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Karachi : pourquoi l’Etat français a-t-il cédé devant l’homme qui en savait trop ?
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Revue de presse des hebdos

Attention, bombe ! D’après un banquier luxembourgeois, l’Etat français aurait acheté 8 millions le silence de Jean-Marie Boivin, au centre de l’affaire Karachi. Pourquoi ? Bonne question ! Ce n'est pas tout : selon un ancien membre du Conseil Constitutionnel, les Sages auraient validé les comptes de campagne “ illégaux ” de Balladur et de Chirac sous la pression de… Roland Dumas. Pépère, la semaine...

Barbara Lambert

Barbara Lambert

Barbara Lambert a goûté à l'édition et enseigné la littérature anglaise et américaine avant de devenir journaliste à "Livres Hebdo". Elle est aujourd'hui responsable des rubriques société/idées d'Atlantico.fr.

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Karachi, le retour… Scoop ! “ Le Nouvel Obs ” publie cette semaine le témoignage d’un proche du dossier, “ tétanisé par la peur ”, mais bien décidé à parler. “ Jacques-Philippe Marson, 60 ans, banquier luxembourgeois, ancien directeur général de la filiale titres de BNP Paribas, raconte son histoire pour la première fois à visage découvert ”, écrit le mag. Trois ans après avoir été violemment “ accusé de “ comportement blâmable, notamment d’un point de vue éthique et déontologique ” dans une affaire de recherche de financement par son patron, Baudoin Prot ”, deux ans après avoir été “ blanchi totalement ” de ces accusations “ par la brigade financière ”, l’homme n’a toujours pas digéré ce qui lui est arrivé. “ Toujours à la recherche d’un emploi, explique le journal, (Marson) est convaincu que l’affaire (était) un coup monté, un traquenard pour l’abattre. (…) Sa grande faute ? Avoir croisé la route d’un homme mêlé au plus grand scandale de cette décennie : l’affaire Karachi ”. Nous y voilà…

Le mystérieux coffre suisse de Jean-Marie Boivin

“ Entre 2005 et 2010 ”, poursuit “ L’Obs ”, le banquier est en effet très lié “ avec Jean-Marie Boivin, PDG de Heine, société luxembourgeoise créée en 1994, avec l’aval de Nicolas Sarkozy, alors ministre du Budget d’Edouard Balladur, pour ventiler l’argent des commissions de plusieurs contrats français de ventes d’armes ”. Quand Marson le rencontre “ au Club Med en janvier 2005 ”, Boivin “ est en conflit ouvert avec son employeur, la Direction des Constructions navales, société d’Etat qui fabrique des bateaux de guerre, porte-avions, frégates et sous-marins. Boivin reproche à la DCN de l’avoir licencié, en 2004, avec des indemnités qu’il juge ridicules : 610 000 euros. Il veut davantage, au moins dix fois plus. Marson est l’oreille idéale. La banque de la DCN se trouve être BNP Paribas. Jean-Marie Boivin se confie. Il prétend avoir conservé une montagne de secrets d’Etat dans un coffre-fort de l’Union des Banques suisses, à Zürich. Des dizaines de contrats de ventes d’armes et le détail des montages qu’il a mis en place pour dissimuler les identités des bénéficiaires des commissions liées à ces marchés. Il affirme qu’il peut faire “ sauter la République ” si on ne fait pas un geste pour lui ”.

Boivin exige 8 millions d’euros contre son silence

La DCN informée, “ le coffre-fort suisse de l’ami Boivin devient l’objet de tous les fantasmes et de toutes les craintes au plus haut sommet de l’Etat. (…) Pour la direction (de la société), ce type est devenu une bombe ambulante. Il faut la désamorcer au plus vite. (Car bientôt) Boivin est incontrôlable. Début juin (2006), il envoie à la DCN une facture à l’en-tête de la société Heine, portant le N° 248, dans laquelle il réclame clairement 8 millions d’euros. C’est l’époque où le “ rebelle ” du Luxembourg multiplie des courriers menaçants à Jacques Chirac, Michèle Alliot-Marie, Nicolas Sarkozy ”.

Les affaires Karachi et Clearstream liées ?

