L’habit ferait-il finalement le moine ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
L’habit ferait-il finalement le moine ?
©

Atlantico chic

Hugo Jacomet, éditeur de Parisian Gentleman, revient sur les résultats d’une incroyable étude sur l’impact de l’habillement sur le processus cognitif, publiée dans le New York Times.

Hugo Jacomet

Hugo Jacomet

Fondateur et éditeur de "Parisian Gentleman", Hugo Jacomet est une plume reconnue dans le domaine du style masculin.

Voir la bio »

Gentlemen,

Le New York Times a récemment publié les résultats d’une incroyable étude sur l’impact de l’habillement sur le processus cognitif ; tout à fait stupéfiant et inspirant.

Les voici.

 New York Times – 2 avril 2012 par Sandra Blakeslee

Si vous portez une blouse blanche que vous pensez appartenir à un médecin, votre capacité à vous concentrer augmentera sensiblement. Mais si vous portez la même blouse blanche en pensant qu’elle appartient à un peintre, vous ne présenterez aucune amélioration.

C’est en tout cas ce que des scientifiques prétendent après étude d’un phénomène qu’ils appellent « Enclothed Cognition » , ou les effets de l’habillement sur le processus cognitif.

"Il ne suffit pas de voir une blouse de médecin accrochée dans l’entrée", dit  Adam D. Galinsky, professeur à la Kellogg School of Management de l’université de Northwestern (USA) qui a mené l‘étude. "Les effets ne se font ressentir que si la blouse est portée, et que le sujet en connaît la valeur symbolique ; les médecins sont connus pour avoir tendance à être précautionneux, rigoureux, et attentifs."

Ces découvertes, publiées dans le "Journal of Experimental Social Psychology" constituent une nouvelle étape dans le champ scientifique en pleine croissance de la cognition incarnée. "Nous ne pensons pas qu’avec notre cerveau, mais aussi avec notre corps", dit le Dr. Galinsky, "Nos processus de réflexions sont basés sur des expériences physiques qui mettent en mouvement les concepts abstraits associés. Il semblerait que ces expériences comprennent les habits que l’on porte."

"J’aime l’idée de tenter de découvrir pourquoi, lorsque l’on porte certains habits, il se peut que nous soyons plus à même d’endosser un rôle ou l’autre, et dans quelle mesure cela peut affecter nos capacités fondamentales", dit Joshua I. Davis, professeur-assistant de psychologie au Barnard College, et expert de la cognition incarnée, n’ayant pas pris part à l’étude. "Cette étude n’explique pas complètement comment le phénomène se produit", dit-il "Mais elle suggère qu’il serait intéressant d’explorer diverse pistes."

"Il y a un important champ de recherches sur la cognition incarnée", dit le Dr. Galinsky. "Le fait de se laver les mains est associé à une forme de pureté morale et de jugement éthique. Les gens vous considèrent personnellement plus chaleureux si vous avez une boisson chaude dans les mains, et inversement plus froid si vous tenez une boisson fraîche. De même si vous portez un gros calepin ou un « clipboard » vous vous sentirez plus important."

Il n’est pas un secret que "l’habit affecte la perception des gens sur notre personne, ainsi que notre propre perception sur nous-même", dit le Dr. Galinsky."D’autres expériences ont montré qu’une femme s’habillant de manière plus masculine durant un entretien d’embauche avait plus de chance d’être embauchée, et qu’un professeur portant des habits formels était perçu comme plus intelligent que s’il portait des vêtements plus décontractés".

Mais la vraie question, d’après les chercheurs, est de déterminer si les vêtements que l’on porte affectent notre processus psychologique. Est-ce que notre tenue altère notre approche et nos interactions avec le monde qui nous entoure ? Pour tenter de le savoir, Dr. Galinsky et son collègue Hajo Adam ont mené trois expériences dans lesquelles ce n’étaient pas les vêtements qui changeaient, mais la symbolique associée qui était manipulée.

Dans la première, 58 étudiants ont reçu de manière aléatoire soit une une blouse de laboratoire, soit des vêtements civils. Il leur a ensuite été demandé de passer un test d’attention sélective basé sur l’aptitude à détecter des incongruités, comme quand le mot "Rouge" apparaissait écrit en vert. Ceux portant les blouses ont fait environ moitié moins d’erreur que que ceux portant des habits de tous les jours.

Dans la deuxième expérience, 74 étudiants ont été assignés aléatoirement à l’une des trois options suivantes : Porter une blouse de médecin, porter une blouse de peintre, ou simplement voir une blouse de médecin. Ils ont ensuite passé un teste d’attention soutenue. Il leur a été demandé d’observer deux images quasiment similaire côte-à-côte sur un écran, et de repérer quatre différences mineures, puis de les noter sur papier le plus vite possible.

Les étudiants portant la blouse de médecin, pourtant identique à la blouse de peintre, ont trouvé plus de différences. Ils avaient acquis une capacité d’observation supérieure. Ceux portant la blouse de peintre ou ceux qui n’avaient fait que voir la blouse de médecin ont trouvés moins de différences entre les images.

La troisième expérience explorait l’effet d’amorçage plus en détail. Le fait de simplement voir un objet physique, comme la blouse, affecte-t-il le comportement ? Dans cette expérience, les étudiants portaient soit une blouse de médecin, soit une blouse de peintre, ou n’ont fait que fixer une blouse de laboratoire étendue sur un bureau en face d’eux pendant une période de temps conséquente. Les trois groupes ont ensuite écrit un essai à propos de ce qu’ils pensaient des blouses, avant de passer un test d’attention soutenue.

Encore une fois, le groupe portant la blouse de docteur à fait preuve de la plus grande amélioration de leur capacité d’observation. "Il faut porter la blouse, la voir sur son corps, et la sentir sur soi pour qu’il y ait une influence sur le processus psychologique", déclare le Dr. Galinsky.

"Les vêtements envahissent le corps et le cerveau, mettant le porteur dans un état psychologique différent", dit-il. Il décrit sa propre expérience datant d'Halloween dernier (ou peut être devons-nous dire la Journée Nationale de la Cognition Incarnée). Il avait décidé de se déguiser en gangster, avec un fedora, un long manteau, et une cane. "Quand je suis entré dans la pièce, c’était de manière fluide et sans effort ",dit-il. "J’ai ressenti ma présence de manière très différente."

"Mais que se passe-t-il", dit-il, pensif, "si vous vous habillez comme un bandit tous les jours ? Ou avec une soutane de prêtre ? Ou avec un uniforme de policier ? Vous-y habituez-vous au point ou les changements cognitifs n’arrivent plus ? L’effet s’estompe t-il ? "

"D’autres études sont nécessaires", dit-il.

Passionnant non ?

Cheers, HUGO

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !