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Takieddine règle ses comptes 
(son ex-femme, aussi)
©DR

Revue de presse des hebdos

Sauve qui peut ! Ziad Takieddine, d’un côté, son ex-femme Nicola, de l’autre : les révélations sur le dossier Karachi pleuvent ! Au point de ressouder les clans chiraquien et sarkozyste et de chercher un “ coupable idéal ” ?

Barbara Lambert

Barbara Lambert

Barbara Lambert a goûté à l'édition et enseigné la littérature anglaise et américaine avant de devenir journaliste à "Livres Hebdo". Elle est aujourd'hui responsable des rubriques société/idées d'Atlantico.fr.

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On pourrait rallonger d’un chapitre le feuilleton DSK : cette semaine, désolé, il faudra vous en passer — ou vous reporter à l’article du “ Point ”, qui se penche ce jeudi sur “ les petits textos ” de l’ancien patron du FMI. Où l’on apprend rien de bien neuf, en vérité — rien en tout cas qu’on ne devine ou ne sache déjà. Rayon turpitudes, on a donné. Et on a besoin d’air. D’avancer, de passer à autre chose. Karachi ? Cela pue tout autant, vous me direz, même si on n’est pas dans le même registre, qu’on ne se place pas tout à fait sur la même échelle. Le fait est que cette semaine, le dossier connaît un nouveau rebondissement, et pas des moindres, puisque Ziad Takieddine qui, note “ L’Obs ”, “ jurait depuis des mois qu’il allait régler ses comptes avec ses ennemis ”, est cette fois, “ passé à l’acte ”. Tadam !

Takieddine fait des révélations à Van Ruymbeke

“ Le 31 octobre, explique le mag, (l’homme d’affaires libanais s’est en effet présenté) au cabinet du juge Van Ruymbeke. Il est prêt à lui faire une foule de révélations. Sur les circuits de financement de la campagne d’Edouard Balladur, en 1995 ? Pas du tout. Il apporte sur un plateau les preuves que la valse des commissions sur les contrats d’armement qui intéresse la justice dans le dossier Karachi n’a jamais cessé. (…) Dans un courrier remis au juge, Ziad Takieddine révèle un “ système bis ” des contrats Agosta et Sawari II qui aurait bénéficié aussi aux équipes chiraquiennes. (…) Comment l’argent noir serait-il parvenu jusqu’au clan Chirac ? Par une société suisse, Parinvest, dirigée par un certain Wahib Nacer, homme d’affaires français né à Djibouti, proche du sufureux Alexandre Djouhri, ami intime de Dominique de Villepin et, aujourd’hui, de Claude Guéant, le ministre de l’Intérieur ”. Gasp.

“ Selon Takieddine, reprend le journal, Parinvest aurait touché 85 millions de francs de la Sofresa, société d’Etat française chargée des contrats avec l’Arabie saoudite. L’argent aurait transité par une filiale du Crédit agricole aux Bahamas, pour alimenter, ensuite, des rétrocommissions vers des proches du président Chirac. (…) L’intermédiaire libanais, avec une précision implacable qui surprend Renaud van Ruymbeke, ajoute que les premiers virements de la Sofresa à Parinvest ont été effectués sur les comptes de la banque Al-Ahli Commercial Bank BSC Manama Bahrein, n°0001-78 et n°0001-726-610-001 ”. C’est vrai que c’est précis comme information. A fortiori, hum, dans un journal...

Le “ système des mallettes ” confirmé

Mais “ Le Nouvel Obs ” en a encore sous le pied. L'hebdo “ s’est (en effet) procuré (un courrier signé Jean-Marie Boivin) qui ne figure pas dans le dossier d’instruction ”. V’là autre chose ! Jean-Marie Boivin, rappelle le news, est le “ PDG de la société Heine, créée discrètement au Luxembourg, à l’automne 1994, avec l’aval de Nicolas Sarkozy, alors ministre du budget, pour ventiler l’argent des commissions des ventes d’armes. (…) Il avait été écarté brutalement du jeu en 2004, et menaçait de faire des révélations fracassantes sur les destinataires français de ces commissions. Un an après l’élection de Sarkozy à l’Elysée, à l’automne 2008, il avait accepté une “ compensation ” de plus de 5 millions d’euros, payée par l’Etat français, pour se faire oublier. (Dans le courrier récupéré par l’ “ Obs ”), daté du 16 janvier 2008, (…) le patron de Heine laisse entendre qu’il pourrait bien faire quelques révélations sur un contrat de vente de corvettes françaises aux Emirats arabes unis, le contrat Baynunah, qui a été signé sous la présidence Chirac, après 2002. Boivin cite une société belge, Tecnomar SA, soupçonnée d’avoir remplacé Heine dans l’activité de ventilation de l’argent sale. A la galerie financière, cette avalanche de révélations pourrait bien prouver que le système des mallettes tel que l’a raconté Pierre Péan dans son livre “ La République des mallettes ” (Fayard), a arrosé les deux clans de l’UMP. Cette enquête à tiroirs du juge Van Ruymbeke commence à sentir le roussi pour tout le monde ”.

