister ”

Mais “ relativiser ” est-il seulement possible ? “ Il y a quelques semaines, raconte “ L’Obs ”, Olivier Metzner (ancien conseil de Françoise Bettencourt, disparu ce 16 mars, ndlr) nous confiait encore : “ Le dossier reste passionnel. Tant que la justice enquête, il n’y a pas de vérité, juste des vérifications… Pourtant, tout a été fait pour nier jusqu’à l’opportunité de vérifier. Comme si cette affaire n’avait pas le droit d’exister ”.

Nicolas Sarkozy comme François-Marie Banier

Mais venons-en au fond et à la mise en examen prononcée la semaine dernière pour “ abus de faiblesse ”. Comme l’explique “ L’Obs ”, Jean-Michel Gentil ne pouvait pas mettre en examen l’ancien président pour “ financement politique illégal ” parce que “ le délit est prescrit au bout de trois ans, donc depuis le printemps 2010. (Il ne restait donc plus que) l’abus de faiblesse, l’un des autres volets du dossier Bettencourt, où le photographe François-Marie Banier, accusé d’avoir voulu soutirer “ un milliard ” à la généreuse Liliane, figure en bonne place. Nicolas Sarkozy l’y rejoint parce qu’il a eu l’imprudence de se montrer au domicile de l’octogénaire à la santé déclinante quelques semaines avant son accession à l’Elysée ”.

L’abus de faiblesse difficile à prouver

L’abus de faiblesse peut-il être prouvé ? C’est la question que se pose Ghislaine Ottenheimer dans “ Challenges ” : “ Le juge Gentil a certainement en sa possession des éléments qui ont motivé sa décision (…), écrit-elle. Mais sans entrer dans les soupçons de manipulation, on peut s’interroger sur la possibilité de prouver l’abus de faiblesse. Il faut attester du versement d’une somme d’argent, et que celle-ci soit assez importante pour porter préjudice à la quatrième fortune de France. Il faut prouver qu’en 2007 madame Bettencourt était vulnérable, et que Nicolas Sarkozy en était conscient. Or la demande de mise sous tutelle engagée par Françoise Bettencourt Meyers date de 2009… On aimerait comprendre ”. Pas gagné…

L’hypothèse du juge Gentil

Pas gagnée, non plus, la démonstration de l’hypothèse du juge Gentil. “ D’après celui-ci, indique “ Le Point ”, Nicolas Sarkozy aurait menti. Il ne s’est pas rendu qu’une seule fois le 24 février 2007 au domicile du couple Bettencourt, comme cela figure sur son agenda, mais deux. Une fois le 10 février, en toute fin de matinée, le candidat à la présidentielle aurait rencontré André Bettencourt, il lui aurait demandé des fonds. Le 24, le politique serait revenu les chercher, car seule Liliane Bettencourt, selon lui, remet les enveloppes. Deux rendez-vous à quatorze jours d’intervalle, dont le premier — celui du 10 février — aurait été soigneusement caché par l’ancien président”.

Col roulé ou costume-cravate, croix ou pas croix

“ Pour accréditer son hypothèse, poursuit l’hebdo, le juge Gentil s’en tient aux versions différentes des deux maîtres d’hôtel, Bonnefoy et Lantuas. L’un dit l’avoir vu en col roulé noir. L’autre en costume et cravate.. deux tenues, donc forcément deux jours distincts, donc deux visites. (…) Le juge s’appuie sur le tableau des “ Indemnités repas ”, sur lequel les salariés marquent d’une croix s’ils ont été absents à déjeuner, en échange de quoi ils sont indemnisés. Or, le 24, Pascal Bonnefoy a posé une croix. Présent dans la matinée, il aurait été absent à déjeuner, à l’heure où Sarkozy dit être venu. Comme il certifie avoir vu une fois Sarkozy, ainsi que l’affirme son collègue Lantuas, cela implique, selon le juge, qu’il y a eu deux visites. Et un mensonge de Sarkozy. Seulement, patatras, lors de la confrontation, Bruno Lantuas raconte : “ Il nous arrivait de mettre des croix même si on avait déjeuné sur place, pour toucher l’indemnité ”. Cela signifie que les deux majordomes pourraient avoir assisté à la même et unique entrevue du candidat UMP avec le couple richissime. La théorie du magistrat s’en trouverait singulièrement fragilisée ”. 

Une fois, deux fois, vingt fois, qu’est-ce que ça prouve ?

