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Le Premier ministre qui aime s'asseoir dans les églises ; Fillon était prêt à recruter Macron ; Bayrou et Goulard se détestent...
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Revue de presse des hebdos

Et aussi Valeurs Actuelles met les traîtres à l'index et Marion Maréchal-Le Pen fait (vainement) de l'oeil à Wauquiez

Gilles Klein

Gilles Klein

Gilles Klein,, amateur de phares et d'opéras, journaliste sur papier depuis 1977 et en ligne depuis 1995.

Débuts à Libération une demi-douzaine d’années, puis balade sur le globe, photojournaliste pour l’agence Sipa Press. Ensuite, responsable de la rubrique Multimedia de ELLE, avant d’écrire sur les médias à Arrêt sur Images et de collaborer avec Atlantico. Par ailleurs fut blogueur, avec Le Phare à partir de 2005 sur le site du Monde qui a fermé sa plateforme de blogs. Revue de presse quotidienne sur Twitter depuis 2007.

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La chronologie est cruelle pour les hebdos qui ont bouclé avant de connaître la composition du nouveau gouvernement qui domine cette semaine en cours. Les hebdos se penchent donc sur les premiers jours de la présidence de Macron, et sur son nouveau Premier ministre. Et on lit au passage, que Bayrou (ministre de la Justice) et Goulard (ministre des Armées) ne se supportent pas. La cohabitation a-t-elle déja commencé au sein du gouvernement ?

