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Marine Le Pen, néo-atlantiste trumpienne ?
©Reuters

Fuzzy logic

Alors comme ça, l'élection d'un président américain nationaliste, isolationniste, protectionniste et xénophobe serait une bonne nouvelle pour le "souverainisme" français ? Pas si sûr, en fait.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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On pourra trouver étrange de voir les souverainistes d'un pays A, disons la France, se réjouir de la bonne fortune des souverainistes d'un pays B ou C, disons les États-Unis ou la Grande-Bretagne.

On comprend bien qu'à court terme les victoires de Trump et des "brexiters" puissent effectivement leur donner des ailes ("Si des populistes xénophobes parviennent à séduire une majorité d'électeurs chez les voisins, on doit être capables d'en faire autant") mais, au-delà d'une légitimation théorique de leurs thèses, qu'ont vraiment à gagner les nationalistes d'une puissance moyenne dont la prospérité dépend de son commerce extérieur et de son tourisme et la sécurité de la fiabilité de ses partenaires, d'une telle propagation des égoïsmes locaux ?

De fait, les souverainismes sont nécessairement antagonistes et ce qui est (peut-être, on a le droit d'en douter) "bon" pour les États-Unis, de la fermeture de ses marchés à un désintérêt croissant pour le coûteux bordel moyen-oriental, est difficile à présenter comme universellement positif. Et les partisans français de la fermeture des frontières et du repli sur soi, s'ils ont vraiment la moindre ambition pour leur pays, feraient mieux de s'interroger sur les conséquences concrètes du nouvel ordre en train d'émerger.

Oui, il est possible, maintenant que les Américains et les Britanniques ont ouvert la voie, d'assister à une déferlante protectionniste et isolationniste dont le point d'orgue serait, chez nous, l'entrée de Marine Le Pen à l’Élysée. Comme il est possible de voir exploser tout ce que l'Occident (au sens géopolitique) a su mettre en place de structures de coopération stratégiques et économiques depuis 1945.

Parce que l'histoire, dit-on, ne repasse pas les plats et que le pire n'est jamais sûr, on se gardera prudemment d'en tirer des conclusions trop cataclysmiques à base de troisième guerre mondiale pour faire peur aux petits enfants. On suggérera toutefois qu'il faut une sacrée dose de crétinerie pour prétendre que c'est l'harmonie, la joie et la concorde qui sortiront de ces réveils nationalistes en série.

C'est sûr, une version lepéniste de la France, sorte d'utopie néo-pétainiste peuplée d'agriculteurs et de petits commerçants monocolores, pourrait peut-être un temps se donner l'illusion de tirer son épingle du jeu en claquant la porte de l'OTAN, de Schengen et même de l'UE pendant que les Russes, les Chinois et les califes compteraient les points. Mais son "souverainisme", au sens du moyen de préserver son indépendance, n'aurait vite plus grand chose à voir avec la "souveraineté".

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