“ Fragile ”, c’est aussi ce que dit “ L’Express ” de la thèse du magistrat. “ Et même s’il avait été reçu plus d’une fois par Liliane Bettencourt ?, s’interroge “ L’Obs ”. Personne ne dit l’avoir vu repartir avec une mallette, souligne son avocat, Me Herzog. “ Où est l’abus de faiblesse ? ” La question mérite en effet tous les développements juridiques ”, conclut le journal.

La rage de Nicolas Sarkozy

A priori, donc, l’ancien président n’a pas de quoi trop s’inquiéter. Passé le choc de la mise en examen, il aurait d’ailleurs, selon “ Le Point ”, très vite repris pied. “ Bien sûr, la puissance de sa contrariété l’a fait renouer avec les migraines de la pire époque. Mais le mal de crâne n’a terrassé Nicolas Sarkozy qu’une matinée. S’il a passé de longues heures dans le noir samedi, dès le lendemain, l’ancien président rallumait la lumière, au sens propre comme au figuré. “ Dimanche, il pétait la forme ”, jure l’un des rares à l’avoir vu. Il y a là, dans cette anecdote médicale et psychosomatique, une métaphore de la gestion de crise par Sarkozy : “ Affecté plus qu’un autre, il se redresse mieux et plus fort que tous les autres, grâce à sa rage ” — ce sont les mots de l’un de ses anciens collaborateurs, qui certifie : “ Le juge Gentil a rendu service à la droite : il a réveillé Sarkozy ! ” ”.

Retourner l’affaire en tremplin vers la présidentielle

“ Se servir de cette affaire en guise de tremplin vers la présidentielle, comme il le fit de Clearstream ? Le premier des sarkozystes, Brice Hortefeux, ne dément pas, poursuit “ Le Point ”, mais précise : “ Tout dépend du calendrier. S’il est blanchi en 2018, ce sera trop tard. Mais sinon… ” Sarkozy espère aller beaucoup plus vite. Il entend éviter d’être renvoyé devant le tribunal, ses conseillers jugeant “ mortelle ” l’image de leur chef passant trois semaines à côté de François-Marie Banier sur le banc des accusés. A ce stade, l’obsession de Sarkozy, c’est l’annulation de la mise en examen — même si ce type de recours n’aboutit qu’exceptionnellement, son avocat, Thierry Herzog, pense vraiment pouvoir l’obtenir… Ils réfléchissent aussi, mais chut, c’est un secret, à mettre en cause l’impartialité du juge Gentil et à demander son désaisissement. Sarkozy n’a pas encore tranché ”. Ah, ben, tu nous tiens informé, hein, Nicolas ?

L’affaire Tapie, talon d’Achille de Sarkozy ?

Gâte-sauce, “ Le Nouvel Obs ” ? “ En admettant même qu’il échappe aux griffes du juge Gentil dans l’affaire Bettencourt, remarque l’hebdo, l’ancien président sait qu’il y aura beaucoup d’autres obstacles sur sa route. A commencer par la décision du Conseil constitutionnel qui doit se prononcer avant juin sur le rejet de ses comptes de campagne. Il y a aussi l’affaire des sondages de l’Elysée et, surtout, celle de l’arbitrage en faveur de Bernard Tapie, dans laquelle Christine Lagarde, son ancienne ministre des Finances, est mise en cause. A en croire les proches de Sarkozy, c’est cette affaire-là qui l’inquiète le plus ”. Et quourpoi, hmmm ? “ L’Obs ” ne le dit pas… Peut-être en saurons-nous plus grâce à “ la bombe ” que Bernard Tapie s’apprête à lancer le 18 avril en librairie ? “ Dans “ Le volé devient voleur ” (Plon), indique en effet “ Le Point ”, l’homme d’affaires promet de tout dire “ sans limite, sans se soucier des conséquences et de ce que les uns et les autres en penseront ” ”. Houlà !

UMP : la grande triche

Journalistes au “ Nouvel Obs ” et au “ Journal du dimanche ”, Carole Barjon et Bruno Jeudy n’ont pas attendu pour dégoupiller leurs grenades… Dans “ Le coup monté ” (Plon), dont “ Le Point ” publie les bonnes feuilles, les deux enquêteurs défendent une thèse “ accablante ” pour Jean-François Copé et Nicolas Sarkozy : “ Ils auraient œuvré de conserve pour affaiblir, sinon “ tuer ”, François Fillon dans sa conquête de l’UMP. L’ambition des auteurs était de “ lever le voile sur ce que Copé qualifie de simple “ erreur matérielle ”. En somme, prouver qu’il y a eu tricherie lors de l’élection à la présidence de l’UMP ”. Vous en voulez des extraits ? On y va…

