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La Chine, l’Arabie Saoudite, les grands risques des marchés pour 2016
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Revue d'analyses financières

La Chine a revu ses prévisions de croissance fortement à la baisse et l'observation de certains chiffres peut conduire à plus de pessimisme. L'Arabie Saoudite, elle, est le deuxième facteur de volatilité des marchés. EN effet, la famille royale est très divisée sur la politique à mener, écartelée entre l’occidentalisation et le rigorisme des wahhabites.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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La croissance de la Chine avait déjà été revue en forte baisse autour de 1,5% à 2% par la majorité des économistes réalistes. L’atterrissage en catastrophe ne faisait pas partie des scénarios les plus probables. Le recul très fort des marchés actions au cours des premières séances de l’année oblige à se reposer la question de l’atterrissage en catastrophe. Nous n’y croyons pas car la Chine possède les moyens de piloter dans la durée la transition d’une économie de production tournée vers l’exportation vers une économie de services plus orientée sur la consommation intérieure. Cependant, il ne faut pas exclure les erreurs de décision, comme cela s’est produit l’été dernier avec le renminbi. Une plus grande liberté de flottement de leur monnaie avait été perçue par les marchés comme le début d’une série de dévaluations sauvages. Cette fois, il semble que ce soit la mauvaise utilisation d’un « coupe circuit » destiné à empêcher l’aggravation d’un mouvement de baisse, qui a provoqué la baisse de 7% du marché….

L’observation de certains chiffres peut conduire à plus de pessimisme. Le taux d’utilisation des capacités de production est de 50%, peut être moins encore. Plus de 46% du PIB provient de l’investissement. Ce sont des chiffres bien supérieurs à ceux du Japon au moment de l’éclatement de la bulle sur les marchés à partir des années 90. L’investissement à cette époque ne représentait en effet que 33% du PIB. L’état exact des créances douteuses au sein du système bancaire fait également toujours l’objet de nombreux débats…

La Chine vient de créer la plus grande classe moyenne de l’histoire. Il est toujours compliqué pour un pays non démocratique de développer la liberté économique pour ses citoyens. Le président Xi Jinping pourrait avoir la tentation de décaler les plans annoncés sur les privatisations des entreprises détenues par l’Etat, la libéralisation du système financier et l’ouverture totale du marché des changes. La perspective pour la Chine de devenir une véritable économie de marché pourrait ainsi prendre encore au moins une dizaine d’années…

L’Arabie Saoudite, est le deuxième facteur de volatilité des marchés

Tout le monde connaît le degré de corruption de la famille royale, qui est très divisée sur la politique à mener, écartelée entre l’occidentalisation et le rigorisme des wahhabites. Cela ressemble à ce qu’était la situation de l’Iran en 1979 avant la destitution du Shah. Toute révolution à Riyadh serait un facteur de déstabilisation extrêmement fort se traduisant par une forte remontée des cours du pétrole…

Si tout va bien, la croissance mondiale serait de 2% en 2016

Pour le Monde, le scénario de l’année 2016 pourrait être résumé de la façon suivante : les banques centrales vont poursuivre une politique monétaire divergente alors que la croissance des économies va accentuer la convergence entre elles.

Cette année la Fed ne sera pas la seule à remonter ses taux, au moment où les marchés obligataire sont particulièrement tendus compte tenu du nombre d’entreprises en Chine et dans les marchés émergents  (et d’Etats) qui ont profité des taux d’intérêts à zéro pour emprunter beaucoup. Lors de la dernière  séquence de remontée des taux américains en 2004, le marché obligataire était dans une situation normale. Aujourd'hui il est dans une situation très tendue car les taux excessivement bas ont incité de nombreuses sociétés et de nombreux états  à s’endetter au-delà du raisonnable.

La bonne nouvelle serait que peu d’économistes prévoient une récession en 2016. La croissance modeste de l’Europe et du Japon devrait se poursuivre, tout comme celle des BRIM (Brésil, Russie, Indes, Mexique). En revanche la Chine va continuer de ralentir.

Le prix des matières premières sera très sensible à l’évolution du dollar. Il est en hausse de 23% sur 18 mois sur la base des taux de change pondérés par les échanges commerciaux. La prévision de l’évolution du Dollar est un exercice encore plus difficile que d’habitude. Tout comme celui du prix du pétrole qui a été divisé par deux. Le baril ne devrait toutefois pas rester longtemps en dessous de 40$, compte tenu du contexte politique au Moyen Orient entre les chiites et les sunnites.

Une année de croissance modérée pour l’économie américaine

Aux Etats-Unis, la croissance attendue pour 2016 sera de 1,5 à 2%. L’économie est en bon état, mais elle n’aura pas la dynamique suffisante pour compenser le ralentissement en Chine et dans certains marchés émergents.

L’augmentation même modérée des salaires devrait produire un peu plus d’inflation, ce qui confortera la Fed dans sa stratégie de remontée progressive de ses taux d’intérêts.

Cette évolution devrait profiter au dollar et donc impacter négativement la croissance des sociétés exportatrices américaines. La croissance des résultats ne devrait pas dépasser 4% sur l’ensemble de l’année. La progression de l’indice S& P 500 serait autour de 5%.

En Europe,la croissance espérée serait de 0,75 à 1,25%. Tout le monde a compris que la “BCE ferait ce qu’il faut” pour éviter la récession.

L’Europe serait donc encore bon marché (15X) par rapport aux Etats Unis (17X) car la progression des résultats des sociétés européennes pourrait atteindre les 15%. Il est vrai que la baisse du pétrole, les taux d’intérêts très bas et la relative baisse  de l’Euro comptent pour beaucoup…

Pour la Grande-Bretagne,  la croissance sera supérieure autour de 1,25% à 1,75% mais le « Brexit », perspective d’une sortie de l’Union Européenne pèsera sur la Livre Sterling.

Au Japon, le PIB progressera de 0,5% à 1%. La baisse du Yen a profité aux sociétés exportatrices mais le ralentissement de la Chine et de la plupart des marchés émergents rendront plus difficile la progression de l’économie japonaise…

Plusieurs marches émergents offrent de bonnes perspectives

L’économie indienne va maintenant se développer à un rythme plus rapide que celui de l’économie chinoise. Le facteur qui avait été sous estimé jusqu'à maintenant est celui de la démographie car le pays n’a pas connu la politique du « un enfant par famille ».L’environnement démocratique avec un gouvernement représentatif, un cadre juridique clair et une presse libre sont des avantages déterminants pour le pays. Les problèmes les plus compliqués à résoudre qui sont ceux des infrastructures et du logement peuvent dans la durée trouver des solutions. Les problèmes que doit résoudre la Chine sont beaucoup plus compliqués… 

Même si le Mexique est un exportateur de pétrole, il a été peu affecté par le ralentissement de la Chine. Plus de 80% de ses exportations essentiellement manufacturières sont destinées au marché américain…

La Corée du Sud fait partie des pays les plus importateurs de pétrole. Le prix du baril divisé par deux est donc un grand avantage pour son économie. La croissance pour 2016 pourrait dépasser  3% en 2016 grâce au rebond de la consommation intérieure qui permet de compenser le ralentissement chinois…

La semaine prochaine nous verrons comment on peut réaliser l’allocation d’actif d’un portefeuille.  En fonction du contexte macro économique, il s’agira de trouver, autant que faire se peut, les secteurs et les thèmes d’investissement qui offriront les meilleures perspectives…

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