Et alors, et alors ? Le journal s’interroge : “ (Nicolas Sarkozy) a-t-il donné le feu vert, comme certains observateurs du dossier le prétendent, pour qu’une société de sécurité, “ Epée ”, dirigée par deux anciens de la DGSE, Patrick Vaugien et Thierry Lorho, enquête sur Jean-Marie Boivin, le prenne en filature au Luxembourg et surtout embauche un hackeur, Alain Quiros, pour pirater son ordinateur ?  Une chose est sûre, la DST suit désormais Boivin à la trace. (…) Et grâce au piratage informatique, la direction de la DCN et la DST n’ignorent plus rien des relations amicales de Jean-Marie Boivin et de… Jacques-Philippe Marson ”. Histoire de compliquer l’affaire, et de rendre ce dernier un peu plus “ suspect ” aux yeux — ou aux oreilles — de ceux qui l’espionnent, Marson se trouve avoir “ passé trois ans, comme directeur général, dans la banque luxembourgeoise CEDEL, qui deviendra Clearstream ” avant de travailler pour BNP Paribas. Les affaires Karachi et Clearstream seraient-elles liées ? “ Le Nouvel Obs ” ne se prononce pas… mais pose la question.

“ Merci de me dire à qui je dois envoyer la facture ”…

Mais revenons à nos moutons : Karachi, le coffre suisse de Boivin et son silence à huit millions. On vous passe la visite, sympathique, comme vous l’imaginez, des deux barbouzes venus “ “ prendre le pouls ” de Boivin le kamikaze ” le 26 octobre 2006, “ Boivin, malgré la peur, maintient la pression. (Et) inonde Marson de mails pour qu’il fasse accélérer le paiement ” de ses millions. “ Le Nouvel Observateur ” a pu consulter plusieurs de ces correspondances. Le 22 novembre 2006 à 9 h 53 : “ Jacques-Philippe, ma société de Singapour est prête vingt-quatre heures sur vingt-quatre à émettre la facture de 8 millions. Merci de me dire à qui je dois l’envoyer avec les coordonnées du fax. Amitiés. Jean-Marie Boivin ”. Réponse de l’ami banquier : “ JM, Réponse à ta question : le dossier est hyperpolitique… étant donné la saison électorale. Personne n’ose avancer ” ”. On le lirait dans un roman qu’on trouverait ça limite grossier…

Pourquoi l’Etat français a-t-il cédé devant l’homme qui en savait trop ?

Mais ce n’est pas fini… En résumé, et pour faire vite, “ Jean-Marie Boivin, après l’élection de Nicolas Sarkozy, continue de frapper aux portes et de faire peur, indique le journal. (…) Pendant de longs mois, sur consigne du Château, il est pris en charge par Alain Juillet, patron de l’intelligence économique, service de renseignement dépendant du ministère de la Défense. En 2009, des tractations ont lieu dans l’île de Man avec l’avocat du “ maître chanteur ”, Me Paul Dougherty. Alain Juillet, devant les magistrats, prétend aujourd’hui qu’une autre négociation, moins officielle, a eu lieu dans son dos et qu’à l’automne 2010 (Boivin) a touché sa “ prime de silence ”. C’est le grand secret de l’affaire Karachi. Pourquoi l’Etat français a-t-il cédé devant l’homme qui en savait trop ? Depuis, Jean-Marie Boivin est devenu muet comme une tombe. Coût de son mutisme : 8 millions d’euros ”.

Karachi : les petits trafics du Conseil constitutionnel et de Roland Dumas

C’est la semaine des scoops… et de l’affaire Karachi, décidément ! Dans “ Les Inrocks ”, l’ancien membre du Conseil Constitutionnel Jacques Robert raconte comment “ lui et ses collègues ont validé les comptes de campagne d’Edouard Balladur et de Jacques Chirac au lendemain de la présidentielle du 7 mai 1995 alors qu’ils étaient illégaux ”. Holà, holà ! Qu’est-ce que c’est que ça ? Calme… reprenons les choses depuis le début. Le 11 octobre 1995, à Paris, explique le mag, “ trois rapporteurs, membres du Conseil d’Etat, présentent aux Sages le résultat de leur enquête sur les comptes de Balladur, Chirac, Jospin, Le Pen, Hue, Laguiller, de Villiers, Voynet et Cheminade : les neuf candidats à l’élection présidentielle. Problème : les comptes de campagne d’Edouard Balladur dépassent le plafond légal et ont été maquillés pour masquer de grosses sommes d’argent à l’origine douteuse. Quant aux comptes de Jacques Chirac, élu six mois plus tôt président de la République, ils sont eux aussi hors la loi. Jacques Robert se souvient : “ Les membres du Conseil étaient affreusement gênés ”. D’un coup, au centre de la table, le président de l’institution, Roland Dumas, rompt le silence. “ Il a immédiatement dit que si les comptes de Balladur et Chirac étaient irréguliers, il fallait les modifier, raconte Jacques Robert ”. Ah oui ?