Pour la Une de l'Express, Macron "chamboule tout" et cette Une souligne aussi la jeunesse du tandem qui prend les rênes du pays : "Lundi 15 mai. Les historiens de la Ve République n’ont jamais vu cela. Un couple (exécutif) se forme, c’est le plus jeune depuis 1958 : Emmanuel Macron et Edouard Philippe ont, à eux deux, 85 ans. Record Giscard-Chirac battu (89 ans) – quand tous les autres tandems dépassaient les 100 ans, jusqu’au plus vieux, en 1992, Mitterrand-Bérégovoy, 141 ans au total. Cette fois, le choix répond à la promesse phare du candidat : fraîcheur et renouveau. « C’est, pour moi, l’enjeu principal de cette élection, pointe un proche du nouveau président. Il n’y a pas une réforme clef du programme d’Emmanuel Macron qui ait marqué les esprits, son défi est d’abord politique. » C’est le défi du chamboule-tout."
L'Express avait rencontré le futur Premier ministre six jours avant sa nomination à Matignon,qui lui déclarait alors : « Il est absurde de croire qu’il ne s’est rien passé le 7 mai. Emmanuel Macron a 39 ans, il gagne contre les partis, il a montré des choses impressionnantes en termes d’audace. Ceux qui pensent qu’il n’a été élu que par défaut et par pure chance ont tout faux. Il a une lecture extraordinairement gaullienne des institutions. Le chef de l’Etat est élu, il identifie une majorité qui soutient l’action pour laquelle il a obtenu des voix, le gouvernement doit refléter et être la première incarnation de cette majorité que le président veut dessiner aux législatives. »
Le Premier ministre et les églises
Le Point qui l'a rencontré en dit un peu plus sur l'homme Édouard ­Philippe, né à Rouen, élu maire du Havre, un vrai normand auquel il consacre une douzaine de pages : "devenu trois jours plus tard premier Premier ministre d'Emmanuel Macron, mais qui, ce vendredi 12 mai, ne pouvait encore le dire : on ne s'adoube pas Premier ministre soi-même. Édouard Philippe nous invite à le suivre. Vite, scruter son visage, ses yeux, y chercher les traces de sa nomination à venir. Passer au scanner son vaste bureau d'édile, le tableau coloré de Raoul Dufy, la bouteille de whisky pleine à déborder, la photographie de ­Zidane, les piles de parapheurs, les feutres triés par couleur sur sa table…" Celui qui était alors futur Premier ministre dit «La droite a un travail de refondation à faire sur toute une série de sujets tels que la liberté individuelle, le rapport à l'Europe… Il faut que des gens tentent des choses originales».
Edouard Philippe n'a pas la foi "mais il aime s'asseoir dans les églises" explique Le Point : « J'ai beaucoup de respect pour le sacré. Ma mère est issue d'une famille très catholique alors que, chez mon père, ils étaient parfaitement mécréants. Je ne vois pas l'homme sans le sacré. »
Edouard Philippe ? "Un choix de dingue"
Tous en train de faire découvrir les nouveaux venus, les hebdos ne sont pas violents face à Edouard Philippe, mais on trouve quand même quelques gouttes d'ironie qui précèdent l'acidité qui ne devrait pas tarder :  "« Est-on sûr que les Français savent qu’il est de droite ? », se moque un ancien ministre pour souligner sa faible notoriété" souligne l'Express. Pas de surprise du côté de Laurent Wauquiez qui parle clair & net à propos du Premier ministre : "“C’est un choix de dingue ! Il n’a aucune expérience gouvernementale,  il est détesté par tous les parlementaires, c’était le porte-flingue de Juppé, un type très brutal et seul à l’Assemblée nationale. » ” 
Même l'entourage du président affiche une certaine lucidité, face à un avenir inquiétant, aussi signalée par l'Express : "La configuration est inédite, la bataille des législatives, par conséquent, plus incertaine que jamais. Un ami du président remarque : « Macron est devenu une star mondiale, mais cela ne suffit pas forcément à vous faire gagner la circonscription de Romorantin... » 
Giesbert dans Le Point  ne voit pas la vie en rose "Macron est prévenu : désormais, les mille fleurs de l'état de grâce se fanent de plus en plus vite, la chasse au président commence dès son intronisation et son règne s'achève dans un brouillis d'insultes et de quolibets. Le nouveau président fera-t-il exception ?"
Cette droite qui trahit
"Sans convictions, sans valeurs, sans idées... ces lâches qui se vendent à Macron" la Une de Valeurs Actuelles est directe avec un visuel sans ambiguité : les couteaux sont tirés entre les juppéistes et les fillonistes. Dans l'article de 3 pages, Valeurs, qui ne parle que d'Edouard Philippe (pas des autres membres du gouvernement dont il ignorait la composition lors du bouclage) cite Olivier Véran député socialiste de l'Isère, qui a rejoint le mouvement de Macron. Et l'hebdo semble partager le jugement plus nuancé de Véran : "moins qu'une trahison, le choix d'Edouard Philippe ressemble davantage à un coming out".
"J'observe que les juppéistes ont exprimé leur satisfaction moins de deux minutes après sa nomination" note un lieutenant de Fillon à propos de la nomination du Premier ministre. Pour Valeurs l'avenir est au delà de la division actuelle. Ce n'est qu'un début pour la droite "Les Républicains ressemblent à l'armée de Darius. facialement impressionnante mais impuissante, faute d'homogénéité, à vaincre celle d'Alexandre le Grand" analyse Christophe Billan, le président de Sens commun cité par Valeurs, Billan qui voit là "l'occasion pour la droite de se refonder. La catalyse a commencé. Ce n'est qu'un début" conclu l'hebdo.
Etonnant : Valeurs Actuelles salue l'artiste quand même "A la différence de François Hollande, le nouveau président de la République a fait un véritable sans-faute - affiché - à son arrivée à l'Elysée."
Fillon a failli embaucher Macron
L'Obs cite Mathieu Goar et Alexandre Lemarié auteurs du livre 'Les coulisses d'une défaite' consacré aux dessous de la campagne perdante de Fillon. Ils racontent  que Fillon portait un regard positif sur Macron : "Son analyse est pertinente et rejoint sur un très grand nombre de points la mienne" leur déclarait l'ex-Premier ministre en avril 2016. Fin janvier 2017, il revient sur le sujet devant un club d'entrepreneurs du numérique "Si Emmanuel Macron veut venir dans mon gouvernement, je ne suis pas contre". Fillon n'imaginait pas alors que les affaires allaient l'éliminer, et que le jeune homme à qui il pensait pour son équipe, allait devenir président à sa place, après son cuisant échec...
Sinon l'Obs semble enthousiaste face à Macron. On le voit qui monte très vite un escalier en une du journal, qui constate avec une sorte d'indulgence amusée "Il ose tout". Le PS ne doit pas regarder Macron avec la même sympathie pourtant, comme la majorité des lecteurs de l'Obs ? On attend un sondage...
Goulard et Bayrou : la haine ?
Comme nous l'avons déja souligné, les hebdos ont bouclé avant la composition du gouvernement. Il faut donc saluer la clairevoyance du Point qui consacre quatre pages à la Marseillaise Sylvie Goulard (nommée ministre des Armées) en notant son côté pro-européen et adepte de la rigueur allemande. L'hebdo rappele le titre de son livre sorti chez Fayard en 2005 'Le Grand Turc et la République de Venise' où elle critiquait la position française favorable à l'époque à l'entrée de la Turquie au sein de l'Union européenne. Le Point évoque aussi les mauvaises relations entre Bayrou (nommé au ministère de la Justice, et Goulard, nouvelle ministre importante. 
Les proches de Bayrou n'avaient pas une vision claire du rapport de force, si l'on en croit Le Point. L'un d'eux déclarait, avant sa nomination, "Elle n'a aucune expérience gouvernementale et parlementaire. Son côté je sais tout sur tout commence à exaspérer Marcon". La suite des événements a démenti cruellement ce propos.
Quatre pages aussi sur Gérard Collomb toujours dans Le Point : "A près de 70 ans (il les aura le 20 juin) celui qui a toujours été le chef chez lui s'est découvert un patron de trente ans son cadet, et ce patron est devenu président". Les policiers doivent être prévenus : "Autoritaire, Collomb ?  L'homme ne récuse pas l'adjectif" et il répond "Mais c'est un autoritarisme qui n'est pas du despotisme." Ouf !
Marion fait de l'oeil à Wauquiez

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