La zone euro se stabilise alors que la déflation mondiale rôde, les investisseurs fuient la France et la croissance américaine crée peu d'emplois<!-- --> | Atlantico.fr
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La croissance mondiale a été revue à la baisse par la Banque Mondiale.
La croissance mondiale a été revue à la baisse par la Banque Mondiale.
©Reuters

Revue d'analyses financières

Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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La croissance mondiale a été revue à la baisse par la Banque Mondiale. Le Yen remonte, l’Italie ne va pas bien, les banques espagnoles vont devoir être de nouveau capitalisées, les marchés émergents baissent… La crise de l’Euro est donc loin d’être derrière nous. L’explication se trouve d’après David Rosenberg de Gluskin Sheff dans le fait quela politique de la Fed en écrasant les taux d’intérêts aux Etats Unis, a complètement cassé la valorisation des classes d’actif dans le monde entier. Le risque de déflation rode a montré Charles de GaveKal Hong Kong dans une récente note. D’ailleurs les hedge funds ont vendu beaucoup d’actions ces dernières semaines.

En Europe,  paradoxalement,la Zone Euro se stabilise après six trimestres de baisse consécutifs pense Jean Pierre Petit président des Cahiers Verts de l’Economie. Elle va sortir la tête hors de l’eau après six trimestres de baisse consécutifs. La production industrielle de l’Allemagne s’est redressée en avril, tout comme celle de la France. Traduction libre : on était au fond de la piscine et on remonte un peu. En Grande Bretagne le prix des maisons a connu sa plus forte hausse depuis trois ans

En France, dans le domaine du chômage on est toujours dans le triple échec : économique, politique et sociétal a écrit  Yves de Kerdrel dans le Figaro. Le Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi-CICE ne rencontre pas beaucoup de succès, car le dispositif très compliqué vise à restituer aux entreprises une partie des hausses d’impôts qu’elles ont eu à subir depuis l’arrivée de François Hollande à l’Elysée. Dans leur grande majorité les chefs d’entreprise se souviennent des nombreux redressements fiscaux qui ont eu lieu dans le cadre du dispositif Crédit d’Impôt Recherche. Cela leur a laissé un très mauvais souvenir. En fait, les entrepreneurs regrettent que le gouvernement n’ait pas choisi un mécanisme plus direct et beaucoup plus simple comme la baisse des charges sociales.

Dans les bons signes de la semaine, Olivier Dassault député de l’Oise et Jean Michel Fourgous co-fondateurs de Génération Entreprise ont organisé cette semaine à l’Assemblée Nationale une réunion sur le thème : « Chômage record : et si on faisait (enfin) confiance aux entreprises ? »

Il est assez rare d’entendre parler des entreprises dans les murs de  l’Assemblée Nationale, car elle comporte une majorité de députés qui viennent de la fonction publique et de l’ Education Nationale. Ils ignorent la  mondialisation et la concurrence, car la plupart d’entre eux vivent directement ou indirectement de l’Etat, ou exercent un métier protégé. Il faudrait se faire un jour à l’idée que seules les entreprises sont la vraie réponse au défi du chômage. Elles sont souvent désignées comme responsables du chômage parce qu’elles licencient. Personne ne dit que ce sont surtout elles qui recrutent !

Christian Saint Etienne, Professeur d’économie au CNAM,  a rappelé que le SMIC français qui représentait les 2/3 du salaire moyen contre 40% en moyenne dans le reste de l’Europe, excluait de fait 1M de français qui soit ne trouvait aucun emploi soit travaillait au noir quand ils le pouvaient….Il faudrait également avoir le courage d’ouvrir les yeux sur « les travailleurs européens détachés » qui seraient maintenant 300 000 en France et travailleraient sur la base 2,86€ de l’heure avec les lois sociales de leurs pays d’origine…

Nicolas Baverez économiste et historien, a expliqué que la France était désormais le risque majeur de la zone Euro. Nous sommes en train de passer selon lui du déclin relatif au déclin absolu. Il pense que la dette française connaitra une zone de risque à la fin de l’année. Il est grand temps que la France se secoue…