Sarkozy, Villepin, et le “ pacte ” de la Lanterne

“ Est-ce pour cette raison, s’interroge "L'Obs ”, que Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin se sont rencontrés discrètement à Versailles, à la Lanterne, le 5 novembre, en présence de Claude Guéant ?Ont-ils décidé d’enterrer définitivement la hache de guerre pour éviter un “ suicide collectif ” ? Un pacte, ce jour-là, aurait été signé entre eux. A quelques mois de l’élection présidentielle, l’enquête du magistrat a de grandes chances de provoquer une hécatombe. (…) Une petite idée trotte en ce moment dans le cerveau de certains, en haut lieu, il faut trouver un coupable pour l’attentat de Karachi, afin de calmer les familles. (…) Le juge Trévidic aurait été approché récemment par des fonctionnaires de la DCRI, les services de renseignement. Selon eux, le commanditaire des attentats du 11 septembre 2001, Khaled Cheik Mohammed, haut dirigeant d’Al-Qaida, aujourd’hui prisonnier à Guantanamo, aurait avoué qu’il était le donneur d’ordre de l’attentat de Karachi. (…) Le prisonnier n°ISN10024, toujours pas jugé, accusé de près de 3000 meurtres, dont celui du journaliste Daniel Pearl, peut bien s’accuser de l’assassinat de 11 Français ”. Un peu plus, un peu moins, hein ?

Nicola ex-Takieddine parle

C’est la semaine Takieddine, décidément ! A l’heure où Ziad fait ses révélations au juge Van Ruymbeke — et au “ Nouvel Observateur ” —, son ex-femme, Nicola, donne une interview exclusive à “ L’Express ”. Le couple divorcé a apparemment quelques divergences de vue : là où le mari dénonce “ le clan chiraquien ”, l’épouse, elle, pointe du doigt “ le camp sarkozyste ” : “ (Ziad) a des relations avec des gens du pouvoir. Je l’ai su, je l’ai vu, je l’ai vécu, dit-elle. (…) Je l’ai dit aux policiers et au juge. Je le confirme. Les gens que je l’ai vu fréquenter étaient dans le camp sarkozyste. Les Copé, on les voyait souvent. Ils venaient en vacances avec nous ” —“ Avez-vous été témoin de contacts entre votre ex-mari et l’Elysée lors des négociations qui ont précédé la libération des infirmières bulgares à l’été 2007 ? ”, demande le magazine. —“ Oui, répond-elle. J’étais présente pendant les discussions téléphoniques, nombreuses, que Ziad a eues avec Claude Guéant. J’ai l’impression qu’il a vraiment joué un rôle dans cette histoire ”. Malgré leurs dissensions, Nicola Johnson et son ancien époux sont apparemment d’accord sur un point…

La balle et la mallette libyenne

Mais la jeune femme confirme une autre des déclarations de l’homme d’affaires. D’après elle, en effet, Ziad Takieddine aurait bien été “ en 1996 la cible de menaces ” : “ Une balle a été tirée dans le pare-brise de ma voiture, stationnée dans notre parking, raconte-t-elle. La veille, j’avais reçu un appel de quelqu’un qui camouflait sa voix. Il m’avait dit : “ Dis à ton mari d’arrêter tout cela, sinon il va se retrouver dans le coffre d’une voiture ”. J’étais affolée. Je lui ai dit qu’il fallait tout arrêter. Nous avions assez d’argent. Il m’a répondu : “ Ce n’est rien. C’est comme ça ”. Il a essayé de me rassurer. En vain. Il fallait faire attention aux écoutes, aux surveillances dans la rue… ” —“ Votre ex-mari a dit qu’il n’avait jamais transporté de valises d’argent pour qui que ce soit… ”, embraye le journal. —“ Je ne sais pas comment il peut dire ça, rétorque Nicola. Je constate qu’il a été arrêté à son retour de Libye, en mars dernier, avec une mallette contenant 1,5 million d’euros en espèces ”. Forcément, c’est fâcheux. D’autant que mars, c’était comme qui dirait hier… juste avant… la guerre.

Le président et le philosophe

Le hasard a de ces ironies, tout de même ! Figurez-vous qu’à l’heure où Nicola Johnson nous sort sa mallette libyenne, Bernard-Henri Lévy s’affiche à la une des journaux avec le récit de “ sa ” guerre en Libye. Intitulé “ La guerre sans l’aimer ” (Grasset), l’ouvrage a les honneurs de “ L’Express ” et, bien sûr, du “ Point ”, où BHL tient son “ Bloc-notes ” hebdomadaire. En introduction aux bonnes feuilles du livre, Christophe Barbier souligne dans “ L’Express ” l’échange de “ bons procédés ” entre le philosophe et le président : “ Le président, écrit-il, apporte au philosophe les moyens de son ultime ambition : accomplir le droit d’ingérence, c’est-à-dire l’arracher aux seules proférations humanistes, dépasser la jérémiade humanitaire, le témoignage pour la postérité, et l’inscrire enfin dans l’action armée, lui donner la victoire. Le philosophe permet au président d’embrasser une bonne cause, d’envahir le territoire du juste ; il lui donne aussi l’accès direct aux rebelles, par-dessus les diplomates, qu’il méprise, et Alain Juppé, dont il se méfie. Une fois de plus, Sarkozy est un hyperprésident, guidant en rênes courtes la cavale de son ambition ”. Un duo gagnant-gagnant.

BHL et Sarkozy : une amitié qui remonte à Neuilly

Pas facile de faire un papier sur BHL dans le journal qui le publie toutes les semaines… Chargé de la “ corvée ”, Saïd Mahrane s’en sort élégamment, notant d’entrée qu’ “ Au cours de ce périple long de 200 jours et de 640 pages, on croise des Libyens par milliers, des émissaires peu rassurants, des diplomates prisonniers de leur formation, une Hillary Clinton bien frileuse, un Alain Juppé tâtonnant… Et un étonnant président de la République nommé Nicolas Sarkozy, “ figure dominante de cette histoire ”.

Le journaliste le note : “ Le président de droite et le philosophe de gauche s’entendent comme deux copains de longue date. Et pour cause… (Il y a entre eux) “ Une très ancienne amitié qui date de sa toute première élection, à 27 ans, comme maire de Neuilly. J’étais électeur à Neuilly (se souvient BHL). Il m’avait invité à déjeuner. Et une relation est née là, oui, ponctuée de vrais moments de camaraderie ; de complicité intellectuelle (…) ; d’épisodes biographiques du genre que l’on n’oublie pas facilement — le mariage d’un frère ; ou ce matin funeste de novembre quand le sol se dérobe sous vos pieds, quand vous croyez que vous allez mourir aussi, et où l’on a commencé par vous répondre qu’il n’y a plus de place, même pas une petite tombe, dans l’ancien cimetière de Neuilly — grâce au ciel, il était là… ”, écrit l’auteur. Le temps de “ sauver un peuple ”, les deux hommes font donc fi de leur appartenance politique, se moquant du qu’en dira-t-on de gauche et de droite. (Sarkozy, taquin : “ Tu crois qu’elle aurait fait ce que j’ai fait, Mme Royal ? ”) ”.