Sarkozy jubile

Premier extrait : “ “ Pourquoi tu t’es précipité comme ça ? Tu pouvais pas attendre ? ” Ce lundi 19 novembre, tôt le matin, Nicolas Sarkozy engueule Jean-François Copé au téléphone. La veille, l’ancien président a vu Copé annoncer sa victoire à la télévision sans même attendre la proclamation officielle des résultats par la commission ad hoc. Il est consterné. Mais il ne faut pas s’y tromper. Sarkozy n’est pas vraiment choqué par cette entorse à des principes démocratiques élémentaires. Ce qui le gêne, c’est le manque de finesse tactique du maire de Meaux. Quel con, ce Copé ! Il est élu et il trouve le moyen de ternir l’éclat de sa performance. Décidément, ce Copé sera toujours trop “ grossier ”, comme il le confie alors à l’un de ses proches. Sur le fond, tout de même, Sarkozy n’est pas mécontent. Pas mal, ce résultat. A ce stade, on ne peut encore préjuger du score final, compte tenu des inévitables corrections à venir, mais une chose est déjà sûre : Fillon a raté son pari. C’est l’essentiel ”.

Buisson s’en mêle

“ Ce lundi 19 novembre à 19 h 30, trois heures avant la proclamation des résultats, Patrick Buisson téléphone à Eric Ciotti, directeur de campagne de François Fillon : “ On est d’accord, Eric. Les fraudes à Nice, c’est Estrosi ”. — “ Que voulez-vous dire ? ” Buisson poursuit : “ Jean-François a gagné de 500 voix (la Cocoe annoncera 98 voix d’avance pour Copé à 22 h 30). Donc, on est d’accord, vous ne faites pas de recours. Vous savez, Eric, je vous aime bien. Vous avez un grand avenir. Je n’ai pas pu faire de vous un ministre parce qu’il y avait Estrosi. Vous devriez vous écarter de lui ”. (…) Jamais physiquement présent rue de Vaugirard, mais pendu au téléphone, Buisson, cette fois, n’a pas été un simple conseiller. Il a été l’un des acteurs, actif, de la campagne et de la crise ”.

Nicolas, triche ou pas triche ?

“ Jeudi 20 décembre — Fillon est “ furieux ”. Voilà trois jours que Nicolas Sarkozy ne lui a pas téléphoné alors qu’une sortie de crise se profile enfin. (…) L’ancien Premier ministre est d’autant plus en colère que Sarkozy ne s’est pas gêné pour lui téléphoner et le bombarder de conseils quand ça l’arrangeait. “ Sa proposition de vote sur le vote m’a fait perdre quinze jours. En fait, il cherchait juste à gagner du temps en pensant que j’allais rentrer dans le rang… ” Fillon n’en revient toujours pas : “ Chaque fois que je l’ai vu ou qu’on s’est parlé au téléphone, il n’a pas eu un mot, pas un seul, sur la triche. C’est ça qui me choque. Je ne l’ai jamais entendu dire que la façon dont Copé a organisé cette élection était scandaleuse ”. Une fois, lors d’une de leurs discussions, Fillon, le faux-calme, s’est énervé : “ Mais enfin, ils ont truandé ! ” —“ Oui, c’est sûr… ”, a dit Sarkozy, qui a changé de sujet ”.

“ Copé est nul : il ne sait même pas tricher correctement ”

“ Ce mercredi 23 janvier, Nicolas Sarkozy reçoit à domicile, villa Montmorency. Un privilège rare qu’il réserve à François Fillon pour partager une tasse de café. (…) Bon, dit Sarkozy : “ C’est clair, il n’y a que toi. Tu es le seul qui peut y arriver ”. Mais, mine de rien, Sarkozy y met une condition : “ Il faut que tu défendes le bilan ”. Sous-entendu : tu n’y arriveras que si tu te mets dans ma roue. (…) Fillon n’aura quand même pas perdu sa matinée. Ce 23 janvier, c’est d’abord la fête à Copé. Un vrai festival. La “ prétention ” du maire de Meaux, son “ manque de finesse ”, tout y passe. Sarkozy n’a toujours pas digéré la manière dont Copé n’a, au fond, écouté aucun de ses conseils et l’a proprement envoyé bouler. Pour marquer le coup, il l’avait quasiment ignoré lorsqu’ils s’étaient croisés le 5 décembre à la remise de décoration du banquier Grégoire Chertok, grand ami de Copé, dans un salon du Conseil constitutionnel. Pour finir, ce matin-là, Sarkozy se lâche carrément : “ Copé est vraiment un nul. Il ne sait même pas tricher correctement ”. Début janvier, devant un député proche de Fillon, qui n’en est pas encore revenu, Sarkozy est allé jusqu’à dire : “ Si cela avait été pire, ç’aurait été encore mieux pour moi… ” ”. Pfiou ! Pas mal, celle-là…

PPDA viré par Sarkozy via Buisson ?