Markus Kerber, patron du Think Tank Europolis fait partie des citoyens allemands qui ont introduit un recours contre la politique de la BCE devant la Cour Constitutionnelle de Karlsruhe. Dans son langage tout à fait direct, il estime que pour la France, la récréation est terminée car la réalité frappe à la porte. Pour lui la BCE avec l’Euro fausse la concurrence…

Hervé Novelli, Maire de Richelieu et ancien ministre, a montré que la boite à outils déployée par François Hollande fonctionnait à base de sectarisme, d’improvisation, d’idéologie anti entrepreneuriale et surtout de très mauvaise compréhension du fonctionnement de la vie économique. Aucune relance économique ne peut être obtenue avec la seule action publique. Le meilleur exemple, pour lui  est  celui du CICE qui n’a été que le remplacement de la hausse de la TVA sociale prévue par le gouvernement précédent. C’est une improvisation totale qui ne donne aucun résultat…

Xavier Fontanet ancien président d’Essilor, venait de terminer sa déclaration ISF. Il fait partie de ceux qui payent en impôts beaucoup plus que leurs revenus. Au lieu de faire comme tous ses homologues qui habitent maintenant à l’étranger, il préfère se battre courageusement en menant de nombreuses actions pédagogiques. Il rappelle aux hommes politiques de gauche comme de droite que les marges des entreprises françaises sont en moyenne de 12 points inférieures à celles des entreprises allemandes. Cela signifie que compte tenu de la surfiscalité, on ne peut plus gagner d’argent en France dans l’industrie. Après les affaires Mittal, Goodyear notamment, le monde entier sait qu’il ne faut plus investir en France.

L’Oréal dont il est administrateura d’ailleurs annoncé cette semaine la décentralisation de son organisation officiellement présentée pour accélérer sa mondialisation, mais dans les faits pour pouvoir continuer à rémunérer ses cadres selon les standards internationaux, ce qui n’est absolument plus possible en France…

Parmi les politiques qui sont intervenus, Jean François Coppé Secrétaire Général de l’UMP et Nadine Morano ancien ministre, n’ont apporté aucun éclairage constructif sur ce qu’il convenait de faire après…..

Dans les mauvais signes de la semaine

Le dernière version du projet de loi sur les auto-entrepreneurs est stupide. Ce n’était vraiment pas le moment de s’en prendre aux « poussins ».

Le projet de loi Duflot sur les  pratiques abusives des syndics et avantage systématiquement les locataires est un autre exemple de prise de position idéologique. Si le marché immobilier ne se comporte pas comme Cécile Duflot ministre du logement le souhaite, il suffit de détruire le marché …

La Mairie de Paris et le gouvernement s’opposent sur le soutien aux start up. Il est assez cocasse d’entendre que Jean Paul Planchou vice président de la région Ile de France, s’en prend à la Mairie de Paris qui aide un projet privé de start up qui pourrait créée des emplois. Vive le millefeuille administratif !

La reprise américaine crée peu de vrais emplois

Aux Etats Unis, il y a 50M d’américains au « foodstamp » qui est le système d’aide alimentaire pour les américains pauvres. On parle beaucoup de réindustrialisation de l’Amérique, mais elle se produit pour l’essentiel avec des robots et du travail temporaire, mais pas avec de vrais emplois. Les dernières statistiques du travail temporaire montrent d’ailleurs que 2,6M d’américains ont un emploi temporaire,  soit le niveau le plus élevé depuis 1990. Au leu de resserrer sa politique monétaire très laxiste, la Fed sera peut être obligée de prendre de nouvelles mesures pour éviter la déflation !

Pour Michala Marcussen, Global Head of Economics de la Société Générale, pense que le 10 ans sera à 3% au printemps 2014 et montera jusqu’à 5% en 2017.

