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Le père Noël pourrait se déguiser en Mario Draghi...
Le père Noël pourrait se déguiser en Mario Draghi...
©Flickr

Revue d'analyse financière

Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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La croissance mondiale devrait être meilleure que prévu en 2015 si le baril de pétrole se maintient au niveau actuel, au-dessous de 70$. D’après les calculs du FMI, la progression mondiale du PIB pourrait gagner de 0,5 à 1,3 points en plus sur les deux années qui viennent.

Le problème, c’est que la baisse du pétrole, c’est plus d’instabilité politique dans de nombreuses régions du monde. Pour le moment la chute de l’or noir n’affole pas les marchés. L’OPEP a décidé de maintenir son niveau de production en dépit de la forte chute des cours depuis l’été à 66$ au plus bas depuis septembre 2009. Ayons une pensée pour tous les écologistes distingués qui très savamment prévoyaient un baril à 200, 300, 400$... car, disaient-ils, "il n’y avait plus de pétrole". La demande est actuellement inférieure de 1 à 1,5M de baril/jour à ce qui était attendu.

Udith Sikand, de GaveKal à Hong Kong, estime que le premier pays gagnant sera l’Inde, suivie par la Corée du Sud et la Chine et peut-être de l’Indonésie et de la Malaisie.

L’Europe s’approche de la déflation

En Europe, on est au bord de la déflation, le rythme d’inflation devrait passer en dessous de zéro au cours des prochains mois. C’est le risque le plus important, car si la demande reste aussi faible, ce n’est pas simplement pour des raisons cycliques mais aussi structurelles.

Beaucoup d’investisseurs attendent que Mario Draghi se transforme en Père Noël, en leur apportant dans sa hotte le programme de "Quantitative Easing" tant attendu.

La BCE décidera d’acheter des obligations d’Etat au cours des réunions de janvier, mars ou avril 2015. Cela ne suffira toutefois pas d’acheter des "ABS" et des "Covered Bonds". Il faudrait acheter des actifs beaucoup plus risqués. Si c’était le cas, on entrerait alors dans l’équation favorable : baisse des taux réels + baisse de l’euro +  baisse du prix du pétrole. Tel est le scénario de Pierre Olivier Beffy, directeur économique de Exane BNP Paribas.

La croissance européenne devrait néanmoins rester faible, pense Peter Oppenheimer, stratégiste Europe chez Goldman Sachs à Londres. Il attend 0,9% avec une chance sur trois d’avoir un chiffre bien inférieur. Quand à Peter Berezin, Managing Editor de BCA, il estime que le programme de QE de la BCE devrait décevoir, car elle ne pourra pas acheter les classes d’actif les plus risquées. Ce n’est pas l’avis d’Anatole Kaletsky, de GaveKal à Londres, qui est persuadé que Mario Draghi est arrivé aujourd’hui à s’affranchir de la tutelle allemande.

Le plan Juncker pour relancer l’investissement en Europe espère attirer 315Md€ dans les trois années à venir. L’UE joue aux apprentis banquiers en utilisant à son tour la magie de l’effet de levier tant reprochée aux banquiers.

L’OCDE est inquiète, car c’est en France que la situation se détériore le plus.

La construction connaît un véritable marasme. On est tombé en dessous de 300 000 logements par an. Le gouvernement ne va pas assez vite, pas assez loin, pas assez fort.

Il passe son temps à détricoter les mesures stupides qui ont été prises. Les ardoises se multiplient : après celle d’Ecomouv, il y aura bientôt celle des Mistral. A chaque fois, c’est plus de 1Md€ ! L’épargne salariale, après avoir été assassinée, est maintenant encouragée. Quel gâchis !

Tout cela ne devrait pas empêcher les valeurs allemandes de surperformer les valeurs américaines, explique le Dr Jörg Krämer, chief economist de Commerzbank.

Pour ceux qui ont envie de croire à une amélioration de la situation en Europe, il faut acheter des valeurs de croissance. La composition du panier de Goldman Sachs consacré à ce thème est très intéressante. On trouve ces valeurs en Grande Bretagne (14) : Fresnillo, Aberdeen AM, Cobham, Prudential, St Jame's Place, Rightmove, Genel Energy, BG Group, Petrofac, Amec, Persimmon, Taylor Wimpey, ARM Holdings, Drax Group ; en Suède (4) : Meda, Lundin Petroleum, Electrolux, Hennes & Mauritz; en Suisse (4): Julius Bär, Geberit, Lindt, Dufry. Il faut noter que les pays où l’on trouve le plus de valeurs de croissance sont des pays qui ne sont pas dans l’euro. Cela pourrait éventuellement faire réfléchir le monde politique.

En Allemagne, on en trouve 3 : Symrise, Wirecard, United Internet ; au Danemark, 3 : Novo Nordisk, Novozymes, Pandora ; en France, 2 seulement : Valeo, Dassault Systèmes ; Aux Pays-Bas, 2 : Aegon, Asml Holding ; en Norvège, 1: Seadrill; en Espagne, 1 : DIA, au Portugal, 1: Galp Energia.

Pour les investisseurs qui souhaitent avoir un peu moins de croissance et plus de rendement, voilà une autre liste de sociétés classées cette fois par secteur :

Automobile : BMW, Daimler, Michelin ; Banques : BBVA, HSBC, Nordea, UBS ; Construction : Royal Boskalis Westminster, Tecnicas Reunidades, Vinci ; Finance : Deutsche Börse ; Alimentation : Nutreco ; Santé : Roche, Sanofi ; Biens d’équipents : Metso oyj, Randstad Holdings, Siemens ; Assurance : Aegon, Allianz, Assicurazioni Generali, AXA, Legal & General, SCOR, Unipol ; Media : Modern Times Group, SES SA; Pétrole : BP, Royal Dutch, Total; Biens de consommation : BAT, Philips Electronics, Taylor Wimpey ; Distribution : Casino; Technologie : Ericsson ; Telecoms : BT Group, Swisscom, Telenor, TeliaSonera ; Services publics : Centrica, E.ON.

Aux Etats-Unis, l’activité industrielle progresse, cela devrait entraîner un redémarrage de l’investissement. Pour Will Denyer de GaveKal à Hong Kong, la combinaison de bons chiffres américains et de la perspective d’une politique plus agressive de la BCE devrait encore aiguiser l’intérêt sur les sociétés américaines.

Au Japon, cela devrait s’arranger. Le "Government Pension Investment Trust", qui est le plus grand fonds de pension du monde avec 1400Md$ en gestion, devrait vendre prochainement pour 300Md$ d’obligations afin d’acheter des actions. Les valeurs japonaises se traitent à 8X le cash flow contre 11 X pour les pays développés et 7 X en Chine. Le Japon fait partie des bénéficiaires de la baisse du pétrole.

En Chine, la croissance va encore ralentir autour de 6,5%, mais pas s’effondrer. On pourrait, selon Louis Gave de GaveKal Hong Kong, assister à l’équivalent d’un Plan Marshall avec des investissements considérables dans des infra structures financées en partie par l’internationalisation du Renminbi. A suivre...

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