C’est la fête à Nico, décidément ! Même Patrick Poivre d’Arvor lui tombe dessus dans un livre — hé oui, encore ! — à paraître le 8 avril chez Robert Laffont. Dans “ Seules les traces font rêver ”, le journaliste “ évoque, entre autres, sa chute et l’homme à qui il pense la devoir… ”, annonce “ Le Point ” qui publie des extraits de l’ouvrage, parmi lesquels celui-ci : “ Que l’opération (ait) été sinon voulue, du moins avalisée, (c’est) ce qui me fut plus tard confirmé par un autre conseiller élyséen très écouté, Patrick Buisson. Travaillant par ailleurs pour le groupe TF1, il fut chargé par Nonce Paolini de présenter au chef de l’Etat le schéma de mon exfiltration (une semaine avant que je sois au courant de quoi que ce soit). “ A eux de se débrouiller avec ça ”, avait été la seule réponse de Nicolas Sarkozy, qui, ce jour-là, avait donc signifié qu’à ses yeux mon sort était scellé ”.

Cahuzac amer

Et Jérôme Cahuzac, dans tout ça, hmm ? Force est de le constater : la démission du ministre du Budget fait moins gloser, dans vos hebdos… peut-être parce que le ministre a su rester discret, lui… “ S’il n’en a rien dit (ou presque) en public, indique “ Le Point ” dans un tout petit entrefilet, Jérôme Cahuzac juge en privé qu’il n’a pas été suffisamment soutenu par le duo de l’exécutif. “ La petite blague de Hollande sur la parité rétablie grâce à sa démission, c’est de très mauvais goût… Et tout cela à l’Elysée, devant les caméras ”, confie un proche de l’ancien ministre du Budget. “ Il ne la digère pas ”. Et d’autres intimes de trouver Cahuzac “ très abattu, très triste. Il a le sentiment que cette affaire arrange tout le monde, notamment au gouvernement, où il s’était fait plein d’ennemis ”.

Cahuzac : Hollande avait interdit toute intervention

Concernant le “ manque de soutien ” que le duo de l’exécutif aurait témoigné à Jérôme Cahuzac, “ Le Nouvel Obs ” apporte quelques précisions qui valent peut-être d’être rapportées. “ Pour le ministre, en fait, raconte l’hebdo, tout s’est joué le mardi 8 janvier, quand le parquet de Paris a annoncé l’ouverture d’une “ enquête préliminaire ” dont il a mesuré tout de suite combien elle changeait la nature de son combat. (…) Devant ses proches, le ministre avait confié que son conseil genevois, Me Edmond Tavernier, était sur le point d’obtenir de l’UBS les documents qui allaient le disculper. Ce n’était peut-être qu’un rêve, mais le voilà brisé. Avec l’ouverture d’une instruction judiciaire, immanquablement, les Suisses vont quitter le territoire des négociations informelles. (…) C’est d’ailleurs pour cela que Cahuzac, averti des intentions du procureur Molins dès que celui-ci en a fait part, début janvier, à Christiane Taubira, avait demandé en haut lieu qu’on lui accorde un petit délai de grâce. (…) Le ministre est allé voir le secrétaire général de l’Elysée, Pierre-René Lemas, et le directeur de cabinet de Matignon, Christophe Chantepy, pour qu’ils interviennent en ce sens auprès du parquet de Paris. Les deux hommes n’ont pas levé le petit doigt. Trop dangereux ! Hollande leur a donné des ordres formels. Pas d’intervention dans les affaires judiciaires, surtout lorsqu’elles concernent un membre du gouvernement ”.

