Marissa Mayer, la belle et la tech<!-- --> | Atlantico.fr
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La patronne de Yahoo! est celle qu'on commence à adorer détester.
La patronne de Yahoo! est celle qu'on commence à adorer détester.
©Reuters

La Minute Tech

Depuis que la patronne de Yahoo! - une des femmes les plus puissantes du monde - a posé pour le magazine Vogue dans une position très glamour, la polémique enfle.

Etre blonde au pays de la tech et cumuler l'un des "top 5 jobs" d'Internet semble juste impossible médiatiquement au moins aux Etats-Unis, mais Marissa Mayer ouvre la voie. Les photos et l'interview pour Vogue ont brassé tant de réactions épidermiques et sexistes outre-Atlantique que l'alternative existe désormais : pourquoi les grands de la tech n'auraient-ils pas le droit d'être riches, élégants, fous de mode ? Et femme, aussi. 

Marissa Mayer dans Vogue

Vogue, encouragé par le fashion sense de sa nouvelle top model, a aussi concocté une semaine de suggestions de toilettes pour aller au bureau, acheter ou vendre quelques start-ups. Les rubriques commentaires et les blogs américains ont explosé, en général de réprobation. Marissa énerve les femmes, les gens sérieux, les tacherons et les tâcheronnes, les geeks "normaux". Tout semble trop facile pour elle.

Tout n'a pas toujours été aussi glamour pour Marissa : rien de dramatique, mais des débuts très Middle West. Une vidéo produite par Business Insider a pisté  "10 informations peu connues sur Marissa Mayer" qui retrace le parcours de la nouvelle icône insaisissable et maintenant antipathique aux femmes de la tech.

Les reproches faits à Marissa Mayer sont d'abord un classique : d'introduire dans le board room des "trucs de filles", froufrous, blondeur, talons hauts, que l'on ne pouvait reprocher à Steve Jobs et ses cols roulés noirs. Mais l'interview de Jacob Weisman pour Vogue donne aussi un éclairage sur pourquoi les récentes décisions de Marissa choquent à répétition les féministes, ou les autres femmes de ce milieu très masculin : la fin du télétravail pour les employés de Yahoo! (supposé permettre de mieux concilier vie privée et professionnelle), de nombreux licenciements sans écailler son sourire ou sa manucure, etc. Et surtout,  Marissa "se fiche du genre".

"A Stanford, elle étudie les Symbolic Systems, qui allient philosophie, la psychologie cognitive, la linguistique et la science de l'informatique. Un jour, elle riait en lisant un article du Stanford Daily sur les 'icônes du campus' (le fou local qui agresse les passants, le type qui dans la boutique de sandwiches s'arrange toujours pour se tromper dans votre commande), et il y avait là une ligne qui disait : 'Cette fille blonde dans les bons élèves du cours de sciences de l'informatique'. Et je me suis dit : 'Je suis une fille aussi parmi les premières dans le cours de sciences de l'informatique, je devrais la connaître.' J'étais vraiment complètement aveugle au genre. Et je le suis toujours."

Sur Jezebel, la rage a explosé dans les groupes de discussions, comme dans cette réaction : "Oh ce truc 'aveugle au genre', 'oh, vraiment, je n'ai vraiment rien fait pour réussir' de Marissa Mayer me tue ! Tu est très maligne, ma fille. Je ne vais pas croire une seconde  le succès 'passif' qu'elle vend avec enthousiasme. Parce que j'ai travaillé dur toute ma carrière, et cela ne m'a certainement pas amené aussi loin qu'elle. Tu dois avoir un plan secret en tête pour avoir un tel succès. Ma théorie est qu'elle adopte cette attitude pour éviter de devenir une  - mon dieu - icone féministe. Parce que de toute évidence elle n'a rien de la working woman. Peut-être que c'est une tactique de survie qu'elle a acquis dans un secteur très misogyne des geeks... Mais ça commence à devenir quelque chose de lourd, et pas à célébrer. Il est temps de repenser ton message, Marissa".

Pour l'instant, tout va bien pour celle que l'on commence à adorer détester : Comscore, le cabinet d'études des audiences Internet, place Yahoo! devant Google en termes de clics au mois de juillet, et Marissa baigne dans le halo flatteur et protecteur d'un cours d'action en hausse, pour un géant que l'on disait mort ou à peu près il y a moins d'un an. Petit signe des temps ? Le nombre grandissant de filles dans les laboratoires et fac de sciences de l'informatique annonce peut-être moins de tensions, et plus de couleurs : Facebook vend dormais du vernis à ongles "bleu Facebook" (Social butterfly blue) dans la boutique de son campus à Memlo (photo Mashable).

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