Massacre de Garissa : la vie d'un chrétien kényan vaut-elle moins qu'une autre ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Réaction après le massacre de Garissa.
Réaction après le massacre de Garissa.
©Reuters

Revue de blogs

Une ceinture de feu et de massacre contre des chrétiens se dessine à travers le monde, du Kenya au Pakistan. Et la disproportion des réactions entre les journées "Je suis Charlie" et "Je suis Kényan" après le massacre de Garissa choque l'Afrique, mais pas seulement.

Claire Ulrich

Claire Ulrich

Claire Ulrich est journaliste et fan du Web depuis très longtemps, toujours émerveillée par ce jardin aux découvertes, et reste convaincue que le Web peut permettre quelque chose de pas si mal : que les humains communiquent directement entre eux et partagent la chose humaine pour s'apercevoir qu'ils ne sont pas si différents et qu'il y a donc un moyen de s'entendre.

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Illustration du blog de Renaudossavi sur Mondoblog

La plateforme de blogs, surtout Africains, Mondoblog, regroupe les cris du coeur d'Africains choqués et par le massacre et par l'indifférence apparente du monde comparée à la lame de fond des "Je suis Charlie", en janvier dernier. Renaud Ossavi a tranché : "Charlie ou Kenya...moi je suis Kenya".

"Le dépit, le dépit profond et l'indicible frustration face au monde qui était Charlie il n'y a pas si longtemps mais qui s'en fout royalement de Garissa (...). Le plus mortifiant, c’est nos chefs d’Etat, surtout la bande à Charlie, n’ont pas daigné faire un discours ou une condamnation. Rien, zéro, nada, peau de balle", écrit-il.

C'est vrai pour la réaction politique et les rassemblements populaires de solidarité. Ce n'est pas vrai pour les réseaux sociaux. Même si le hashtag "Je suis Kenyan", en toutes les langues, n'a pas égalé les statistiques de "Je suis Charlie" d'après les décomptes du site l'Atelier des médias, les partages des photos de bougies en hommage aux victimes se chiffrent par centaines de milliers, comme les commentaires ulcérés d'occidentaux sur les priorités des médias :

Vincent Message : "Chers actionnaires, chers rédacs chefs de nos chers médias. Nous voulons entendre parler plus et mieux du Kenya. Nous accordons plus d’importance aux innocents tombés à Garissa qu’à la dernière pique échangée entre présidentiables, ou au dernier rebondissement de la vie sentimentale de tel ou tel people – et nous souhaitons que vous fassiez de même."

Yann Colince, sur Afrik, ne veut pas "être Kenyan" sur Twitter et explique pourquoi. "Je prends mes distances avec le « Je suis Kényan » parce que contrairement à la vague déferlante, je refuse de me voiler la face et je préfère voir le drame qui s’est produit dans une université kényane pour ce qu’il est réellement. Ceux qui sont morts n’ont pas été tués parce qu’ils étaient Kényans, ils ont été tués parce qu’ils étaient chrétiens. C’est la liberté de religion qui a été cruellement atteinte au Kenya (...) En ce jour de Pâques de Paris à Garissa (Kenya) en passant par Kano (Nigeria) et autres, la priorité devrait être à œuvrer pour faire barrage aux guerres de religions que l’on agite chaque jour sous nos yeux à travers des actes d’une barbarie inqualifiable. En ce jour de Pâques, je veux le dire orbi et urbi : je suis chrétien… je suis musulman… nous sommes une seule et même humanité… la guerre des religions n’aura pas lieu, ou alors elle se fera sans moi." 

Sur Facebook, dans un fil de conversation outrée sur l'indifférence occidentale, Colince Yan intervient : "Compatir à la douleur ne ramène pas à la vie. L'urgence devrait être à réfléchir à la manière d'agir pour que ce qui cause la douleur ne se reproduise plus."

Le Kenya porte l'attention sur d'autres communautés chrétiennes à la peine dans le monde. Réforme a publié un portrait de cette minorité,souvent réfugiée au LibanAu Pakistan également, les chrétiens sont persécutés et tués. Le site du Congrès des chrétiens du Pakistan est devenue l'agence de pressse des persécutions dont ils sont victimes.

Au Kenya, une page Facebook a été ouverte pour rassembler toutes les informations sur les suites du massacre de Garissa, sur Garissa news.

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