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Manuel Valls : est-ce que rester fidèle à ses idées c’est trahir ?
©Reuters

Apostasie

Un politique qui reste fidèle à ses idées plutôt qu’à un clan n’est pas un traître. C’est même tout le contraire.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Dans ce pays où tout le monde (ou presque) exige de la probité et de la constance de la part du personnel politique, on est pourtant rapide à qualifier de traître le type qui préfère rester fidèle à ses idées plutôt qu’à son clan. Valls est ainsi en train de se faire pourrir par les porte-flingues de Hamon depuis trois jours, au motif qu’il ne respecterait pas les engagements de la primaire en admettant qu’il votera Macron.

Outre que c’est assez ironique en l’espèce, Hamon lui-même ayant passé la moitié du mandat de Hollande à tenter de le dézinguer à coups de motions de censure, on conviendra que la vision défendue par l’ancien Premier ministre ressemble davantage à celle du patron d’En Marche qu’aux promesses de raser gratis du candidat du PS.

Mais le raisonnement vaut pour l’autre bord, les pointures LR abandonnant le Titanic Fillon depuis qu’on connaît le goût de ce dernier pour le pognon mal acquis (ok, présumé mal acquis, ne vous mettez pas en rogne tout de suite) étant tout à fait fondées à avoir le sens de l'honneur.

Un parti politique, ce n’est pas une religion ou une secte dont on est censé accepter toutes les dérives au nom d’un dogme intangible et au risque d’être excommunié. C’est essentiellement un outil au service d’idées communes à des personnes qui, lorsqu’elles cessent d’être d’accord entre elles, devraient être capables de séparer sans s’étriper.

Et d’ailleurs, je ne jette pas spécialement la pierre à Hamon lui-même pour ses années de frondeur : s’il se sentait vraiment si mal au gouvernement, il était logique qu’il aille lui lancer des cailloux depuis l’extérieur. Il me semble d’ailleurs que, du point de vue d’un électeur à peu prés honnête qui ne se prendrait pas pour un supporter de foot uniquement préoccupé par la victoire de son équipe, c’est le genre d’initiative qui devrait être encouragé.

Car comment simultanément reprocher à un homme politique d’être un hypocrite qui ne pense qu’à la soupe et lui taper dessus dès qu’il prend des risques ? Pour rester sur l’exemple Valls, il n’a pas grand-chose à gagner de ce qu’il est en train de faire : il n’espère pas un strapontin dans un gouvernement Macron (dont il fut le boss, on a sa fierté) ; il risque même de perdre son siège de député dans la prochaine Assemblée s’il n’est investi ni par le PS ni par En Marche (qui jure de privilégier les nouvelles têtes et souhaite par-dessus tout éviter d’être perçu comme une province de la Hollandie).

En terme de stratégie de carrière, c’était même le plus mauvais coup qu’il puisse jouer...

Et à la limite, s’il faut vraiment en vouloir à qui que ce soit par goût de la polémique inutile, ce serait plutôt à ceux qui, chacun dans leur style, avalent volontairement toutes les couleuvres, même les plus grosses, par peur panique de se retrouver sans point de chute. NKM est-elle vraiment si à l’aise que ça en groupie fillonniste ? Cambadélis, ex-lieutenant de DSK, est-il à ce point convaincu que l’assassinat du PS par Hamon est admirable ? Je vous laisse juge.

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