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Les Français, le diesel et les couleuvres de Nicolas Hulot
©GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP / POOL

La COP 21 est pleine

Peut-on se rendre à une manif contre les forages pétroliers de Total en Guyane ou le réchauffement climatique en 4x4 diesel ?

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Les Français, dont Nicolas Hulot était le ministre préféré même s’ils passaient leur temps à lui reprocher d’avaler des couleuvres de la taille d’un boa tous les matins, descendent désormais dans la rue pour protester contre la hausse du prix du diesel.

Oui, la hausse du prix du diesel. Le carburant qui remplit l’atmosphère de NOx, tapisse les poumons de particules fines et nique les systèmes hépatiques entre autres joyeusetés ! Pour des gens que le glyphosate terrifie, auxquels les ondes wifi des compteurs Linky donnent des boutons et qui se méfient des vaccins qui rendent malades, c’est assez surprenant…

Mais l’on me fait volontiers remarquer qu’ironiser sur un tel paradoxe est une réaction de « bobo hors-sol » ; l’attitude typique du hipstercycliste de centre-ville qui méprise les malheureux cols bleus périurbains forcés de se rendre à l’usine en bagnole chaque matin…

Bah, pourquoi pas. C’est possible. On est toujours le bobo inconséquent de quelqu’un.

Il y a tout de même quelque chose de fascinant à les voir s’inquiéter d’un réchauffement climatique qui transformera bientôt l’Europe en Afrique ou à protester contre l’ajout de perturbateurs endocriniens aux gels douche —phénomènes contre lesquels ils ne peuvent objectivement pas grand-chose à un niveau individuel— tout en exigeant de payer moins cher pour l’un des principaux facteurs de propagation de la bronchiolite chez les nourrissons et de pollution des zones urbaines.

Poussé dans mes retranchements, j’aurais d’ailleurs du mal à justifier quelques unes de mes propres contradictions de Gaulois hypocrite : je me suis fait installer la clim pendant la canicule, contribuant du même coup à la hausse du mercure dont je voulais me protéger (je n’en suis pas spécialement fier et, à ma décharge, je m’en suis pratiquement pas servi de toute manière).

D’où le développement d’un certain fatalisme à l’égard, non pas des seuls Français mais de l’espèce humaine toute entière qui, bien que convaincue de l’imminence du cataclysme, attend des ses élites qu’elles règlent les problèmes en douceur et surtout sans tracas. Comme interdire à Total de chercher du pétrole en Guyane mais sans que ça n’affecte trop le coût du gazole à la pompe, par exemple...

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