Pierre Olivier Beffy économiste chez Exane, n’est pas tout à fait de son avis. Il pense que la Fed est encore loin d’arrêter ses opérations de Quantitative Easing (= achat de 85Md$ de Bons du Trésor tous les mois). Pour lui le Bon du Trésor à  10 ans devrait rester encore longtemps à 2,5%.

Le marché japonais peut doubler…ou s’effondrer

Au Japon, l’indice TOPIX est en baisse de 0,05% cette semaine.La volatilité du marché actions reste très élevée tout comme celle du Yen qui évolué contre dollar entre 93,79 et 99,28. Le marché japonais même après la baisse récente pourrait soit encore doubler soit exploser en vol. Tel est l’avis de Stewart Cowley gérant du Old Mutual Global Strategic Bond Fund. De son côté, Olivier Delamarche gérant chez Platinum Gestion ne croit pas du tout à la réussite du programme économique de Shinzo Abe le premier ministre. Il y a selon lui accélération  de la déflation, car le déficit commercial ne s’améliore pas du tout compte tenu de la baisse du yen qui renchérit beaucoup le prix des importations. Le Yen a regagné 10% contre dollar depuis le 22 mai dernier.

Le risque de guerre des changes existe vraiment selon Mark Mobius de Templeton.

Comme le montre les Philippines qui ont chuté de 7% et  la Thailande de 3%.

Le marché chinois a chuté cette semaine de 4,2%. L’indide Shangai Composite est en baisse de -11,8% depuis le plus haut de février dernier. Le PPI (=inflation) a baissé de -2,9% en mai avec une croissance qui ralentit à 9,6% en rythme annuel.

La Chine, toutefois est considérée comme un marché très sous évalué par Anthony Cragg de Wells Capital.

Les marchés émergents baissent en raison de la remontée des taux d’intérêts aux Etats Unis, la Chine ralentit. Ce sont ces pays qui ont le plus profité de la politique monétaire très accomodante des banques centrales. Dans les frontier markets les Emirats Arabes Unis et le Quatar ont été transférés par MSCI de la catégorie « Frontier Markets » à la catégorie « Emerging Markets ».

Tout cela n’empêche pas Richard Ross l’analyste technique de Auerbach Grayson à New York de continuer à observer les graphiques sans se laisser influencer par le bruit des salles de marché.  Il est redevenu cette semaine acheteur de l’Europe, de la Turquie,  de l’Afrique du Sud ainsi que l’ Indonésie et les Philippines.

Les métaux non ferreux baissent mais le pétrole monte

Le Cuivre est au plus bas depuis trois semaines. Dans l’aluminium,  il y a surabondance, les stocks sont très importants et  le prix a peu de chances de rebondir. Les géants du secteur vont devoir fermer des unités de production.  Ce sont : Rusal enRussie) Rusal qui a basculé dans le rouge. , Alcoa (Canada) , BHP Billiton (Australie/UK), Rio Tinto (Australie/UK) , Chalco (Chine).

Le pétrole en revanche est remonté à un plus haut depuis deux mois sur des craintes d’une nouvelle dégradation de la situation en Syrie qui pourrait bloquer les approvisionnements en provenance du Moyen Orient.

Le thème des valeurs exposées aux marchés émergents devient moins recherché

Les valeurs européennes exposées aux pays étrangers en dehors de l’Europe ont baissé de 6,7% depuis novembre 2012 alors que les valeurs exposées aux marchés domestiques européens ont monté. L’univers d’investissement des sociétés européennes comprend : British American Tobacco (UK, 60% pays émergents surtout  Malaisie), Unilever(UK 54% pays émergents notamment Inde, Indonésie), Anheuser-Bush-Inbev(Belgique 49% pays émergents principalement Brésil),, Nestlé (Suisse 42% pays émergents dont , Malaisie, Inde). Parmi les sociétés américaines concernées on trouve :

Mead Johnson Nutrition (58% pays émergents), Philip Morris (50% pays émergents),  Colgate Palmolive (47% pays émergents surtout en  Inde), Procter & Gamble (27% pays émergents), Yum Brands (32% pays émergents).

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