Quand le socialiste Dumas ne veut pas “ mettre de bâtons dans les roues du gouvernement RPR ”

“ Ce que Roland Dumas demande aux Sages, c’est de “ fermer les yeux ” sur les anomalies des comptes de Balladur, résument “ Les Inrocks ”. Pourquoi ? La parole à “ Jacques Robert : “ Chirac et Balladur avaient commis tous les deux des irrégularités. Mais l’un était élu et pas l’autre. On ne pouvait pas invalider les comptes de Balladur, le ruiner et laisser gambader Chirac à l’Elysée !Roland Dumas ne voulait pas faire de vagues. Il mesurait les conséquences politiques avant l’application du droit. Il disait que nous n’étions pas là pour mettre des bâtons dans les roues du gouvernement (RPR, dirigé par Alain Juppé, NDLR) ” ”. Des fois qu’on l’aurait oublié, le journal fait bien de le préciser…

Le retour du boomerang

“ Nous étions dans une situation impossible, plaide Jacques Robert. Si nous avions annulé l’élection, tout le monde aurait hurlé. Il n’y avait que deux solutions : aller au clash ou maquiller les comptes ”. Vraiment ? “ Si le Conseil avait imposé la loi, comme sa mission et son serment le lui commandaient, (…) cela aurait-il, ainsi que le prétendait Roland Dumas, entraîné mécaniquement l’annulation de l’élection et provoqué une grave crise de régime ?, s’interroge l’hebdo. En vérité, pas du tout. Cela n’aurait pas remis en cause le suffrage universel. Elu face à Jospin avec presque 53 % des voix, Chirac serait évidemment resté à l’Elysée. En revanche, Chirac et Balladur auraient dû rembourser beaucoup d’argent et peut-être donner des explications sur son origine suspecte. Balladur se serait probablement retrouvé sur la paille. Pour les Sages du Conseil, le choix n’était guère d’ordre juridique ou constitutionnel : il était politique ”. Et chlac ! “ En fermant les yeux sur de l’argent à la provenance douteuse, bottent en touche “ Les Inrocks ”, les Sages prenaient le risque que l’affaire leur revienne un jour en boomerang dans la figure. C’est ce qui va se produire quinze ans plus tard grâce à l’enquête des juges d’instruction Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire sur le volet financier de l’attentat de Karachi ”. CQFD…

PS : le maire d’Hénin-Beaumont balance

Mais il n’y a pas qu’à droite — la preuve par Dumas — que les affaires suintent. “ Dans un livre choc, indique “ L’Express ”, l’ex-maire d’Hénin-Beaumont (Gérard Dalongeville) lève le voile sur les étranges circuits de financement d’élus de la fédération socialiste. Lui-même mis en cause par la justice, il refuse d’être le seul à payer ”, note en coin le journal… Humain, quoique pas forcément glorieux, hmmm… Passons. Que nous apprend “ le repenti ” ? ( !) Premièrement, que “ les militants versent des dons en liquide de 100, 500, voire 1 000 euros à un candidat socialiste — ou directement à la fédération Nord-Pas-de-Calais — qui leur sont aussitôt restitués par virements d’entreprises “ amies ”. En échange, celles-ci disposent de facilités d’accès aux marchés publics. De façon plus classique, l’ancien maire d’Hénin-Beaumont évoque des surfacturations “ de 10 à 15 % ” récupérées sous la forme de publicité dans les journaux municipaux. (…) L’auteur se fait plus précis lorsqu’il raconte comment un major régional du BTP a versé un chèque de “ 215 280 euros ” à un homme d’affaires peu scrupuleux au titre de dépenses de… sponsoring. “ L’explication est tout autre, rectifie Gérard Dalongeville, c’est une rétrocommission au profit du PS ”. Pis ! L’ancien édile soutient que son premier adjoint de l’époque s’est rendu en avion au Luxembourg à plusieurs reprises pour blanchir de l’argent et que ces déplacements étaient liés au financement du PS ”. Tiens, le Luxembourg ! Y’avait longtemps…

Qui ment le plus ?

“ Qui ment le plus ? ”, c’est la question — de circonstance — qu’affiche “ Le Point ” en couverture. Rien à voir, bien sûr…, avec les nouvelles révélations sur l’affaire Karachi, les petits trafics du Conseil constitutionnel ou ceux de la fédération PS du Nord-Pas-de-Calais. A l’heure où Nicolas Sarkozy se déclare “ le candidat de la vérité contre le rêve qui tourne toujours au cauchemar ”, où François Hollande, dans son nouveau livre (dont “ Le Nouvel Obs ” publie les bonnes feuilles), met en tête de ses “ valeurs ”, “ la vérité ”, où Marine Le Pen, elle-même, déclare au “ Point ” ” placer “ la droiture, l’honnêteté, la franchise et l’exemplarité ” au-dessus de tout, la question vaut on ne peut plus d’être posée. Et cela même si on connaît d’avance la réponse. “ Qui ment le plus ? ” Tout le monde, à égalité.