Cahuzac a voulu démissionner en janvier

Scoop ? L’hebdomadaire nous apprend qu’après le refus de ce “ délai de grâce ” demandé en janvier, le ministre avait résolu de démissionner : “ Durant le week-end des 12 et 13 janvier, le ministre fait le point avec ses avocats, dit-il. Le lundi, sa décision est prise. Avant la fin de la semaine, il ira à la télévision pour annoncer sa démission et expliquer que c’est désormais pour lui la seule manière de défendre son honneur à armes égales. Cahuzac, finalement, a préféré reculer. Pour un temps… Réflexe d’orgueil ? ” Bonne question, “ L’Obs ”…

Moscovici chargé d’une mission visant à prouver à Cahuzac qu’on ne le laisse pas complètement tomber

“ Pour comprendre, répond le journal, il faut surtout regarder ce qu’il se passe alors au sixième étage de Bercy, dans le bureau qui est juste au-dessus de celui du ministre du Budget. Si, à l’Elysée, Hollande ne bouge pas, d’autres le font pour lui, dans un registre qui n’est pas celui de l’intervention judiciaire directe. Moscovici est ainsi chargé d’une mission qui a au moins le mérite de prouver à Cahuzac qu’on ne le laisse pas complètement tomber. (…) Depuis novembre 2009, il existe entre la France et la Suisse une convention administrative qui permet d’interroger l’une ou l’autre partie en cas de soupçon d’évasion fiscale. A la direction générale des finances publiques (DGFIP), Bruno Bézard entre en piste. Son ministre de tutelle, Pierre Moscovici, saisit l’occasion du sommet de Davos, le 26 janvier, pour régler avec son homologue suisse les modalités pratiques de cette demande d’informations. Il est convenu entre les deux hommes que la réponse des autorités helvétiques, quelle qu’en soit la nature, ne pourra être rendue publique. Et c’est bien là le problème ”. Aïe, kekcekça encore ?

Aider, d’accord. Prêter le flanc au moindre soupçon d’intervention, pas question

“ Quelques jours plus tard, explique le mag, Moscovici a entre les mains une lettre qui, au fond, ne sert pas à grand-chose. Pour des raisons de prescription, les Suisses ne sont remontés qu’à 2006. Aucune trace d’un compte au nom de Cahuzac. C’est un indice fort, pas une preuve. Le contenu de la lettre est transmis à l’Elysée. L’original est enfermé illico dans le coffre de la DGFIP. Le procureur Molins en reçoit une copie. A lui et à lui seul de voir l’usage qu’il peut en faire dans la conduite de son enquête. Lorsque le contenu de la lettre est divulgué dans la presse, tous les regards se tournent vers Cahuzac. Comme toujours, lorsque ses informations sont contestées, Mediapart crie à la manipulation. A l’Elysée, ça grince. Pierre-René Lemas prend son téléphone pour signifier sèchement au ministre du Budget le courroux de Hollande. Le président, au fond, n’a pas changé de ligne. Aider, d’accord. Prêter le flanc au moindre soupçon d’intervention, pas question. Lorsqu’il raccroche, après avoir juré une fois encore n’être pour rien dans ces fuites qu’il estime inutiles, Cahuzac est un homme révolté et résigné à la fois. Au prochain coup, il ne résistera pas. Le coup est tombé le 19 mars. Il n’a pas résisté ”.

Retour à la case député ?

Quel avenir pour Jérôme Cahuzac après Bercy ? “ Son entourage assure qu’il reprendra le 20 avril son poste de député de Lot-et-Garonne, laissé à son suppléant, indique “ Challenges ”. Depuis 2008, en effet, un député devenu ministre peut récupérer son siège quand il quitte le gouvernement ; il dispose de un mois pour faire son choix. Lui qui a déjà eu plusieurs vies professionnelles — chirurgien reconverti dans les implants capillaires et le consulting avant de s’imposer pilier du gouvernement — refuse de se prononcer. “ Je dois remobiliser mes forces, et ma priorité est de prouver mon innocence ”, confie-t-il. Mais ses proches le disent accro à la politique ”. A suivre…

A lire, encore…

Dans “ Le Point ”, “ A la poursuite du trésor de Kadhafi ” où l’on apprend que “ le magnifique bâtiment Art déco loué par la Fnac des Ternes, planté à deux pas de l’Arc de triomphe, fait l’objet d’une guerre sans merci entre les anciens du clan Kadhafi et des factions de l’actuel pouvoir libyen ” qui, surprise !, ont engagé des “ chasseurs de primes ”.

Dans “ L’Obs ”, “ Grèce : les soldats de l’ordre noir ” sur le mouvement Aube dorée qui “ traque les immigrés jusque dans les commissariats ”.

Dans “ Challenges ” : le dossier de couverture “ Corée, le pays 4 G ”, une “ plongée dans le laboratoire high-tech de la planète dont l’avance technologique irrigue toute l’économie nationale ” ; “ Fiable ”, le portrait du nouveau ministre du Budget Bernard Cazeneuve et “ La vérité sur… les privilèges des fonctionnaires ”. Jusqu’au bout, la semaine aura été enragée, on dirait…

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