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Le "nouveau vote honteux" : pourquoi les sondages ne peuvent que se planter
©Reuters

Calculette

Avant, les sondages, c’était simple. On demandait aux gens pour qui ils allaient voter, ils répondaient, on faisait l’addition et c’était plié. Tout est changé désormais.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Le saviez-vous ? Il y aurait une inversion du mécanisme de vote honteux extrémiste. Des gens prétendraient voter Le Pen ou Mélenchon par conformisme et en fait non.

Tenez, par exemple, vous êtes boucher ou agriculteur, vous allez à des réunions de votre fédération professionnelle ou au bistrot, vous êtes bien obligé de dire du mal des étrangers ou de l'Europe même si vous adorez le couscous et l’hymne à la joie. C'est humain.

Ou vous êtes journaliste à Libé ou intermittent du spectacle : vous êtes un peu forcé de mettre un badge Phi sur votre bonnet péruvien et d'écouter de la musique vénézuelienne. Ça ne serait pas évident autrement, question vie sociale.

D'ailleurs, je connais un type aux Inrocks qui vote Fillon. Eh bien personne ne le sait dans sa rédac. Je peux le faire chanter si je veux. Je pourrais même lui demander un abonnement gratuit à son canard, OK, mais qu'est-ce que j'en ferais ? Télérama à la limite, il y a les programmes télé. Mais les Inrocks...

Mais bon, je garde le truc en réserve juste au cas où. Comme les services russes qui achetaient des informations pas très importantes à Charles Hernu dans sa jeunesse. Le jour où il est devenu ministre de la Défense de Mitterrand, ils ont chopé tous les secrets de nos bases nucléaires (du moins ceux qu'ils n'avaient pas déjà eu par Michel Debré qui était en réalité crypto-communiste et se faisait envoyer l’Huma chez sa concierge). Et si mon bonhomme quitte un jour les Inrocks pour 60 millions de consommateurs, j’exigerai tous les hors-séries électroménager. Ça c'est utile.

Et moi qui vous parle, lorsque j'écrivais dans Rue89, tous les commentateurs me traitaient d’affreux mec de droite alors que je votais PS. Maintenant que j'écris dans Atlantico, ils me traitent de gauchiste alors que je vote Macron. Je connais bien le truc.

Même lorsqu'ils sont sondés à la maison au téléphone, les faux électeurs extrémistes sont obligés de mentir par pression familiale. C'est là que c'est le plus dur pour eux : à l'intérieur du cercle intime, lors des mariages et des communions et qu'ils doivent jouer l'Internationale ou Maréchal nous voilà à l'accordéon et que tout le monde reprend en cœur.

Mais le plus difficile à porter, et de loin, c'est d'être carrément membre de l'état-major du FN ou de la France insoumise et de voter au centre. C'est plus fréquent qu'on ne le croit. Il y a plein de bayrouistes sous anti-dépresseurs dans les bureaux politiques de ces partis.

Oh, les sondeurs sont au courant du phénomène bien entendu, mais ils devaient déjà corriger les résultats en fonction du vote honteux traditionnel, et il leur faut maintenant les pondérer par les paramètres du nouveau vote honteux. Sacrée salade. C'est pour ça qu'ils se plantent tout le temps.

D'autant plus qu'avec les électeurs officiellement d'extrême droite qui votent en fait pour l'extrême gauche et ceux qui font le contraire, ça n'arrange pas leurs affaires.

Bon, je vous laisse. Il faut que j’aille mettre un bulletin dans l’urne avant que ça ferme. Je vous ai dit lequel ? Oui ? Et vous m’avez cru ?

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