2012 et le cirque des illusionnistes

“ Quand personne n’a vraiment de bonnes nouvelles à annoncer, résume “ Le Point ”, que la crise, la dette et le déficit rognent toutes les marges de manœuvre, il ne reste plus qu’à mentir (beaucoup par omission) et à souligner les contre-vérités des autres. (…) Dire la “ vraie ” vérité, souligne au reste le journal, est généralement coûteux politiquement, quoi qu’en disent les candidats. On se rappelle le destin des Pierre Mendès-France, Michel Rocard ou Raymond Barre. Des icônes qui n’ont jamais franchi le seuil de l’Elysée. (…) Les Français ne sont sans doute pas dupes de ce cirque. C’est pourquoi ils s’apprêtent à voter sans enthousiasme. Le 22 avril, ils craignent manifestement de devoir départager moins des candidats que des illusionnistes ”. Abracadabra ! Qu’est-ce qu’il y aura dans notre chapeau en mai 2012 ?

A lire, encore

Dans “ Challenges ” : “ Le bilan impartial ” du président, dont les “ 20 réformes-clés sont notées par des experts de Science-Po, Polytechnique et l’Ensae ”. La conclusion : “ Il y a eu une rupture dans le rythme avec le nombre impressionnant de chantiers ouverts. (…) Mais il n’y a pas eu de rupture dans l’organisation de la société française ”.

Côté brèves, “ Le Point ” précise que “ la forme du livre de Nicolas Sarkozy, d’environ 125 pages, qui paraîtra d’ici à la fin du mois de février, a été profondément remaniée par Emmanuelle Mignon, le “ nègre ” du président. (…) Sarkozy, qui en a écrit à la main les premiers feuillets, a abusé de mots savants et de réflexions incompréhensibles du grand public. “ Influence de ses récentes lectures ”, s’amuse un de ses proches ”.

En vrac, toujours dans “ Le Point ” : “ Viande halal : la vérité sur un scandale ” : “ Veolia : les dessous d’un complot ” ; “ La nouvelle tentation suisse ” des patrons français ; “ Israël-Iran : la guerre a commencé ” ; “ La retraite dorée des grands de ce monde ”.

Dans “ L’Express ” : “ L’argent des candidats ”… sans grande surprise ; la déclaration de soutien de Jacques Attali à François Hollande ; le très instructif “ Comment les étrangers voient la France ” ; “ Les patrons ne meurent jamais ” sur ces chefs de grandes entreprise qui refusent de décrocher ; “ Paris-sur-Chine ” sur l’expansion de la communauté chinoise dans la capitale ; “ Etre heureux sans ” la télévision, Internet et le portable — une tendance montante ; “ Sénégal : l’antivol électoral ” ; “ Tibet : le feu qui couve ”.

Dans “ L’Obs ” : “ Les troublantes délicatesses d’un élu UMP ”, en l’occurrence Philippe Pemezec, piégé par une journaliste “ infiltrée dans une section lepéniste des Hauts-de-Seine ” ; “ Rififi chez les mandarins rouges ” sur la lutte du Parti des princes et de la ligue de la jeunesse communiste ; “ Prisonnier de Poutine ”, la “ lettre clandestine ” extraite du livre de Mikhail Khodorkovski (Denoël) ; “ Foire d’empoigne dans la TNT ” sur les six nouvelles chaînes de télé gratuite que doit choisir l’Elysée.

Dans “ Les Inrocks ” : l’interview de Didier Migaud, “ La Cour des comptes épingle le régime des intermittents ” ; le portrait de Guillaume Peltier, “ La valeur montante de Sarkozy ” ; “ Nous, Arméniens de Turquie ” ; le “ décryptage ” de la tendance “ White Trash ” qui “ émancipe par le bas ” et le dossier de couverture “ Le cinéma français va-t-il si bien ? ”, aussi fourni qu’intéressant.

Dans “ VSD ”, si vous avez du temps, l’interview de Dominique de Villepin, “ Sarkozy va perdre ” ; “ Impôts : la hausse masquée ” et “ Mariage gay : les Musulmans aussi ”.

Côté dossiers : “ Challenges ” propose un spécial “ Placements qui rapportent ”, “ Le Point ” un “ spécial placements ” tout court, et, dans un autre genre, un “ Tendances pierres précieuses ” assorti d’un étonnant reportage à Tucson (Arizona). La pierre ou les gros cailloux, vous avez le choix !

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