BHL et les “ désirs pris pour des réalités ”

Et quelle conclusion “ Le Point ” tire-t-il de la lecture de “ La guerre sans l’aimer ” ? “ A la page 396, relève Saïd Mahrane, Bernard-Henri Lévy, lucide, peut-être clairvoyant, livre cette réflexion au sujet des Libyens, “ ces amis que je me suis choisis (…) héroïques, bien sûr ; éclairés, sans doute ; mais autant que je le voudrais ? N’ai-je pas, une fois n’est pas coutume, pris mes désirs pour des réalités ? ”

La question mérite d’être posée… Dans ses pages d’ouverture, “ L’Express ” note en effet, au détour d’une brève : “ Exécutions sommaires, tortures, détentions arbitraires, traque meurtrière d’immigrés subsahariens : de retour d’une mission à Tripoli, un diplomate français de haut rang dépeint l’ampleur des violations des droits humains perpétrées dans la Libye de l’après-Kadhafi. “ Il faut dire clairement les choses aux cadres du Conseil national de Transition, soutient-il. Leur répéter que c’est désormais à eux qu’incombe la responsabilité de protéger les citoyens de ce pays ”. Le CNT a-t-il l’autorité requise pour canaliser le zèle épurateur de multiples brigades d’insurgés ? “ La question se pose ”, concède l’émissaire ”.

Crise : 82 % des Français ont peur

Mais que pèse la Libye en cette période où “ la crise, comme le note “ Le Nouvel Obs ”, est partout. Pressante. Omniprésente ” ? “ La crise est là, poursuit le mag, et la France a peur ”. D’après un sondage Harris Interactive commandé par l’ “ Obs ”, “ 82 % des Français s’inquiètent (de la crise que connaît actuellement la zone euro). Cette angoisse est d’autant plus irrépressible qu’à mesure que l’Europe est secouée par de fortes turbulences, la perte de foi dans le rôle salvateur de la monnaie unique s’aggrave. Ce sont d’abord les classes populaires et les personnes les moins diplômées qui fustigent le rôle de l’euro (53 %). Un jugement plébiscité à l’extrême-droite : 73 % des supporters du Front national considèrent que l’euro “ amplifie les effets de la crise ”, 45 % des électeurs du Front de gauche partageant les mêmes avis. (…) Cette grande inquiétude collective se heurte toutefois à une absence d’alternative à la monnaie unique : seulement 20 % des personnes interrogées souhaitent sa disparition, les trois quarts des Français affichant au contraire leur attachement à l’euro, soit sous sa forme actuelle (44 %), soit pour le réserver à un nombre réduit d’Etats-membres ”. Un peu perdus, les Français, peut-être ? Vulnérables. Avisss à la population ! Certains candidats pourraient bien en profiter.

A lire encore…

… Et sur le même thème : le spécial crise du “ Nouvel Observateur ”, où, hélas, on ne trouve guère de solution. Pour prendre de la hauteur — ou du recul —, on se reportera au dossier “ Les grandes erreurs de l’Histoire qui ont façonné la France ” du “ Point ”.

Rayon brèves : Eric Besson aurait décidé d’ “ arrêter la politique ” (“ L’Express ”) ; Nicolas Sarkozy “ pense à 2017 ” dans l’éventualité où “ il perdrait ” (“ Le Point ”).

En vrac : “ Le très cher protecteur de Liliane Bettencourt ” sur l’avocat Pascal Wilhelm, “ le “ modèle ” social grec… à ne pas suivre ”, “ L’énigme Mariano Rajoy ” sur le leader de la droite espagnole qui devrait être le prochain chef du gouvernement, “ Mon entreprise à Fukushima ” (“ Le Point ”) ; “ Mougeotte ou l’art du verrouillage ”, “ Les HEC prennent le pouvoir ”, “ L’incroyable suicide de Papandreou ” et “ Syrie : dans les maquis de l’Armée libre ” (“ Obs ”) ; “ Il suffit de passer le Rhin… ” sur les flots de jeunes Espagnols, Grecs ou Italiens qui rejoignent l’Allemagne en quête d’un emploi ; “ Anne Sweeney, la major de Disney ” et “ Les croisés de l’antiblasphème ” sur les chrétiens intégristes de l’Institut Civitas (“ L’Express ”), à balancer avec “ Intégristes catholiques : la résurrection ” (“ VSD ”) et “ Les cathos de l’extrême ” (“ Inrocks ”). 

Dans l’hebdo rock, on conseille encore “ J’ai rejoint Vichy avec Rachida Dati ”, “ Le Foll sort de l’ombre des François ” et “ Curtis McCarthy : 19 ans dans les couloirs de la mort ”.

Côté dossiers : le “ palmarès des écoles de commerce 2012 ” de “ L’Express ”, le “ spécial immobilier Paris Ile de France ” (“ Obs ”) et surtout, histoire de se remonter, le “ spécial chocolat ” du “ Point ”. Tout est bon dans le cacao !

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